Menace sur la pêche au large réunionnaise

La légine : espèce protégée ?

27 octobre 2004

La prochaine réunion de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) qui se tiendra en 2007 au Pays-Bas pourrait décider de faire de la légine, une espèce océanique protégée. Une décision qui aurait de lourdes conséquences pour la pêche au large réunionnaise qui tire sa principale ressource de la capture réglementée de ce poisson.

Les affaires de légine interpellent régulièrement les Réunionnais sous différents aspects. La pêche de ce poisson des mers australes très recherchée étant réglementée, la chasse aux pêcheurs clandestins nourrit la rubrique des faits divers et la chronique judiciaire. La fixation à période régulière par le ministère de l’Outre-mer des quantités de poisson à pêcher entre armateurs réunionnais est attendue. Les magouilles d’un Jean-Paul Virapoullé pour imposer un de ses fils au rang d’un des bénéficiaires de quotas a défrayé l’actualité politique. On dit que le sénateur-maire de Saint-André marque un soutien très appuyé au gouvernement alors que s’annonce la période où la rue Oudinot doit faire connaître ses décisions. Vendredi dernier, la compagnie de pêche dirigée par le fils du sénateur-maire réceptionnait le nouveau palengrier le “Argos Helena” qui doit lui permettre de récolter les 680 tonnes de légine qui lui sont attribuées.
Mais toutes les perspectives d’avenir de cette pêche risque d’être rapidement ruinées.

Prochaine conférence en 2007

Depuis 1975, une centaine de pays se réunissent régulièrement à l’initiative de l’ONU dans le cadre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Celle-ci est censée protéger quelque 30.000 animaux et plantes.
La dernière convention, la treizième du nom, s’est réunie du 10 au 14 octobre dernier à Bangkok.
Les conclusions des travaux ont été jugées hautement positives : "cette conférence a été l’une des meilleures de la CITES", a déclaré Willem Wijnstekers, son secrétaire général. Jusqu’ici les grands mammifères constituaient le lot des espèces protégées. Celui-ci a été élargi à des plantes et à des poissons. C’est ainsi que le napoléon, poisson pêché dans l’océan Indien a été placé sous protection. La Communauté internationale, dit-on, a trouvé à Bangkok, son instrument de protection des plantes et de la vie marine.
"Le nombre d’espèces océaniques menacées d’extinction ne cessant de croître. Lors de la prochaine conférence de la CITES, qui se tiendra aux Pays-Bas en 2007, les poissons des grandes profondeurs, telle la légine, pourraient intégrer ses listes, de même que des poissons de grande consommation, comme le thon rouge", écrit “le Monde” du 15 octobre.

Importants investissements

Si la légine devenait une espèce protégée cela serait une grande catastrophe pour La Réunion.
La pêche à la légine constitue l’essentiel de la pêche au large pratiquée à La Réunion. Celle-ci est pratiquée par une flotte de “palangriers long liner” appartenant à cinq armements réunionnais (SAPMER, Cap Bourbon, Armements Réunionnais, Armement des Mascareignes, Pêche Avenir) et une compagnie métropolitaine. La pêche au large, comme la pêche artisanale mais dans de plus importantes proportions, bénéficient d’un large soutien public : aides du Conseil général pour l’investissement (plan de modernisation de la flottille), l’équipement (dispositifs de concentration des poissons) et le fonctionnement (caisses intempéries ou chômage...). La dernière version du Plan de Développement Régional (le PDR 3) comporte un volet pêche permettant notamment l’utilisation de fonds européens versés par le biais de l’IFOP (Instrument financier d’orientation de la pêche). Par ailleurs, les armateurs ont effectué d’importants investissements.
Dans un peu moins de 3 ans, tous ces efforts pourraient être remis en cause. Tout dépendra en effet de ce que décidera la prochaine CITES pour la légine.

J.M.


6.050 tonnes pêchées

L’Administration supérieure des TAAF - qui dépend du ministère de l’Outre-mer - a fixé le 29 août 2003 à 6.050 tonnes le total admissible de capture (TAC) pour la saison 2003/2004. Un TAC en baisse par rapport à 2002/2003 (moins 350 tonnes) et 2001/2002 (moins 450 tonnes)
Une première répartition a eu lieu en 2003 : 80% du total ont été répartis entre les 6 armateurs. Le reste a fait l’objet, en mars de cette année, d’une ultime distribution.
Au final, la SAPMER est autorisée à pêcher 1.642 tonnes (contre 1.690 pour la saison précédente), les Armements des Mascareignes 800 tonnes (contre 840) ; Pêche Avenir 698 (contre 760), la COMATA 1.040 (contre 1.140) Cap Bourbon 1.040 (au lieu de 1.400) et Armements Réunionnais 800 tonnes (au lieu de 840).


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