Le modèle de développement actuel peut-il perdurer ?

15 avril 2008, par Risham Badroudine

Le modèle actuel met en péril la pérennité écologique de la planète. L’Homme n’a toujours pas trouvé la solution pour faire partagé à tous les fruits du progrès. Près de 6 millions d’enfants dans le monde meurent chaque année de maladies liées à la faim et à la malnutrition et 852 millions de personnes sont actuellement sous-alimentées selon l’agence des Nations Unies pour l’alimentation (FAO

Au moment de la rédaction de cet article, notre Terre compte 6 milliards 690 millions 320.941 habitants. La population mondiale augmente de près de 200.000 habitants de plus chaque jour (350.000 naissances par jour contre 159.000 décès). Près de 30% de la population mondiale a moins de 15 ans et 7% de plus de 75 ans. 64,3 ans est l’espérance de vie moyenne mondiale. Près de 700 millions de personnes vivent sur les pentes d’un volcan....
La population mondiale va continuer à croître et devrait passer de 6,6 milliards à près de 9,5 milliards en 2050, selon un rapport des Nations Unies. Une augmentation due à 99% aux pays en développement. D’ici à 2050, l’Inde aura dépassé la Chine en tête de la liste des pays les plus peuplés de la planète, et ces deux pays représenteront environ 50% de la population mondiale (contre 40% aujourd’hui vivant sur 8,7% de la surface des terres émergées de notre planète). La croissance démographique sera la plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà des difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leur population.

Dans les pays riches industrialisés, (sauf Etats-Unis), le renouvellement des générations n’est plus assuré. La population de ces pays, d’actuellement 1,2 milliard de personnes, ne devrait pas augmenter d’ici à 2050 - l’ONU prévoit même une baisse démographique dans certains pays comme l’Allemagne, l’Italie ou le Japon.
A l’inverse, la population des pays en voie de développement devrait passer de 5,3 à 7,8 milliards d’habitants d’ici à 2050, expliquant à elle seule l’explosion démographique attendue par l’ONU. Et les taux de croissance démographique les plus élevés se retrouvent dans les pays les moins avancés (PMA), où le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant et l’indice de fécondité moyen est de 5 enfants par femme.
Pendant des millénaires, le monde ne connaissait ni croissance, ni progrès, ni expansion démographique. Le déclenchement de la croissance date de 200 ans environ. L’économie mondiale s’est subitement affolée. 5.000% d’augmentation du PIB en deux siècles ; 800% de hausse du revenu par habitant ; 500% de croissance de la population...

En même temps des inégalités se creusent entre les pays et à l’intérieur des nations. Inégalités qui s’expliqueraient par le système économique adopté, par la colonisation d’une partie du monde...
Au début des années 1800, un Américain était en moyenne trois fois plus riche qu’un Africain. Il est aujourd’hui vingt fois plus riche. Les Etats-Unis avec moins de 5% de la population mondiale représente près de 22% du PIB mondial.

Un monde inégal

Asie Afrique Europe Etats-Unis
Part du PIB mondial, 2000 37.2% 3.1% 26% 21.9%
Part de la population mondiale, 2000 61% 13% 13% 4.9%

Cette croissance économique a aussi ses effets sur l’environnement. On a assisté à un quintuplement des émissions de gaz carbonique depuis 1950, qui provoque le réchauffement climatique et tari les ressources naturelles.
Conséquence, on assiste depuis ces dernières années à une augmentation du prix des denrées alimentaires (près de 75% par rapport à leurs niveaux les plus bas de 2000).
Cette envolée s’explique par la forte demande des pays en voie de développement mais aussi par l’utilisation croissante de produits alimentaires dans la production d’agro-carburants, la cherté des engrais, la faiblesse des stocks et la sécheresse.
En 2007, près de 10% de la production mondiale des produits primaires ont été utilisés dans la fabrication des agro-carburants, qui ont représenté jusqu’à 77% du volume des échanges.
Parmi les pays, gros producteurs d’agro-carburants, les États-Unis ont consacré 20% de leur récolte de maïs, le Brésil 50% de sa production de canne à sucre et l’Union européenne 68% de sa production d’huile végétale, principalement de colza.
L’ampleur de ces ponctions a eu pour effet de réduire les quantités restant disponibles pour la consommation humaine et animale et a contribué aux fortes hausses des prix.
Les cours du blé ont par exemple augmenté de 90% depuis le milieu de 2007. Au niveau de la productivité, elle s’est considérablement améliorée. Des premiers engrais chimique (1830) au tracteur (1890), en passant par la charrue, les innovations agricoles ont fait exploser la productivité des céréaliers. L’exemple du blé américain est édifiant.

Evolution des prix agricoles en 2006-2007 (source : Banque Mondiale)

Evolution des prix agricoles en 2006-2007 (source : Banque Mondiale)
(Indices des prix de produits de base 2003=100)

Autre conséquence du modèle économique actuel, c’est la disparition des forêts. En effet, en 150 ans, la superficie des forêts a diminué de plus d’un tiers. Un phénomène inquiétant, puisque les arbres absorbent le CO2.

Les émissions de CO2 ont explosé entre 1850 et aujourd’hui. Elles ont été multipliées par 100 sur cette période. Les raisons sont le développement des transports individuels mais aussi l’industrie. Principales responsables de l’effet de serre, ces émissions contribuent au réchauffement climatique.

Le modèle actuel met en péril la pérennité écologique de la planète. L’Homme n’a toujours pas trouvé la solution pour faire partagé à tous les fruits du progrès. Près de 6 millions d’enfants dans le monde meurent chaque année de maladies liées à la faim et à la malnutrition et 852 millions de personnes sont actuellement sous-alimentées selon l’agence des Nations Unies pour l’alimentation (FAO).
« La plupart de ces enfants meurent de maladies infectieuses curables, notamment de diarrhée, de pneumonie, du paludisme ou de la rougeole, et qui auraient survécu si leurs constitutions physiques et leurs systèmes immunitaires n’avaient pas été affaiblis par la faim et la malnutrition », indique un communiqué de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et de l’agriculture (FAO).
Risham Badroudine



Madagascar : Importation du riz de l’Inde

Face à la crise du riz, Madagascar a négocié avec l’Inde la livraison d’une cargaison de 50.000 tonnes de riz.
En effet, le prix des produits alimentaires ne cesse de flamber (jusqu’à + 50%). Des pays producteurs de riz comme l’Inde ou le Vietnam ont décidé de suspendre l’exportation. « La demande intérieure de ces pays a augmenté et la Chine est aussi devenue un pays importateur. Ce qui a poussé les autres pays producteurs à être prudents et à interdire leurs exportations de riz », explique Ivihasina Razafimahefa, ministre de l’Economie, du commerce et de l’Industrie. « Le cas de ces 50.000 tonnes est une faveur exceptionnelle accordée à Madagascar, grâce à l’intervention de l’Etat. Il est indispensable de réaliser au plus vite les objectifs de la révolution verte », ajoute-t-il.
Madagascar a pu négocier un prix 20% moins cher que le cours mondial. Par ailleurs, une ligne de crédit de 25 millions de dollars doit être négociée avec une banque indienne pour faciliter les opérations d’importation et d’exportation des secteurs privés, dans le cadre des accords Sud-Sud. Des accords de promotion des investissements ainsi que de non double imposition seront signés entre Madagascar et l’Inde.

R.B.

Chronique économiqueEmeutes de la faim

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