Le Marché commun de la SADC et La Réunion

La perspective des APE

19 août 2008, par Manuel Marchal

C’est avant la fin de l’année que doit être signé un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays de la région. La création d’une zone de libre échange entre ces pays amène une donnée nouvelle. Dans ces conditions, la question de la place de La Réunion dans cet APE est plus que jamais d’actualité. C’est l’avenir de milliers d’emplois qui est en jeu.

Création d’une union douanière, d’un marché commun et d’une monnaie unique : en dix ans, les pays de la SADC comptent réussir l’intégration de toutes leurs économies nationales dans un ensemble de plus de 200 millions d’habitants. Parmi eux, plusieurs font partie du voisinage immédiat de La Réunion : Maurice, Madagascar, les Seychelles, le Mozambique, l’Afrique du Sud. Dans 10 ans, tous ces pays verront donc leurs économies intégrées à un point tel qu’ils auront une monnaie commune.
Les pays qui ont acté dimanche la création d’une zone de libre échange dans notre région sont en négociation avec l’Union européenne pour la signature d’un accord de partenariat économique, en tant que pays ACP. Ces APE visent à remplacer les accords préférentiels UE- ACP qui les ont précédés. Ces derniers ne sont pas conformes aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). L’objectif des APE est de répondre à une exigence de l’OMC, l’ouverture des marchés sur l’essentiel du commerce, c’est-à-dire 90% des échanges. Pour répondre à cette contrainte, l’Union européenne a pris l’initiative d’un accord dissymétrique. C’est-à-dire ouverture de 100% du marché européen à ces pays. Quant aux membres de la SADC, en tant que pays ACP ils pourront exclure jusqu’à 20% de leur marché de la concurrence des produits issus de l’Union européenne (1).
En tout état de cause, l’annonce de la création d’une zone de libre échange par la SADC donne une idée de l’évolution des relations économiques dans notre région. En se regroupant, les pays de la SADC auront une monnaie commune, comme l’Union européenne. Ce seront donc des échanges entre un Marché commun de plus de 200 millions de personnes et le reste du monde. Quelle sera la place de La Réunion ?
En tant que région de l’Union européenne, La Réunion est concernée par cet APE qui aboutira à la création d’une zone de libre échange intégrant l’Union européenne et les pays de la région.
Si cet accord est appliqué sans tenir compte des spécificités de La Réunion, alors notre île doit ouvrir totalement son marché aux produits de nos voisins. Et puisque ces derniers sont souvent les mêmes que les nôtres, se pose alors la question de l’avenir des producteurs réunionnais dans une zone de libre échange.
Le seul moyen de protection est la clause de sauvegarde qui permet de temporairement exclure du libre échange un produit particulier. Mais ce n’est qu’une mesure provisoire dans le temps, qui ne fait que retarder l’échéance.
Autrement dit, il faut rapidement anticiper pour proposer une alternative à ce libre-échange qui conduit toujours à la destruction des économies les plus vulnérables, et donc à la disparition de milliers d’emplois.
Cette alternative, c’est le co-développement. Cela implique la recherche de complémentarités entre les économies des pays de la région pour tendre vers un objectif : celui d’aller vers le développement durable et solidaire de tous les peuples de la région.

Manuel Marchal

(1) Voir "Témoignages" du 22 février 2008 http://www.temoignages.re/article.php3?id_article=28047

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