Prix du pétrole, raréfaction des navires

Le coût du fret maritime en hausse

28 septembre 2004

L’augmentation du prix du pétrole brut et la demande croissante de bateaux pour transporter du matériel, notamment pour la Chine, entraînent un renchérissement du prix des conteneurs.

Le prix du pétrole continue à flamber. Le baril de brut de qualité “light sweet crude” se vendait, vendredi dernier à New York, à 48,88 dollars. À Londres, le baril de brent - l’autre type de pétrole de référence dans le monde - a pour sa part battu un nouveau record jeudi dernier à 45,75 dollars. De nombreux spécialistes estiment que la barre psychologique des 50 dollars pourrait être franchie dès cette semaine.
De multiples faits expliquent une telle situation : la multiplication des cyclones qui a fait diminuer la production dans le Golfe du Mexique mais, plus encore, les problèmes de la société russe Ioukos qui n’est plus en mesure de livrer du pétrole à la Chine.
Lors d’une précédente hausse, en août dernier, la plupart des compagnies desservant La Réunion (Air France, Air Austral, Air Bourbon) avaient décidé d’augmenter le prix de leurs billets d’avion. C’était la deuxième augmentation, en 6 mois, effectuée par ces compagnies.
Mais ce mouvement n’était pas propre aux compagnies desservant La Réunion : la quasi-totalité des transporteurs aériens dans le monde avaient décidé de réduire les effets de la hausse du coût du pétrole en jouant sur le prix des billets. Le coût du kérosène représente en général 20% du coût du voyage.
La hausse continuelle du prix du pétrole pose donc de sérieux problèmes à l’ensemble des compagnies aériennes et l’on doit se demander comment Air Austral et Air Bourbon affronteront une nouvelle escalade des prix du carburant.
Comme nous l’écrivions le 21 août dernier, il est logique de penser que la hausse du carburant se répercutera sur le coût du transport maritime.
C’est ce que nous confirme Jacques Virin. Le responsable de la COR (Coopérative ouvrière de La Réunion), société de manutention opérant sur le Port, dit avoir effectivement constaté une hausse du coût du fret qu’il est, pour le moment, incapable d’évaluer.
Mais, pour lui, la hausse du carburant n’est pas seule responsable. Tout aussi important est la raréfaction des cargos disponibles. Certains pays - et Jacques Virin cite plus précisément la Chine - mobilisent un nombre croissant de bateaux pour transporter des matériaux dont leur économie ont besoin. La location des cargos restant disponibles se négocie alors à des coûts élevés.

Une préoccupation immédiate

C’est une analyse identique que font des spécialistes mauriciens.
Dans son édition datée du 1er septembre, le quotidien “l’Express” note que le fret maritime aura augmenté en 6 mois de 63 % sur certaines lignes. "À partir du 1er octobre, un conteneur de 20 pieds en provenance d’Asie, par exemple, coûtera 100 dollars (2.880 roupies mauriciennes) plus cher, alors que celui de 40 pieds sera facturé avec un surplus de 200 dollars soit de 5.760 roupies mauriciennes", écrit notre confrère.
"Les agences maritimes affirment que le prix du fret sur toutes les lignes grimpera", ajoute-t-il. C’est principalement le fret provenant d’Asie ou à destination de ce continent qui serait le plus touché.
La cause principale d’une telle évolution : "l’exceptionnelle augmentation de la demande globale de matières premières qui a poussé les cours du fret maritime vers des niveaux records. Une situation qui a mis la pression sur les lignes maritimes. Et la disponibilité des navires s’en est trouvée ébranlée", explique “l’Express”.
Ce dernier cite le responsable d’une agence maritime : "si la conjoncture internationale se maintient à ce rythme, nous pouvons nous attendre à des hausses de fret records".
La situation réunionnaise est différente de celle de sa voisine (notre île commerce plus avec l’Europe et très peu avec l’Asie). Il n’en reste pas moins que l’évolution du coût du fret maritime doit être une préoccupation
dans l’immédiat, pour mesurer comment elle pèsera sur les prix et sur le coût de la vie et, à plus long terme, pour savoir si elle ne jouera pas sur les actions de coopération avec notamment la Chine.

J. M.


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