Confirmation de la diminution de la fréquentation des hôtels

La faillite de la politique touristique de la Région

8 janvier 2013, par Manuel Marchal

Deux ans après que le tourisme ait été déclaré priorité de la Région, ce secteur récolte les fruits de la stratégie de Didier Robert et de son comité d’experts autoproclamés : en octobre 2012, la fréquentation des hôtels est inférieure à octobre 2010. Les socialistes qui ont choisi de faire élire un président UMP à la Région portent une lourde responsabilité dans ce fiasco.

Didier Robert et Jacqueline Farreyrol entourés d’experts du tourisme : deux ans après l’arrivée de l’UMP à la Région, la réalité vient faire éclater toutes les opérations de com’.
(photo d’archives Imaz Press Réunion)

Quand les socialistes décident de faire élire Didier Robert à la présidence de la Région, celui-ci affirme que le tourisme sera la priorité. La communication part sur les chapeaux de roues. Didier Robert décide de prendre lui-même en main la délégation du tourisme et il décrète 2010 "Année du tourisme". Il s’entoure d’un Pôle d’experts chargés de définir avec lui une stratégie et n’ayant de compte à rendre qu’au président de la Région. Il n’avait échappé à personne qu’Air Austral avait été exclue de ce comité au profit d’un représentant d’Air Mauritius.

Pendant ce temps, l’Ile de La Réunion Tourisme placée sous la présidence de Jacqueline Farreyrol se faisait remarquer avant tout par son train de vie. Chacun a encore en mémoire le scandale des loyers payés par l’IRT au propriétaire de son siège à Saint-Paul, sans oublier l’explosion des effectifs et le gonflement de la subvention allouée par la Région à cette structure. Entre les opérations bat’karé en Australie, à la ronde des Régions, la participation à la promotion d’Air Mauritius ou la prise de contrôle d’Air Austral, on allait voir ce que l’on allait voir. Une des premières mesures allait d’ailleurs être de subventionner beaucoup plus les hôteliers (voir encadré) .

Au bout de deux ans, il est possible d’avoir le recul nécessaire vis-à-vis de cette stratégie. Tout d’abord, force est de constater que les milliers d’emplois qui allaient être créés ne sont pas au rendez-vous.

Et si l’offre d’hébergement a augmenté, le nombre de touristes accueillis dans les hôtels a diminué. L’INSEE indique une tendance structurelle qui s’aggrave. Pour la première fois, en octobre 2012, le nombre de touristes hébergés en hôtel est repassé en dessous de la fréquentation de 2010. Il n’y a pourtant pas de chikungunya.

Autrement dit, sous l’ancienne mandature, avec moins d’argent public dépensé, les résultats étaient meilleurs pour ce secteur de l’économie.

Voilà de quoi faire réfléchir tous ceux qui croient encore aux promesses sur une nouvelle route du littoral…

M.M.

Jusqu’à 1,5 million d’euros de subvention par hôtel

Le 15 juin 2010, la Région décidait d’augmenter considérablement les subventions aux hôtels. Extraits du compte-rendu de la Commission permanente de ce jour-là :

« Le tourisme, première source d’exportation de la destination Réunion, représente un enjeu économique majeur, avec un fort potentiel de développement, de richesse et d’emplois pour l’île. Comme il s’y était engagé, le Président Didier Robert a soumis aux élus de la Commission le principe d’une véritable politique de soutien à la filière touristique et en particulier lors de cette séance : le déplafonnement des aides pour les structures d’hébergement.
Au regard de la situation d’urgence qui prévaut dans ce secteur, la Commission permanente a voté en faveur de nouvelles aides régionales dans le secteur de l’hôtellerie et des loisirs touristiques ; le niveau et le plafond des aides sont ainsi revus à la hausse : le plafond de subvention octroyé aux hôtels classés est ainsi porté de 760.000 euros à 1,5 million d’euros, portant ainsi la base éligible des dépenses à 3 millions d’euros ».
Le communiqué de l’INSEE

« La fréquentation chute de 11% en octobre  »

« En octobre 2012, la fréquentation des hôtels classés réunionnais, avec 78.700 nuitées, chute de 11% par rapport à octobre 2011. Elle est même en deçà de la fréquentation d’octobre 2010 (5%). Cette baisse est significative, car si la fréquentation mensuelle est parfois descendue cette année à un niveau inférieur à 2011, elle s’était jusque-là maintenue au-dessus de la fréquentation de 2010.

Malgré une légère hausse de 1% de l’offre de chambres, le taux d’occupation recule fortement de neuf points par rapport à octobre 2011, pour atteindre 74%. Il recule également de trois points par rapport à octobre 2010.

D’août à octobre 2012, la fréquentation hôtelière est en net retrait par rapport au même trimestre de 2011 (6,5%). Cette baisse touche cette fois-ci l’ensemble des catégories d’hôtels, et encore principalement les hôtels de catégorie supérieure (13%).

Le taux d’occupation sur le trimestre recule de six points par rapport à 2011, impactant toutes les catégories d’hôtels à différents niveaux. Les hôtels de quatre ou cinq étoiles sont les plus touchés (10 points), alors que les hôtels trois étoiles sont un peu plus épargnés (5 points).

Toujours sur le trimestre, la fréquentation baisse fortement sur tout le territoire et plus particulièrement dans le Sud (10%) et dans l’Ouest (5%).

Le taux d’occupation sur le trimestre diminue aussi fortement sur l’ensemble du territoire. Ce recul est plus important dans l’Ouest (7 points contre 5 points ailleurs), car ce territoire a connu en parallèle la plus forte augmentation de l’offre de chambre sur un an ».

L’INSEE confirme une tendance à la baisse depuis le début de l’année 2012.

Soutenue par la Région, l’offre de chambres a augmenté, mais le nombre de touristes diminue.

Didier Robert

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