Les défis d’un secteur à fort potentiel

La Réunion a besoin d’encore plus de pêche

28 septembre 2004

Depuis le début de ce mois, quinze armements des ports de pêche se sont regroupés en un Syndicat des armateurs réunionnais de pêche pélagique (SARPP). Objectif : valoriser la pêche sur le marché intérieur et à l’exportation.

Les quinze armements des ports de la Pointe des Galets, de Saint-Pierre, Saint-Gilles et Sainte-Marie se sont unis le 9 septembre dernier au sein du Syndicat des armateurs de pêche pélagique*. Ils représentent la quasi-totalité de la pêche palangrière pélagique réunionnaise : une trentaine de navires (9 à 25 mètres), près de 200 emplois directs à terre et en mer, pour près de deux mille tonnes débarquées bon an mal an. Leur regroupement répond à une volonté affichée de "relever de nouveaux défis", dit un communiqué paru hier.
"En moins de dix ans, ce secteur a pris sa place entre la petite pêche et la pêche dans les terres australes. Il assure les deux tiers des débarquements réunionnais en pêche fraîche pour une valeur de l’ordre de 6 millions d’euros. Son activité alimente deux unités de transformation qui, en plus de la fourniture aux grandes et moyennes surfaces et à la restauration collective, exportent près de cinq cents tonnes de produits transformés vers la Métropole pour un chiffre d’affaires de 5,5 à 6 millions d’euros. En y ajoutant les productions des terres australes, les produits de la pêche sont le deuxième poste en valeur, à l’exportation, après le sucre", dit encore le communiqué des armateurs.
Valoriser les activités de pêche, cela signifie aussi, pour les pêcheurs au large, "pêcher mieux et moins cher" tout en participant à la gestion des ressources accessibles.
La pêche dans l’océan Indien connaît une situation unique puisqu’à la différence du Pacifique, dont les ressources ont été surexploitées, et de l’océan Atlantique, où elles sont en déclin, notre environnement abrite des espèces pélagiques encore peu exploitées.
Les zones économiques françaises s’y étendent sur 2,7 millions de kilomètres carrés, dont les eaux constituent une ressource halieutique d’une grande richesse, en particulier en grands pélagiques (thons, espadons, légines, langoustes...).
Selon un document du CPI sur "les opportunités d’affaires" offertes par ce secteur dans notre région, l’océan Indien fournit "plus de 50% des captures européennes de thons".

15% du volume consommé actuellement

Comme le souligne le communiqué des armateurs, ce secteur d’activité a fait preuve d’un grand dynamisme, attribué selon le Comité de pilotage de l’Industrie à différents facteurs : "les innovations technologiques, la loi de défiscalisation qui a permis à la flotte palangrière de se développer et surtout la demande croissante pour les produits de la pêche réunionnaise sur les marchés européens et asiatiques".
Les armateurs de la pêche palangrière - qui regroupe pêche côtière et pêche au large - estiment que dans les dix prochaines années "les besoins (de l’île, Ndlr) devraient dépasser la barre des 21.000 tonnes", soit le double de la production de l’année 2000, selon les chiffres du Comité des pêches cités par le CPI.
Cette perspective est un véritable défi pour les pêcheurs réunionnais, qui pour le moment n’apportent que 15% du volume consommé à La Réunion. Les autres 85% sont constitués de produits de la mer importés. "Ces chiffres démontrent la potentialité forte du marché réunionnais et la nécessité stratégique de prospecter vers de nouvelles zones de pêche et de nouveaux produits", poursuit le communiqué des armateurs, qui salue également "les efforts entrepris par les collectivités et l’État dans le cadre de la coopération régionale et du co-développement" en faveur d’une démarche "de développement et d’intégration régionale".

P. David

* Le SARPP regroupe des pêcheurs artisans et des armateurs. Il est présidé par le PDG des Armements des Mascareignes. Son bureau compte quatre vice-présidents - MM. Minatchy (Saint-Pierre), Gazzo (Saint-Gilles), Delmas (Sainte-Marie) et Briand (Le Port) - un trésorier et un trésorier-adjoint, un secrétaire général et un secrétaire général adjoint. Parmi les principales sociétés de pêche palangrière, citons la Compagnie des Long Liners, Albin Réunion Marée, Technipêche, Armement Enez, Martin Pêcheur, Sapmer, les Armements des Mascareignes, Sope Sud...


Un environnement professionnel non saturé

Selon le Comité de pilotage de l’industrie, l’environnement professionnel de l’activité de pêche palangrière, encadré et contrôlé par la Direction des affaires maritimes (administration de tutelle), bénéficie de plusieurs facteurs laissant augurer d’une progression importante.
"La petite pêche et la pêche palangrière dans la zone ne sont soumises à aucun quota (en termes de quantités pêchées) et la limitation de la flottille en termes de puissance de moteur (en kilowatt) n’est pas appliquée aux DOM...".
Le CPI relève également l’existence de l’École d’apprentissage maritime (EAM) du Port, école de pêche accueillant "une cinquantaine de jeunes de 16 à 18 ans pour la formation de CAP maritime de matelot".
"Du certificat d’initiation nautique, à celui de motoriste, l’EAM assure toutes les formations permettant aux matelots de devenir patrons ou lieutenants de pêche".
"La maintenance des navires concerne plusieurs corps de métiers et est assurée par plusieurs prestataires spécialisés (partie moteur, système électrique/électronique, système hydraulique, tuyauterie, coque)", ajoute la note du CPI, qui relève aussi l’absence, en 2000-2001, d’entreprises proposant "des services de maintenance complète".

P. D.


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