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La note japonaise abaissée

Une nouvelle superpuissance économique visée par une agence de notation

vendredi 26 août 2011, par Céline Tabou


L’agence Moody’s a dégradé la note du Japon à « Aa3 », ciblant la dette à long terme du pays en raison du lourd endettement nippon. En effet, la dette publique du Japon atteint 210% du PIB, il s’agit là d’un record mondial. Cependant, si la dette était calculée selon les critères de Maastricht, elle serait de 165%.


La dégradation de la note est due, selon Moody’s, aux « importants déficits budgétaires et l’accumulation de la dette publique japonaise depuis la récession mondiale de 2009. Plusieurs facteurs font qu’il est difficile pour le Japon de réduire la proportion de l’endettement vis-à-vis du PIB, d’où l’abaissement de sa note ». En plus d’avoir abaissé la note du pays, l’agence de notation Moody’s a réduit les notes à long terme de plusieurs établissements bancaires nippons, plombant l’ambiance dans le secteur financier, entraînant la rechute de la Bourse de Tokyo de plus de 1% mercredi. Dans sa suite, Standard & Poor’s et l’agence Fitch ont attribué au pays la notation AA-, ce qui représente trois niveaux sous leur cote la plus élevée, AAA.

Le Japon pas si inquiété

Évelyne Dourille-Feer, économiste au CEPII (Centre d’Études Prospectives et d’Informations Internationales), a expliqué au “Monde” que « la dette japonaise est grande, mais elle est soutenable ». En effet, les taux d’intérêt sont faibles, inférieurs à 1%, et l’État possède des actifs financiers lui rapportant des taux d’intérêt bien plus élevés que ceux de la dette.

L’économiste rappelle que la dette japonaise est particulière parce qu’elle est possédée à 95% par des ménages japonais. Au Japon, « le système financier emprisonne en quelque sorte l’épargne des familles, qui ont peu de choix de placement. Ces économies sont le plus souvent placées sur des livrets d’épargne postale, dont une partie est dédiée au financement des bons du Trésor ». La confiance des ménages au gouvernement « fait qu’il ne fera pas faillite ». De son côté, le gouvernement a les possibilités de financer sa dette, évitant la spéculation et la prise de risque.

L’instabilité politique : facteur de la dégradation

L’agence Moody’s a expliqué que « les changements fréquents de dirigeants au cours de ces cinq dernières années auraient empêché le gouvernement de mettre en place des réformes économiques et fiscales efficaces et à long terme ». De plus, la catastrophe de Fukushima a amplifié la situation : « Le désastre a retardé la reprise après la récession mondiale de 2009 et aggravé la déflation ».

« Les perspectives de croissance économique sont faibles, ce qui rend difficile pour le gouvernement d’atteindre les objectifs de réduction du déficit et de lancer une vaste réforme du système fiscal et des prestations sociales », a précisé l’agence. De plus, le Japon s’apprête à nommer, la semaine prochaine, son sixième Premier ministre en cinq ans. L’actuel Premier ministre, Naoto Kan, avait annoncé son départ après les vives critiques contre le gouvernement et son manque de réactivité vis-à-vis de la catastrophe de Fukushima.

Céline Tabou


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