L’Assemblée générale du FMI vue d’Europe occidentale

Le danger d’une guerre monétaire

11 octobre 2010

L’assemblée annuelle du FMI a été l’occasion de parler de la guerre monétaire. Le ’Nouvel Observateur’ apporte son éclairage sur cette question.

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, s’est dit, samedi 9 octobre à Washington, « très, très hostile » à toute sorte de « guerre des monnaies », réfutant ce terme pour qualifier la situation actuelle.
« Nous sommes très, très hostiles à toute sorte ou tout genre de “guerre des monnaies” », a déclaré Jean-Claude Trichet devant la presse, en marge de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire international (FMI).
« Je ne qualifierais pas la situation actuelle comme étant reflétée par ces mots », a-t-il ajouté. Ce dernier a également affiché son « entière confiance » dans la capacité de la communauté internationale à « trouver les moyens de continuer à coopérer ».
La « guerre des monnaies », dénoncée fin septembre par le ministre brésilien des Finances, Guido Mantega, a servi de toile de fond aux débats engagés ce week-end à Washington entre ministres des Finances des 187 États membres du FMI.

« Intensifier » les travaux sur les mouvements de taux de change

Les dirigeants des pays riches et émergents s’accusent les uns les autres soit d’affaiblir délibérément leur monnaie pour favoriser leurs exportateurs, soit d’exercer des pressions indues pour faire monter celle des autres.
Interrogé sur la faiblesse du dollar, Jean-Claude Trichet a dit sa confiance aux États-Unis. « Les autorités américaines, à ma connaissance, sont en faveur d’un dollar fort. J’apprécie toujours qu’ils fassent cette déclaration », a-t-il répondu. « Je ne ferai pas de commentaire sur ce que la FED (banque centrale des États-Unis - NDLR) pourrait faire ou ne pas faire », a-t-il ajouté, interrogé sur la politique de la banque centrale américaine.
Les États membres du Fonds monétaire international ne sont pas parvenus à surmonter de profondes divergences. Le Comité monétaire et financier international (CMFI) du Conseil des gouverneurs du FMI a conclu ses discussions par un communiqué appelant l’institution à « intensifier » ses travaux sur les mouvements de taux de change, y compris par des études sur la question.

Pour la stabilité monétaire

« Le système monétaire international s’est avéré résilient, mais il subsiste des tensions et des sources de vulnérabilité du fait de l’aggravation des déséquilibres mondiaux, de la volatilité persistante des flux de capitaux, des variations des taux de change et des problèmes liés à l’offre et à l’accumulation de réserves officielles », souligne le communiqué diffusé sur le site web du FMI.
Cette issue porte un coup aux espoirs d’apaisement aux frictions générées par les interventions de plusieurs pays pour affaiblir le cours de leur devise.
Pour éviter cette « guerre », le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, s’est proposé de s’impliquer personnellement dans la rédaction des traditionnels rapports annuels sur l’économie de ses grands pays membres.
Ceux-ci comprendront des développements sur les conséquences de leur politique économique (y compris de taux de change) sur les autres pays.

« Éviter des politiques néfastes »

C’est par ce biais que le FMI espère répondre à des questions comme de savoir dans quelle mesure l’injection de milliers de milliards de dollars dans le système financier américain déstabilise les pays qui les voient arriver à leurs frontières, ou le maintien d’un yuan faible détruit l’industrie d’autres pays incapables de concurrencer les prix chinois.
Interrogé pour savoir s’il était « déçu » par le résultat de ces deux rencontres entre ministres des Finances, Dominique Strauss-Kahn a usé et abusé du mot de « coopération ». « Ce dont je me suis rendu compte durant ces assemblées annuelles, c’est que — je ne sais pas si je me trompe, ou si les choses ont changé —, à l’évidence, tous les ministres sont tombés d’accord sur cette idée (...) qu’ils ont besoin d’avancer dans leur coopération, parce que notre économie est mondialisée », a-t-il expliqué. « Il nous faut améliorer notre surveillance systémique et nous le ferons (...). Le fait qu’il y ait eu beaucoup de bruit autour signifie que nous devons accélérer », a-t-il ajouté.
L’homme qui a suscité ce « bruit », le ministre brésilien Guido Mantega, s’est montré plus que sceptique. « Dans l’idéal, il faudrait que nous soyons capables de coopérer et d’éviter des politiques néfastes à nos voisins comme des dévaluations compétitives. En pratique, vu les incertitudes sur l’économie mondiale, les pays émergents et en développement continueront à accumuler des réserves », a-t-il dit devant le CMFI.

Sarkozy « crédible »  ?

Par ailleurs, l’Allemagne a exprimé son scepticisme face au projet de réforme du système monétaire international ardemment défendu par Nicolas Sarkozy.
« Toute tentative pour apporter des changements devra être minutieusement analysée », a affirmé l’Allemagne dans une déclaration signée de son ministre des Finances, Wolfgang Schaüble, et présentée au Comité monétaire et financier international, l’instance chargée de définir les grandes orientations du Fonds monétaire international.
« Nous avons des doutes quant à savoir si un nouveau système artificiellement imposé serait crédible, y compris la promotion d’un usage international des DTS », les droits de tirage spéciaux, a ajouté le ministre.


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