La pêche à La Réunion - 5 -

19 mai 2008

Les récents événements concernant la filière pêche suscitent débat. Le Collectif - Réflexions et Actions pour la défense de la pêche réunionnaise - nous livre ici le dernier volet de cette situation préoccupante.

A qui dire que notre profession est très encadrée et que le silence des services de l’État nous pèse et n’en finit pas de nous surprendre ! Peut-être qu’ayant à répondre aux enquêteurs, ils se la jouent discrets, le nez dans leurs cahiers, à attendre que l’orage passe.

A qui dire, donc, le courage de ceux qui se terrent dans leurs bureaux dionysiens compulsant les “courriers” qu’ils sollicitent de ceux qui viennent expliquer un problème ou une “anomalie”... le terrain n’est pas leur truc et le traitement des dossiers en souffre : touché par le syndrome de Furiani (la maladie du parapluie ouvert), il leur est difficile d’utiliser d’autres mots que “formalisme”, “dossier”, “rigueur”. Les seuls moyens restent donc militaires et fiscaux... logique, car pour eux, c’est l’assurance d’un sans faute.

Concernant les navires réunionnais construits en Chine, à qui devons-nous dire que les promoteurs réunionnais ont imposé le choix de produits français sur les navires (moteurs Baudouin, pompes Alfa Laval...) et participé, aux côtés de la CCIR, à la structuration du service après-vente à La Réunion avec des entreprises réunionnaises...

On n’a pas dit le travail d’études et l’inter-réaction avec la société de certification, les services de l’État et les experts réunionnais afin de créer le meilleur outil possible adapté aux conditions de mer dans la zone et capable de débarquer des produits de meilleure qualité permettant d’attaquer de nouveaux marchés. Ce travail, ce sont les pêcheurs réunionnais eux-mêmes qui en sont les artisans, et personne d’autres.

Pourquoi ne pas dire la qualité des liens qui se créent ainsi avec un pays comme la Chine dont la diaspora est fortement présente dans l’océan Indien et à La Réunion, ce qui est un des éléments incontournables et un espoir pour notre futur économique. La Chine est aussi un marché rémunérateur !

Comment pouvons-nous dire que nous sommes inquiets non de ce que nous avons à créer et bâtir, mais du soutien de l’Etat sur la formation, les licences de pêche, la coopération régionale et sur les accès à la ressource dans l’avenir (quotas).

Comment expliquer la disparité de fonctionnement des communautés scientifiques selon les pays, comme si chez nous, l’inquiétude amenait des budgets copieux et que le soutien au développement les supprimait. Dans beaucoup de pays, il y a une vraie communauté d’avenir s’intéressant à la sélectivité des engins, le développement durable, le traitement des déchets... ici, on bricole loin des quais, avec des stagiaires, des thésards ou des techniciens passant pour des chercheurs et essayant de se faire connaître, à tous prix, à l’international, dans des colloques de toutes natures. Il faut publier. Quand l’air du temps est au principe de précaution et aux bons sentiments écologistes, on y va ! Le mercure aujourd’hui, autre chose demain. Ainsi, un pan entier de notre capacité de développement est fragilisé du fait de la difficile synergie des professionnels avec des scientifiques dont les compétences et les objectifs ne sont plus lisibles. Dommage pour ceux qui veulent vraiment avancer !

Le non dialogue (ou le dialogue biaisé), les aspects policiers, l’utilisation de la dénonciation, de la calomnie et les mesures de rétorsion utilisées à l’encontre des acteurs de la filière imposent l’anonymat aux auteurs du présent pamphlet qui appartiennent à différents secteurs de la profession.
Sans dramatiser plus que nécessaire, il nous semble clair que l’inacceptable est proche d’être atteint et que ne voyant pas comment recréer de la confiance avec les services de l’État et mettre tout le monde au travail de façon confiante, productive et durable, il nous est imposé d’utiliser l’artifice du pamphlet qui est, à ce stade, une réponse proportionnée et encore légère aux dérives passées et en cours.

Pour conclure, on peut dire que l’on voit se dessiner les contours précis d’une sphère d’influence composée de ceux qui s’offusquent de voir des marins pêcheurs s’organiser, avoir leurs propres réflexions, leurs propres choix et commencer à former un groupe dynamique devant leur propre porte. Les enquêtes préalables qui n’en finissent pas, une certaine presse complice, une banque qui se dit la banque des pêcheurs (certainement celle des gros pêcheurs et des importateurs qu’elle favorise au détriment des nouvelles installations), tétanisée par l’ambiance, ont quasiment mis à terre 5 ans de travail. L’histoire se répète et le vieux comptoir colonial à toujours les mêmes serviteurs, et comme tous les systèmes endogames... la même crainte des nouveaux arrivants.

Fin

Collectif : réflexions et actions pour la défense de la pêche réunionnaise

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