Débat sur l’agriculture à l’occasion de la fête du vacoa à Saint-Philippe

Le pari de récupérer des terres agricoles

16 août 2004

Un peu triste, le débat sur l’agriculture organisé vendredi dernier dans le cadre de la fête du vacoa. Très peu d’agriculteurs avait fait le déplacement. Seule une quinzaine de personnes, en comptant les techniciens et Jean-Baptiste Hoarau de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles, était présente. On a pu pourtant parler de récupération des terres agricoles.

À Saint-Philippe, l’agriculture occupe encore 20 à 25 % des actifs et reste le secteur d’activité le plus important de la commune. Une agriculture diversifiée, essentiellement orientée vers la canne à sucre, la vanille, le palmiste et le vacoa.
La Municipalité essaie donc d’accompagner le développement agricole, en premier lieu, en tentant de récupérer des terres agricoles, et en se basant sur une étude écologique portant sur 2.000 hectares de terre situés au-dessus de 500 mètres d’altitude et classés en zone ND (zone naturelle non équipée). 250 à 300 hectares de friches pourront être récupérés et plantés de canne, de vacoa, de vanille, de cardamone...
Des terres qu’il faudra cependant désenclaver. Et ce n’est pas là le moindre des problèmes. Le bétonnage des chemins de planteurs revient 20% plus cher qu’ailleurs à Saint-Philippe. La Municipalité vient d’en réaliser 6,7 kilomètres pour plus d’un million et demi d’euros en deux ans.
Insuffisant si l’on en croit les problèmes rencontrés par un jeune planteur, Yann Reboul. Ce dernier vient de s’installer sur les terrains de la Trinité et pour sa première coupe, il risque de devoir laisser 150 tonnes de cannes au pied, faute d’un chemin praticable. Mais aussi, il faut bien le dire, à cause d’une mésentente entre planteurs qui relève plus de Clochemerle que d’une politique de développement solidaire.
À l’issue d’un débat embrouillé, une solution provisoire a été esquissée pour la coupe 2004. La Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) qui ne semble pas, de l’avis de Jean-Baptiste Hoarau, utiliser toutes ses prérogatives et toute son autorité pour résoudre définitivement le problème pourrait, en collaboration avec la Municipalité, mettre en place les moyens de réparer le chemin de la Trinité... en priant pour qu’il ne pleuve pas trop, car chaque pluie nécessite une intervention.
Ce débat laisse un arrière goût amer dans la bouche. Il est vrai que la coupe des cannes bat son plein et que les planteurs n’ont pas assez des douze heures de la journée pour leur travail. Il n’empêche que l’agriculture à Saint-Philippe méritait mieux. À moins que cette désaffection ne soit qu’une marque de défiance vis à vis de la Municipalité .

L. M.


Quelques chiffres

Sur les 15.395 hectares de la commune de Saint-Philippe, dont les 3/4 sont gérés par l’Office national des forêts (ONF), la surface agricole utile est de 1.285 hectares dont seulement 1.066 sont exploités. La commune compte 233 exploitations agricoles pour 144 exploitants. Cependant le taux de chômage est de l’ordre de 50 %. Le relief est très accidenté avec des pentes variant de 7 à 30 % et la pluviométrie est importante, de l’ordre de cinq mètres d’eau par an.


Nouveau rapport "accablant" sur la Chambre d’agriculture

La Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) a fait état, hier matin, d’un rapport officiel des bailleurs de fonds sur la situation financière de la Chambre d’agriculture. Pour Jean-Yves Minatchy, ce document "condamne la mauvaise gestion de son président Guy Derand et de son équipe", lequel "a confisqué chez lui le rapport de synthèse accablant de ces bailleurs".
Nous reviendrons sur ces déclarations plus en détail dans notre édition de demain.


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