Le premier groupe industriel réunionnais vendu à la découpe

La direction du capital réunionnais se délocalise, pourquoi un tel silence du MEDEF ?

14 février 2011

Si volubile sur le dossier de la vente d’Édena, le MEDEF est pourtant étrangement silencieux sur la prise de contrôle extérieure de pans entiers du patrimoine économique, industriel et intellectuel. Dernier exemple en date : le pôle spiritueux du Groupe Quartier Français cédé au numéro deux français du secteur.

Le 2 février, le MEDEF a cru bien faire d’attaquer la Mairie du Port dans un communiqué exigeant de son maire Jean-Yves Langenier un peu plus de « réalisme » dans le dossier de la vente de l’usine d’Edena.
Cette affaire a permis de faire le lien avec un cataclysme économique qui avait touché le pays l’an dernier : la vente du Groupe Quartier Français, propriétaire de l’industrie sucrière à Téréos. En effet, désormais chaque Réunionnais peut constater comment le capitalisme financier a posé le grappin sur le patrimoine capitalistique, industriel et intellectuel de toute l’industrie sucrière et ses dérivés. Et cela d’autant plus que la semaine dernière était annoncée la vente par Téréos à la Martiniquaise du pôle spiritueux du Groupe Quartier Français.
Des sommes faramineuses sont lancées en public sans que personne ne sache réellement la vérité. Si de telles actions étaient vertueuses et ne souffraient pas de honte, pourquoi cacher l’information ?

Groupe Quartier Français vendu à la découpe

Nous sommes bien au cœur d’un système de charognards : en 2009, au moment de sa prise de contrôle par Téréos, le groupe Quartier Français, détenu par Société sucrière Quartier Français, n’était pas en difficulté et n’était pas à vendre.
M. Bourdillon, du groupe Marbour, un des anciens actionnaires de Société sucrière Quartier Français, expliquait dans la presse qu’il avait vu là une « opportunité ». En clair, il a vendu ses parts à Téréos, une coopérative de betteraves française. Par opportunisme financier, il a permis à Téréos de s’emparer d’un pan entier de notre économie et déstabiliser toute une filière où 5.000 acteurs-planteurs ne savent plus à quelles sauces ils vont être mangés.
La semaine dernière nous a appris également que Xavier Thieblin, qui présidait les destinées de Quartier Français et de la canne avant le rachat par Téréos, a bien essayé de sauver la branche spiritueux qu’il a développée depuis des dizaines d’années. En vain. Voilà les résultats d’une décision où les intérêts personnels et immédiats passent avant tout ; il n’a que faire des conséquences en chaînes. Ce n’est pas Jean-François Moser qui vient d’être débarqué comme un kleenex de son poste de Président directeur général qui dira le contraire.

Des communistes défendent le patrimoine économique

Et ce n’est pas fini. Rien ne vaut l’expérience. C’est maintenant le Groupe Quartier Français qui est vendu à la découpe. Son pôle spiritueux vient de basculer dans l’escarcelle du numéro 2 français du secteur. Si prompt à donner des leçons à la Mairie du Port, dans ce dossier, autrement plus sensible que la vente d’Edena, le MEDEF est devenu tout d’un coup totalement aphone !
L’Histoire retiendra que ce sont des communistes, un maire communiste, qui défendent le patrimoine économique, industriel et intellectuel réunionnais. Que dirions-nous si, demain, M. Bourdillon trouve un acquéreur qui lui propose une bonne rémunération pour devenir propriétaire du Maloya et de nos Pitons, Cirques et Remparts, des patrimoines réunionnais inscrits à l’UNESCO ?
Dans un monde où l’argent corrompt les consciences, tout est possible ! Comptez sur le MEDEF pour choisir son camp.

J.B.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus