La Guyane était touchée depuis le 24 novembre par un mouvement de protestation contre la cherté des carburants. Un accord a été signé vendredi et la population a obtenu gain de cause. « Dans les DOM, le prix du carburant à la pompe est administré par le préfet », a déclaré vendredi dernier la préfecture de Guyane. Après délibération, « le préfet pourra signer l’arrêté de 50 centimes de baisse qui s’appliquera lundi à la pompe », a-t-elle précisé. Donc, depuis hier, les guyanais payent 1.05 euros le litre de gasoil.

Combats dans l’unité

11 jours de protestation ont été nécessaires pour obtenir cette baisse. Ce combat a été mené dans l’unité. Une marche contre le prix élevé des carburants en Guyane avait réuni mercredi à Cayenne 7.000 personnes (rapporté à la population réunionnaise cela représenterait l’équivalent de 28 000 personnes). Les manifestants avaient appelé le gouvernement à s’en rendre compte et à céder. Cette marche avait aussi un autre enjeu : le respect du peuple guyanais. En tête de cortège figuraient les présidents du Conseil régional, du Département et les représentants de la coordination des transporteurs et des consommateurs, qui avaient lancé le mouvement le 24 novembre, bloquant les principaux axes routiers de Guyane.

Baisse également en Guadeloupe

De même, en Guadeloupe, les élus ont adopté à l’unanimité une résolution en 11 points sur la formation des prix du carburant. Les élus de Guadeloupe ont demandé la mise en place d’une enquête diligentée par l’Etat afin de faire toute la clarté sur chacun des éléments de la structure des prix des carburants, en particulier le PNI (Prix Normal d’Importation). Ils ont réclamé par ailleurs que les élus et les socioprofessionnels fassent pleinement partie de la mission chargée de cette enquête et que ses conclusions soient établies de manière contradictoire. Les élus ont également demandé que le décret du 23 décembre 2003 qui fixe les conditions de révision des prix du carburant soit modifié afin que les collectivités, les socioprofessionnels et les associations de consommateurs soient consultés avant toute modification des prix.

Dans son discours introductif, le président de la Région Guadeloupe, Victorin Lurel, avait déploré que l’Etat, « en tant que régulateur, (...) directement interpellé par les élus de tout bord, par les socioprofessionnels et par le peuple », choisisse « de fragiliser les élus locaux et leurs collectivités en leur demandant une baisse de la taxe spéciale sur les carburants ».

La Réunion est aujourd’hui la moins bien lotie

Après ces baisses obtenues en Antilles et en Guyane, La Réunion qui était « la mieux lotie », selon le préfet est aujourd’hui la moins bien lotie. Au lieu de rechercher l’unité d’action au profit de toute la population, Joël Mongin aidé par le préfet avait cru bon de protéger les pétroliers en détournant l’attention vers la Région.
Le syndicat des transporteurs avait fait pression sur la Région pour obtenir le versement d’un surplus de l’Octroi de mer récupéré. Ainsi cette somme prélevée sur toute la population était exigée pour le seul profit d’une catégorie. Pour obtenir cela, les transporteurs sont allés jusqu’au blocus de la Région. Et quelle a été l’attitude du préfet ? Il a pris position pour ces derniers et contre l’intérêt général de la population.
Jamais on n’a vu un tel spectacle de diversion. Jamais on n’a vu un préfet se rendre complice d’une telle manœuvre. Cette politique de diversion a rapporté quoi ?
Rappelons que les prix des carburants à La Réunion ont baissé de 15 centimes contre 50 centimes en Guyane. Les prix à la pompe sont aujourd’hui supérieurs sur notre île par rapport à la Guyane.
Donc, cette stratégie de diversion, qui a consisté à détourner l’attention vers la Région, fait que La Réunion se retrouve aujourd’hui dans la situation la moins enviable en terme de prix des carburants.