La Région Réunion assume-t-elle désormais un rôle d’opposant sans concession au gouvernement ?

Le plan d’austérité de Sarkozy a-t-il des répercussions inattendues ?

8 septembre 2012, par Manuel Marchal

Un mois après la rencontre entre Jacqueline Farreyrol et le Premier ministre, le climat s’est brusquement tendu entre la direction UMP de la Région Réunion et les représentants à La Réunion du Parti socialiste français. L’opposition frontale qui se dessine marque-t-elle le coup d’envoi de la campagne des régionales ? Qu’est-ce qui pourrait alors pousser un gouvernement PSF à faciliter la vie à une collectivité UMP ? Le plan d’austérité de Sarkozy aurait-il des répercussions inattendues, notamment sur Matignon 2 signé par Fillon ?

Les observateurs n’ont pas manqué de noter un changement de ton des représentants réunionnais du Parti socialiste français à l’égard de la direction UMP de la Région Réunion qu’ils ont pourtant aidé à installer. En 2010, le maintien de la liste PS au second tour des régionales était le coup de pouce donné à l’UMP pour battre l’Alliance. Puis, lors de la première moitié de la mandature de Didier Robert, de nombreuses convergences ont été notées entre la nouvelle majorité et les élu(e)s socialistes. En Commission permanente, Michel Vergoz, chef de file du PSF, se faisait souvent remarquer dans des prises de position favorables à l’UMP.
Mais ce temps-là semble terminé. 100 jours après l’arrivée d’un président socialiste à la direction de la République, un raidissement vis-à-vis de la Région n’a échappé à personne. Il s’est révélé au grand jour le 28 août dernier lors de la Commission transparence sur les emplois-aidés à la Préfecture.

Procès de la Région à la Commission transparence

Cette rencontre était sous la pression d’une double actualité : la rentrée scolaire au rabais imposée par les réductions d’effectifs d’emplois-aidés, et la manifestation des emplois-verts craignant pour le renouvellement de leur contrat.
Pour les emplois-verts de la Région, une solution avait été trouvée. L’État avait décidé de puiser dans le quota alloué au secteur privé les sommes nécessaires au co-financement des emplois-verts pour le second semestre. Cela permettait de maintenir jusqu’en décembre les emplois, en échange d’une participation plus élevée du Conseil régional au paiement des salaires.
Pour les écoles, tout était loin d’être réglé. En effet, malgré la rallonge de 900 postes accordée par le gouvernement, le nombre de contrats aidés mis à disposition des communes était insuffisant pour assurer le maintien de tous les services habituellement assurés par ce biais. Se posait alors la question de savoir avec qui le gouvernement précédent avait été le plus généreux, au point de mettre en péril le fonctionnement des autres communes.
Mais lors de la Commission transparence, les représentants du PSF ont mené l’offensive contre la Région Réunion. Didier Robert avait-il flairé le coup ? Toujours est-il qu’aucun élu de la Région n’était présent ce jour-là, laissant les accusateurs sans contradicteur.

Attitude d’opposant au gouvernement

Toujours le 28 août, la direction de la Région Réunion prenait la décision de ne pas donner son avis sur le projet de loi sur la régulation économique du nouveau gouvernement. La Collectivité demandait à l’État d’engager une concertation préalable. Paul Vergès avait aussitôt fait remarquer que l’organisation de la consultation relève de la responsabilité de la Région, Collectivité compétente en matière de coordination de l’économie. Entre la date à laquelle la Région a reçu le projet de loi et celle de sa prise de position, il s’était écoulé un mois. Durant toute cette période, la Région n’a rien fait pour organiser le moindre débat sur ce projet de loi. Autrement dit, sa décision découle d’une volonté d’envoyer paître le gouvernement.

Cette attitude avait été également notée, le 26 août, date à laquelle la Région Réunion a redéfini les termes de ses relations avec le nouveau gouvernement. À propos de la baisse des prix des carburants, la collectivité a fait savoir qu’elle ne financera pas la baisse sans compensation à « l’euro près », alors qu’entre mars et juin, elle avait accordé généreusement 16 millions d’euros aux pétroliers, sans rien demander au précédent gouvernement.

De la bonne utilisation des finances de l’État ?

Comment alors expliquer que les amis d’hier deviennent aujourd’hui des adversaires si inconciliables ? Rien n’a été dit sur le contenu de l’entretien entre Jacqueline Farreyrol et le Premier ministre, un mois auparavant, laissant planer toutes sortes d’interprétation. En effet, le 26 juillet, la sénatrice, femme de confiance de Didier Robert, va directement à Matignon rencontrer le Premier ministre. Difficile de croire que l’objet des discussions portait uniquement sur le tourisme ! Sous l’ancien gouvernement, une simple visite au ministère de l’Outre-mer suffisait pour évoquer cela. Cela veut donc dire que si la sénatrice a éprouvé le besoin de rencontrer le Premier ministre, c’est que Victorin Lurel ne pouvait pas s’engager à répondre à la question.

Autrement dit, la sénatrice co-listière de Didier Robert avait besoin d’un éclairage sur un dossier relevant de la compétence du Premier ministre. Pour La Réunion, un seul dossier correspond à ce niveau d’engagement : la part État du financement de la nouvelle route du littoral, actée par la signature de l’ancien Premier ministre François Fillon.

La Région Réunion avait probablement besoin d’être rassurée sur l’engagement du nouveau gouvernement à suivre les consignes de l’UMP qui avait cassé le premier accord Matignon pour supprimer le Tram-Train, une infrastructure de haute qualité environnementale.

La dispute larvée entre la direction de la collectivité et les représentants du Parti socialiste français serait-elle de nature à éclairer sur le résultat de l’entretien. Serait-elle les premières escarmouches pré-régionales qui se profilent à l’horizon ? Ou bien les deux à la fois ?

M.M.

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Messages

  • Je ne vois pas de différence entre un plan d’austérité sous Sarkosy et celui imposé par le gouvernement Ayrault.
    Dans les deux cas, c’est le peuple qui souffre.
    Est-ce que le peuple va l’accepter encore longtemps ?


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