Alternative aux Accords de Partenariat Economique :

Le co-développement dans l’océan Indien plutôt que le libre-échange

28 mai 2009, par Risham Badroudine

L’ouverture de la compagne européenne met au cœur des débats les problèmes économiques. Un des enjeux de ces élections européennes est l’application des APE (Accords de Partenariat Economique) et plus particulièrement nos relations avec les pays voisins. Aujourd’hui, les échanges sont quasi nuls. C’est la conséquence directe d’un choix politique. Au lieu des APE, La Réunion propose un co-développement.

Il y avait dans le passé des échanges très approfondis entre La Réunion et les autres îles de l’océan Indien. Par exemple, Madagascar fournissait à La Réunion des bœufs vivants, des viandes, charcuterie, maïs, riz, légumes… De même, La Réunion exportait du sucre vers Madagascar, mais également des oignons, des pommes de terre, ou encore du tabac vers Maurice.
Avant d’avoir une université à La Réunion, il y avait déjà une université à Madagascar. Les échanges maritimes ont été également développés entre nous.
Même sur la dernière période, le décollage touristique de Maurice a été fait par le jumelage entre des villes mauriciennes et réunionnaises.
C’est par la suite pour les besoins de l’Occident que l’on nous a divisés. Diviser pour mieux piller chaque pays, y compris en s’initiant dans les affaires politiques des pays voisins (Comores, Seychelles…).

70% de nos échanges se font avec l’Europe :
cela résulte d’un choix politique

Aujourd’hui, on constate que plus de 70% de nos échanges se font avec l’Europe, cela a été une volonté politique. Une politique délibérée, décidée par l’ancienne puissance coloniale.
Le constat d’aujourd’hui sur la quasi inexistence des relations commerciales est le résultat et les conséquences directes d’un choix politique.
Tirant les leçons de ce choix politique désastreux, certains proposent les APE (Accord de Partenariat Economique). Mais les Réunionnais proposent un co-développement, c’est-à-dire la prise en compte d’une communauté de destin qui nécessite une vision partagée de l’avenir et des perspectives pour les années à venir.
C’est sur cette ligne qu’on a eu le Sommet du Développement durable à La Réunion ou encore la Rencontre de Mahé où une vision commune des projets structurants est ressortie. L’objectif essentiel du Sommet du Développement durable a été de rassembler les îles du monde. Des îles qui, quels que soient leurs statuts ou leurs situations géographiques, ont des défis communs. C’est par exemple l’énergie, la protection de la richesse de leur biodiversité et l’adaptation aux effets du réchauffement climatique. Sur tous les plans, ce congrès a permis de tirer des enseignements pour l’ensemble des îles du monde. Les perspectives sont partagées par l’ensemble des pays dans le cadre d’un co-développement, c’est-à-dire « gagnant-gagnant ». Ces projets communs sont l’autonomie énergétique, l’autosuffisance alimentaire, une plateforme de sécurité, un réseau haut débit, le satellite régional, le CHU pour les pays de la zone, la formation, la pêche, la recherche de désenclavement aérien…
Là se trouve l’avenir, alors que les APE vont pousser à la concurrence entre nous et donc l’élimination de marché et parfois de pan entier de l’économie dans certains pays. Ce modèle peut être qualifié de « voyou ». On peut citer de nombreux exemples de secteur d’activité qui risquent de souffrir des APE, comme l’imprimerie ou encore le marché de la bière (La Réunion, Maurice, mais également Madagascar produisent de la bière)…

Unir nos forces et non pas s’affronter

Au lieu de se déclarer la « guerre », il y a moyen de s’entendre dans le cadre d’un co-développement. Là, on peut citer l’exemple de la pêche. Rappelons que 95% des ressources halieutiques de la région sont exploités par des flottilles des pays d’Europe ou d’Asie. Les flottilles des pays de la COI réalisent à peine 5% des prises. Les pays de la COI doivent unir leurs efforts, leurs moyens et mettre en commun leurs atouts pour élaborer une véritable stratégie en matière de pêche dans le cadre de nouveaux partenariats. Cette coopération entre les pays de la zone peut se décliner à tous les niveaux : construction, entretien et maintenance des bateaux, formation des personnels…
C’est en unissant nos forces que l’on arrivera à s’en sortir et non pas en s’affrontant.

Risham Badroudine


Commerce extérieur de La Réunion

Les échanges quasi inexistants avec les pays de la zone

La Direction Régionale du Commerce Extérieur (DRCE) a publié une note qui révèle que les échanges avec les pays de la zone sont quasi inexistants.
« Les liens entre La Réunion et les pays de la COI sont donc au niveau économique bien plus symboliques que significatifs », souligne la note. La DRCE souligne que « La Réunion a du mal à s’insérer parmi les systèmes régionaux (COI, SADC, COMESA, IOR/ARC…) et la France reste son principal partenaire commercial ».
En effet, selon l’étude, les pays de la COI représentent seulement 3,8% des importations et 17% des exportations de La Réunion. L’Europe et la France en particulier reste notre principal fournisseur.

Il faut également noter que sur les 17% d’exportation, une bonne partie constitue de la « réexportation », comme les voitures d’occasion vers Madagascar ou encore les déchets comme les métaux ou autres produits métalliques. La DRCE note par contre que de nombreuses entreprises réunionnaises sont présentes sur le sol mauricien, comme la CILAM, le Groupe Apavou, Chatel, Isautier… mais également en Afrique du Sud, comme AXA Bourbon Fund. Le Groupe Dijoux, spécialiste du solaire, étudie lui aussi une implantation sur place.

R.B

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