L’avenir de l’agriculture dans les DOM

Le gouvernement prêt à un effort particulier

18 novembre 2005

Compte-tenu de l’avenir difficile qui s’annonce pour l’agriculture des DOM, notamment dans les secteurs de la banane et du sucre, le ministre de l’Agriculture a indiqué que le gouvernement est prêt à faire un effort particulier. Celui-ci pourrait se concrétiser soit par une loi spécifique, soit par des mesures prises au travers de plusieurs textes. À cet effet, le ministre se rendra dans les mois qui viennent dans les DOM. Il reste maintenant aux Réunionnais à se rencontrer et se concerter pour accompagner l’initiative annoncée du gouvernement.

L’Assemblée nationale continue l’examen en première lecture du Projet de loi de Finances pour 2006 (PLF 2006). Mardi et mercredi, il examinant son volet consacré à l’agriculture et à la pêche. À plusieurs reprises, le ministre, Dominique Bussereau, fut interpellé sur les difficultés de l’agriculture des DOM et sur 2 de ses principales filières ; la banane et la canne. "Nous devons (...) défendre les filières spécifiques à l’Outre-mer. Je peux vous affirmer que nous serons très attentifs à l’avenir de la filière de la canne lors du Conseil des ministres qui aura lieu à Bruxelles la semaine prochaine, le texte proposé par la Commission ne correspondant pas à nos attentes. Quant à la filière de la banane, l’Europe a en quelque sorte été renvoyée dans ses buts lors des négociations de l’OMC et doit faire de nouvelles propositions, tout en maintenant des tarifs dissuasifs. Nous travaillons sur cette question avec l’Espagne, le Portugal et Chypre, pays également concernés", a répondu le ministre.

Le gouvernement attentif

Dominique Bussereau n’indique pas, comme l’avait fait devant la Commission des Finances François Baroin, que le gouvernement français a demandé à Bruxelles l’ouverture d’un nouveau cycle de négociations afin d’atteindre l’objectif de la compensation intégrale pour le sucre. Il fait savoir qu’il sera attentif "à l’avenir de la canne lors du Conseil des ministres qui aura lieu à Bruxelles" le 22 novembre. C’est donc lors de ce conseil que la France jettera dans la bataille en faveur du sucre ces dernières cartes. En attendant après les résultats du Sommet de l’OMC d’Hong Kong. Si aucun accord ne se dégage, la réforme de l’OCM-Sucre comme toutes les autres politiques engagées sur l’égide de la libéralisation des échanges commerciales seront sérieusement compromises.
Mais, pour la canne comme pour la banane et d’une manière générale pour l’agriculture et la pêche, la nouvelle politique gouvernementale sera définie un peu plus tard. Elle sera adaptée en fonction de ce qui sera décidé à Hong Kong.
Faisant un état de la situation de l’agriculture martiniquaise, en particulier et de celle des DOM en général, Louis-Joseph Manscour plaida pour la mise en place d’un véritable “plan Marschall”. "Deux exploitations agricoles disparaissent chaque jour, des milliers d’emplois sont supprimés, la surface agricole utile diminue de 3% et les producteurs de bananes, de canne ou d’ananas sont découragés. Les perspectives sont sombres, des centaines d’hectares sont pollués par le chlorodécone et les négociations de l’OMC sur la banane et le sucre ne sont guère rassurantes", expliquait-il. "Lors du débat sur le projet de loi d’orientation agricole, j’ai appelé votre attention sur le besoin de sanctuariser, dans une loi spécifique à l’Outre-mer, de véritables outils de développement et de modernisation de l’agriculture. Vous m’avez répondu que vous n’étiez pas hostile à un texte, élaboré avec M. Baroin et les élus d’Outre-mer, tout en précisant qu’il s’agissait là d’une réflexion personnelle. Qu’en est-il aujourd’hui ? Votre Gouvernement souhaite-t-il s’engager dans cette voie ? Pour notre part, nous sommes prêts à vous apporter notre concours", continuait le parlementaire martiniquais.

Deux grands dossiers

Lui répondant, Dominique Bussereau précisait : "l’agriculture d’Outre-mer nécessite un effort particulier. Je me suis entretenu avec M. Baroin des différentes possibilités qui s’offrent à nous : une loi que mon collègue présenterait ou des mesures prises au travers de différents textes. Nous vous indiquerons prochainement comment nous comptons procéder".
Ce choix sera sans doute précisé après les séjours que Dominique Bussereau fera à La Réunion, mais aussi aux Antilles et en Guyane dans les mois à venir.
Outre donc, le choix du mode opératoire - une loi unique ou des mesures prises au coup par coup - les élus des DOM ainsi que les socioprofessionnels auront leur mot à dire quant aux mesures à prendre et leur contenu. Si nous nous en tenons à l’actualité la plus brûlante, on peut considérer que La Réunion doit se préparer au moins sur 2 grands dossiers : celui de la canne et celui de la pêche. L’action que prendra dans les mois qui viennent le gouvernement ouvrira des perspectives d’avenir à condition qu’elle soit accompagnée sinon préparée par des initiatives réunionnaises.

J. M.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus