Entretien avec Didier Le Strat, auteur de “Printemps 2015”

La réforme des retraites : « une véritable escroquerie intellectuelle et financière »

8 octobre 2010

Professeur retraité, Didier Le Strat vient de publier aux Éditions Amalthée
un livre intitulé “Printemps 2015”. Ce livre est en vente dans toutes les bonnes librairies et sur les sites Amazone.com, Chapitre.com et de la FNAC. Tout au long de sa carrière de professeur, il a pris des responsabilités syndicales. Ainsi, pendant une dizaine d’années, il était secrétaire départemental de l’ex-FEN (Fédération de l’éducation nationale) dans les Hautes-Alpes puis, de 1997 à 2003, il a été élu secrétaire départemental adjoint de la FSU à La Réunion. Ce vendredi à 8 heures, il sera invité à l’émission “Alon kozé” sur KOI consacrée aux retraites et il fera une dédicace de son ouvrage à la librairie Trait d’Union, au 35 rue de la Grande Ourse à Saint-Gilles, le samedi 30 octobre. Didier Le Strat a accordé un entretien à “Témoignages” pour présenter son livre.

• Quels étaient vos objectifs en écrivant “Printemps 2015” ?

- Je voulais donner aux lecteurs les moyens de décortiquer la propagande mensongère de ceux qui nous gouvernent. Je voulais aussi redonner de l’espoir, en finir avec la résignation, la fatalité.
Ce livre devait être accessible à tous, quels que soient leurs opinions et leur niveau d’étude. Ceux qui l’ont déjà lu m’ont dit qu’ils l’avaient lu avec bonheur et qu’ils ont repris espoir. Ça fait toujours plaisir !
Je voulais que le lecteur sente la force de ce vent de révolte qui fit le tour de la planète à la fin des années 60 et qui portait en lui les idées d’autogestion, de participation, de démocratie économique, de partage des richesses. Toutes ces idées qui remettaient en cause les pouvoirs et les privilèges des maîtres du monde.
Mon livre montre comment et pourquoi, en août 1971, le président Nixon et sa cour de financiers organisaient cette mondialisation qui, en libéralisant les marchés monétaires et financiers, instaurait un nouvel ordre mondial, nous ramenant insidieusement vers une nouvelle forme de féodalité.

• Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?

- Ma rage contre la manipulation des esprits. A chaque fois, pour faire passer leurs réformes à remonter le temps, ceux qui nous gouvernent trompent les gens, les manipulent. Par exemple, sur la question des retraites, cette rengaine empêche tout débat de fond : « La population vieillit, donc il n’y aura pas assez d’actifs pour payer les retraites… Conclusion : les actifs devront travailler plus longtemps… ».
Pourtant, si l’on agite quelque peu nos neurones, on découvre que si la population vieillit, c’est grâce aux progrès de la médecine ! Et il est évident que l’évolution fantastique des sciences et des technologies ne se limite pas à la seule médecine. Elles réalisent aussi des miracles dans tous les autres secteurs de l’économie.
Dans l’agriculture par exemple, en 1945, un actif nourrissait 5 personnes. Mais aujourd’hui un seul actif en nourrit plus de 60… Madame l’Oréal dans les années soixante gagnait un SMIC toutes les 3 heures, aujourd’hui c’est un SMIC toutes les 2 minutes avec moins de personnel… Mais qui capte ces gains de productivité ? Motus et bouche cousue !
Sur le fait qu’un actif aujourd’hui peut produire (suivant les secteurs) de 7 à 50 fois plus de richesses que dans les années soixante — et cela dans un même temps et avec moins d’actifs : silence radio ! Censuré !
Mais pourquoi passer sous silence cette réalité ? Parce que si les citoyens avaient cette information, la propagande des “boîtes de com” du président n’aurait plus aucun sens !
Bref ! Sur cette question des retraites, plus je rassemblais des informations pour écrire mon livre, plus j’en apprenais, et plus je me rendais compte qu’on nous cachait l’essentiel… Je découvrais qu’en fait il ne s’agissait pas d’une réforme mais d’une véritable escroquerie intellectuelle et financière.
On pourrait continuer longtemps à débusquer tout ce qu’on nous cache sur ce dossier. Mon livre y consacre une dizaine de pages.

• Que voulez-vous montrer en mettant le projecteur sur le mouvement social ?

- En fait, en plongeant dans l’histoire sociale, on prend conscience de la force des mouvements populaires. On découvre enfin que toutes ces luttes sociales depuis plus d’un siècle convergent vers un meilleur partage des richesses, entre les revenus du capital et du travail. Ceci ne pourra se réaliser vraiment qu’avec l’instauration d’une véritable démocratie économique.
D’ailleurs cet objectif fondamental des luttes sociales : “élargir la démocratie au domaine économique” montre qu’on est loin de la fin de l’Histoire, contrairement à ce que voulait nous faire croire cette élite auto-désignée qui s’imagine détenir la science infuse, l’unique vérité ! Alors qu’elle ne cesse de se tromper en ânonnant le credo du libéralisme…
Il est urgent d’en finir avec cette idéologie, son credo et ses tabous, qui font marcher le monde sur la tête, et mettent les peuples à genoux, sous la dictature des spéculateurs. Avec un seul avantage : enrichir les plus riches.
J’ai fait le pari un peu fou que les peuples se rendront compte avant 2015, que la secte financière qui nous gouverne, mène le monde au chaos… Oui ! Je fais le pari que les peuples réagiront tant l’arrogance actuelle des maîtres du monde devient de plus en plus insupportable, voire insultante.

• On est encore loin du rêve que vous concrétisez dans votre livre ; qu’en pensez-vous ?

- Il n’y a pas si longtemps Martin Luther King aussi avait fait un rêve. Il était loin d’imaginer que quelques années plus tard les États-Unis auraient un président noir !
C’est pourquoi mon livre donne de l’espoir à tous ceux qui résistent, créent et imaginent un monde meilleur. D’ailleurs il se peut que le temps des cerises annoncé au printemps 2015 vienne plus vite qu’on ne l’imagine !


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