Mondialisation

La société PSA Peugeot Citroën devient chinoise

21 janvier 2014

Le conseil de surveillance de PSA a accepté que le constructeur chinois Dongfeng et l’Etat français renflouent les caisses de la société, à hauteur de 3 milliards d’euros. L’objectif est de permettre au constructeur de sortir du rouge.

Philippe Varin, président de PSA, a été autorisé à poursuivre les négociations avec l’Etat et le constructeur chinois. Selon les informations parues dans la presse, PSA devrait voir son capital augmenté de près de 1,1 Milliard d’euros, souscrite pour moitié par l’État et pour l’autre Dongfeng, puis une augmentation de capital de marché. L’Etat et le groupe chinois débourseraient jusqu’à 800 millions d’euros, et la famille Peugeot près de 120 millions d’euros, pour que chacun détienne 14% du capital.

« PSA restera français »

Face à ce remaniement, Thierry Peugeot pourrait perdre la tête du conseil de surveillance au profit de Louis Gallois, qui représente les intérêts de l’Etat à PSA, « ou de Jean-Louis Beffa, homme fort de la banque Lazard en Chine, et conseiller de Dongfeng sur le dossier », a indiqué le Journal du Dimanche. La famille Peugeot contrôle 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote.

Najat Vallaud-Belkacem, porte parole du gouvernement, a expliqué lundi sur RTL, que le partenariat avec Dongfeng, « est une des clés pour rebondir et permettre à PSA de pérenniser et développer son activité ». De plus, selon elle, « François Hollande l’avait dit : si nous sommes sollicité, nous interviendrons. Nous sommes très attaché au devenir de PSA, à son ancrage français, ce qui n’exclu pas des partenariats internationaux ». Face à ce rachat par les Chinois, le gouvernement « reste vigilant », de peur de voir l’un d’un des fleurons de l’industrie française tomber entre les mains des chinois.

Pour le ministre de l’Economie, Pierre Moscovici, « L’Etat est particulièrement vigilant, l’Etat se sent impliqué, et l’Etat fera tout, pèsera, pour que PSA reste ce grand constructeur français, et même trouve les moyens de son développement ». Egalement soucieux de conserver Peugeot, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, a affirmé que « PSA restera français ».

Négociations encore en cours

La direction de PSA pense présenter les grandes lignes d’un accord avec Dongfeng et l’Etat lors de la présentation de ses résultats annuels le 19 février, selon une source proche du dossier cité par "Les Echos". Le groupe souhaite terminer les négociations avant la visite du président chinois, Xi Jinping, à Paris au printemps. Officiellement, Pierre Varin étudie « des nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, y compris Dongfeng Motor, ainsi qu’un projet d’augmentation de capital ».

Toutefois, le numéro un automobile français a dû faire face à la chute depuis 2007 des ventes de voitures en Europe, qui est son principal marché. De plus, peu présent sur les marchés émergents ou sur des segments comme le low-cost et le haut de gamme, PSA a dû prendre des mesures pour redresser la barre, dont un plan d’économies et de restructuration de ses activités françaises, entraidant la fermeture du site d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne.

Pour les deux autres constructeurs français, cités par "L’Humanité", « les mariages avec Dongfeng ne se feront pas au détriment de la production en France ». Carlos Ghosn, dirigeant de Renault, qui a fait alliance avec le n°2 chinois de l’automobile, a expliqué qu’"Au moment où Nissan est entré en Chine (en 2003), Dongfeng avait déjà une coentreprise avec (le constructeur japonais) Honda, et Nissan s’était vu poser les mêmes questions : comment allez-vous créer une coentreprise avec un groupe (chinois) qui est en alliance avec votre concurrent direct ? » Comme l’a expliqué ce dernier, « Finalement, cela fait dix ans que nous travaillons avec Dongfeng, et nous nous sommes aperçus que c’est très cloisonné. Je n’ai aucune inquiétude là-dessus : Dongfeng a des règles très strictes, ne mélange pas les genres et n’échange par les informations ni quelque pratique qui soit spécifique (aux entreprises partenaires) ».

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