Menaces sur la pêche en haute mer

La légine bientôt protégée

16 mars 2005

Un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) constate une surexploitation des ressources halieutiques et d’espèces de poissons protégées dont certaines sont en danger. Une évolution qui conduira à renforcer le développement de la pêche dans notre zone et qui pourrait conduire à faire de la légine une espèce protégée, dès 2007.

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À la fin de la semaine dernière, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a rendu public son rapport biennal sur l’évaluation des stocks halieutiques et la situation de la pêche. Ce texte, qui constitue une référence mondiale en la matière, est extrêmement pessimiste. Il confirme une surexploitation des ressources halieutiques et des espèces protégées. Il précise que le volume de poissons capturés ne cesse de dinimuer : 81 millions de tonnes en 2003, soit un niveau équivalent à celui de 1998 mais bien inférieur à celui de 2000 (87 millions de tonnes).

Un potentiel en baisse

Le rapport souligne que les possibilités d’expansion sont de plus en plus limitées et que, "malgré des différences locales, le potentiel mondial des pêches de capture marines a été pleinement exploité, de sorte que des plans plus rigoureux s’imposent pour reconstituer les stocks épuisés et empêcher le déclin de ceux qui sont exploités au maximum, ou presque au maximum, de leur potentiel".
Sur ce constat général, la FAO note que la situation est variable géographiquement. Sur les seize zones de pêche définies par l’organisation internationale, dans douze "le potentiel maximal des pêches a été atteint et une gestion plus prudente et plus restrictive s’impose". C’est notamment le cas pour l’Atlantique ou la Méditerranée. La tendance est déjà d’aller pêcher dans les zones considérées comme encore exploitables. Celle-ci va s’accentuer. L’océan Indien est donc devenu un lieu de pêche privilégié et, du fait de l’intégration de La Réunion à l’Europe, sa zone maritime est considérée comme étant communautaire. Elle est ouverte aux pêcheurs venant du continent.
La FAO souligne l’impact que pourraient avoir les changements climatiques. D’ores et déjà, en fonction des modifications de température, certaines espèces ont migré. L’organisation internationale craint cependant des conséquences sur le stock même de poissons. "Les effets du climat sur les pêches sont exacerbés, tant les populations piscicoles que les activités qui en dépendent deviennent alors plus vulnérables à la dynamique naturelle de l’environnement", écrit l’organisme de l’ONU.
Autre conséquence : des espèces sont surexploitées. Sur les dix poissons les plus pêchés, sept sont considérés comme pleinement exploités ou surexploités : anchois du Pérou, chinchard du Chili, lieu de l’Alaska, anchois du Japon, merlan bleu, capelan, hareng de l’Atlantique.
La FAO tire aussi la sonnette d’alarme quant aux poissons des grands fonds, dont l’exploitation s’est sensiblement accrue. C’est notamment le cas pour la légine sous ses deux variantes connues, l’Antarctique apparaissant comme plus menacée que l’Arctique. La FAO reprend à son compte l’idée défendue en juillet 2003 par le Congrès mondial pour les parcs (WPC), qui s’est tenu à Durban en juillet 2003 et qui recommandait la mise en place, d’ici à 2012, d’un réseau mondial d’aires marines protégées, restreignant ou interdisant localement la pêche et les activités agressives pour l’environnement.

Des poissons en danger

Le cas des espèces de poissons en danger et à protéger a été l’un des points examinés lors de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) qui s’est réunie du 10 au 14 octobre dernier à Bangkok. La Convention a complété sa liste d’espèces à protéger. C’est ainsi que le napoléon, poisson pêché dans l’océan Indien a été placé sous protection. Elle a indiqué que lors de sa prochaine conférence qui se tiendra aux Pays-Bas en 2007, les poissons des grandes profondeurs, telle la légine, pourraient intégrer ses listes, de même que des poissons de grande consommation, comme le thon rouge (voir “Témoignages” du 18 octobre 2004).
Après le Chili, La Réunion est le deuxième producteur “légal” de légine. La pêche à la légine constitue l’essentiel de la pêche au large pratiquée dans l’île. Pour la campagne 2004-2005 de pêche à la légine dont les règles sont fixées par l’arrêté de l’administrateur supérieur du 1er septembre 2004, le total admissible de capture (TAC) de légines de 6.050 tonnes sur les zones de Kerguelen et de Crozet a été réparti de la manière suivante : Sapmer (1.680 tonnes) ; Cap Bourbon (1.040 tonnes) ; Comata (1.000 tonnes) ; Armements réunionnais (870 tonnes) ; Armas (800 tonnes) et Pêche-Avenir (660 tonnes). Ce TAC est équivalent à celui de la saison 2003-2004, lequel était en baisse par rapport à 2002-2003 (moins de 350 tonnes) et 2001-2002 (moins de 450 tonnes).


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