Conférence internationale sur la politique européenne maritime

La pêche : ’un potentiel de développement raisonné’

29 juin 2006

’Les Régions Ultra Périphériques - associées aux P.T.O.M. des États membres - confèrent à l’Europe le premier espace maritime mondial’. De par cet apport, et du fait de leur emplacement sur les grandes routes de la mondialisation, les RUP dont fait partie La Réunion sont partenaires de l’UE pour définir avec elle une politique d’exploitation durable des ressources de la mer à travers la concertation autour du Livre vert présenté par la Commission européenne. On lira ci-après des extraits de l’intervention de Raymond Lauret au nom de la Région lors de ce sommet international organisé aux Açores.

"En premier lieu, la particularité des Régions Ultra Périphériques c’est d’appartenir à un double espace : celui très éloigné de leur appartenance institutionnelle et de leurs liens économiques dominants, l’Union européenne.
Et celui de leur proximité géographique, marqué par un grand isolement comme ici aux Açores ou bien, chez nous à La Réunion, par un cousinage fortement revendiqué avec les États tiers.
Par l’intégration différenciée à l’Union reconnue par l’Article 299-2 du Traité, les Régions Ultra Périphériques bénéficient de politiques communautaires parfois adaptées au cumul de handicaps permanents qui les caractérisent. À ce titre, la politique régionale communautaire a permis d’accélérer leur processus de convergence... à défaut de le terminer !
Dans ce processus de convergence, la prise en compte ou la dimension maritime très naturellement s’impose comme une évidence pour l’avenir de nos territoires qui, pour six d’entre eux, sont des îles et parfois des archipels.

Contraintes et atouts

La même importance de l’élément maritime se vérifie pour le tourisme dont nous voulons tous renforcer le caractère durable. Ce qui suppose une politique d’aménagement et de gestion intégrée de notre littoral très volontariste et anticipatives des risques qui relèvent du court terme tels que l’insuffisance des ressources hydriques, la gestion des déchets et ceux qui appartiennent à un plus long terme qui se précise du fait des conséquences lourdes des changements climatiques avec ses phénomènes violents de plus en plus fréquents, je veux parler des cyclones.
S’agissant de la pêche, je me bornerai à redire la conviction de l’ensemble des Régions Ultra Périphériques, que ce secteur, sous des formes adaptées à chacune de nos régions, présente un potentiel de développement raisonné. Répétons-le : nos territoires maritimes et leurs ressources ne peuvent pas être assimilés aux bassins maritimes du continent européen. (...)
Dans ce contexte, qui voit en même temps l’Union européenne limiter l’effort de pêche des Régions Ultra Périphériques et signer des accords de pêche avec les États voisins prévoyant une augmentation des prises, vous comprendrez que nous disions avec force que seule une politique cohérente et concertée peut mener à une gestion durable et justement partagée des ressources halieutiques du Sud Ouest de l’Océan Indien. C’est la voie qu’ont préconisée les pays de la Commission de l’Océan Indien et à laquelle nous souhaiterions voir l’Union européenne s’associer.(...)

"Vraie et bonne politique de co-développement"

Cette situation qui voit s’y cristalliser les grandes problématiques de la globalisation, du développement, de la sécurité, de la lutte contre toutes les formes de pollution, ne susciter qu’affrontements si ne se mettent pas en place des politiques renforcées de coopération en faveur du Sud.
Dans leur zone géographique, les Régions Ultra Périphériques sont des présences européennes. Elles sont les illustrations des valeurs que l’Union européenne souhaite voir s’affirmer dans le monde, en premier desquelles "les qualités extérieures" de sa politique maritime. Très concrètement, les Régions Ultra Périphériques peuvent être dans leurs zones respectives des points d’ancrage d’une vraie et bonne politique de co-développement avec les États voisins... et tout naturellement dans cet espace qui leur est commun à tous : l’océan. (...)"


"Développer les connaissances et les innovations"

Raymond Lauret a ajouté que "le potentiel de nos développements maritimes ne se limite pas à la pêche. Ce potentiel est peut-être dans la biodiversité considérable de nos espaces maritimes, dans les particularités liées à notre positionnement sur le globe terrestre et dans le fait que nos régions disposent déjà de bons outils de la connaissance (Universités, instituts de recherche parfois de renommée internationale...)".
Pour le président de la Commission du développement économique de la Région, "cette préoccupation de développer les connaissances et les innovations qui est au cœur du Livre Vert, c’est aussi le nôtre : et la mise en réseau des organismes de recherche qui existent déjà dans les Régions Ultra Périphériques pourrait être un premier objectif de nos Régions".


750 grammes sur 19 kilos

Au cours de son intervention, Raymond Lauret a rappelé que "97% des captures réalisées dans le Sud Ouest de l’Océan Indien sont le fait d’États non-riverains. Seulement 0,14% le sont par La Réunion". Résultat : "1 jour de pêche d’un thonier senneur équivaut à une année de production de la petite pêche réunionnaise ce qui fait que sur 19 kilos de poisson consommés en moyenne par chaque Réunionnais par an, 750 grammes sont pêchés par les bâtiments de l’île". Ceci explique pourquoi on ne peut pas assimiler les ressources maritimes de La Réunion à celle de l’Europe.


La Réunion : une île de l’Océan Indien

Rappelant le Sommet de Johannesburg, le Commissaire Borg a précisé que "les océans et les mers revêtent une importance cruciale pour la sécurité alimentaire dans le monde et pour soutenir la prospérité économique". "Assurer le développement durable exige une coordination et une coopération efficaces, y compris au niveau mondial et régional", a-t-il poursuivi.
Dans son intervention de lundi, Raymond Lauret est revenu sur la déclaration du représentant de l’Union européenne à la conférence d’examen de l’Accord de 1995 sur la Conservation et la gestion des stocks de poisson : "la consolidation de l’approche régionale pour la gestion collective des ressources en haute mer ainsi que la modernisation et le renforcement des instances de coopération internationale qui interviennent au niveau régional".
"Pour notre Région et l’ensemble des Régions Ultra Périphériques, cette nécessité est une évidence de tous les jours", explique Raymond Lauret qui note que l’Océan Indien est à la fois "le plus petit des 3 océans et celui dont les rivages accueillent la population la plus nombreuse".
"Les parties australe et orientale de la côte africaine (Kenya, Mozambique, Tanzanie, les Comores, Madagascar) regroupent des pays classés parmi ceux ayant les plus bas indices de développement humain", précise Raymond Lauret qui rappelle qu’"entre 55% et 80% de ces populations vivent avec moins de 2 dollars par jour". Avec pour conséquence 120 à 310 millions de personnes qui ne mangent pas à leur faim.


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