La fin des quotas d’importations Un lourd handicap pour La Réunion

24 novembre 2006

Demain, le prix du riz augmenterait considérablement dans l’assiette des Réunionnais...

L’ancien régime de protection : le marché européen a été conçu en 1993 afin de protéger de la concurrence extérieure ses producteurs et transformateurs de matières premières mais aussi ceux d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, pays en voie de développement (dits pays ACP), dont La Réunion fait partie, avec lesquels l’UE a des accords de coopération. Il s’agissait de les protéger principalement de la concurrence notamment sud-américaine. L’ancienne organisation était régie par un système de contingents et de tarifs douaniers. Le précédant régime prévoyait toutefois, pour les pays ACP, un quota d’importation en tonnage sans droits de douanes. Mais en réalité, ces quotas correspondaient à leur production. Pour se protéger, le système avait instauré un tarif douanier pour un quota à la tonne.

Pourquoi un nouveau système

L’UE devait se mettre en conformité avec l’OMC, qui l’exigeait, suite aux plaintes répétitives des pays producteurs, particulièrement sud-américains. Ces derniers, en effet, accusaient l’Union de pratiquer un régime protectionniste à l’égard de ses producteurs, et préférentiel envers les importations des pays ACP. L’UE s’était donc engagée à se mettre en conformité au plus tard le 1er janvier 2006. Ce qui est fait.

Protection réduite pour les producteurs de l’UE
Depuis le 1er janvier 2006, le nouveau régime supprime les quotas qui ont été remplacés par un régime tarifaire unique à la tonne. Ce montant a donné lieu à d’intenses négociations au sein de l’OMC mais également au sein même de l’UE. La Commission européenne avait initialement fait une proposition dont le montant fut rejeté par l’OMC à la demande des Sud-américains. L’UE s’est alors heurtée à une opposition cette fois interne, notamment celle des pays de l’Est. Il faut en effet savoir que les 10 nouveaux pays ayant adhéré à l’UE sont de gros consommateurs de produits sud-américains, qu’ils importaient librement avant leur entrée dans l’Union.

Dans ces conditions, qui va nourrir demain l’Inde et la Chine, aux portes de notre île ?
1) Le Brésil 

veut être la ferme du monde avec 340 millions d’hectares, soit autant qu’aux USA, et 2 fois plus que dans l’Union européenne à 25, soit presque 3 fois plus qu’en Chine. C’est un géant de tout. Du coton, du soja, du riz, du sucre, du café, des oranges, du poulet et des bovins. C’est le numéro 1 du poulet où le 2ème exportateur brésilien est la société française Doux, connue pour la marque « Père Dodu », produisant en délocalisation au Sud, à Rio Grande, avec 5 usines d’aliments, 4 abattoirs, 8.000 employés et un réseau de 3.500 éleveurs. Un seul Etat des 27 Etats fédérés brésiliens, le Mato Grosso, détient 5,4 millions d’hectares de soja, soit la superficie autorisée pour toute l’Europe par l’accord de l’Uruguay round de 92. Le Brésil était déjà le premier exportateur mondial de café, de sucre, d’éthanol et de jus d’orange concentré. Depuis peu, il est le premier exportateur mondial de viande bovine devant l’Australie, de soja et de volaille devant les Etats-Unis.


2) Mais La Réunion et la France, 

malgré nos 29 millions d’hectares seulement, sont aussi un géant de la qualité agricole. 
Dans les 20 dernières années, nos paysans ont fait la plus grande révolution de la compétitivité agraire de l’histoire de l’humanité agricole depuis le néolithique. 
La France a été capable d’exporter blés, vins, viandes, produits laitiers, fruits sur l’Afrique, le Moyen-Orient, les USA, l’Asie. Sans parler de l’Europe. La France, géant agricole, est entravée de mille chaînes : fiscales, foncières, bureaucratiques, sociales et européennes l’empêchant d’être à égalité de concurrence sur le marché mondial. 
Notre agriculture et nos paysans ont été livrés au GATT et à l’OMC, pour en faire une monnaie d’échange. Ils ont abandonné nos agricultures exportatrices à l’hémisphère Sud et au Brésil, en échange de parts de marchés pour les assurances, la téléphonie, la banque ou la distribution au profit des multinationales finlandaises, suédoises ou anglo-saxonnes. 
L’Europe aurait pu et du imposer le registre multilatéral des indications géographiques et la répartition planétaire équitable des sacrifices, compte tenu de nos spécificités sociales, géographiques, structurelles, démographiques et insulaires. La grande bataille que les producteurs, transformateurs de matières premières brutes, distributeurs et consommateurs réunionnais devront mener dans les mois à venir est celle des quotas d’importation, particulièrement pour ce qui concerne le riz cargo destiné à être raffiné, transformé, empaqueté par de la main-d’œuvre locale.

Ne laissons pas Bruxelles nous amener à l’abattoir de la mondialisation et appuyons-nous sur nos 3 députés européens pour défendre le prix du riz fini dans l’assiette des Réunionnais !

Le Président de l’ORGECO,
Noor-Olivier Bassand


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