Le MSC Malaysia à La Réunion

Le port-Est a accueilli un porte-conteneurs géant

10 mars 2009, par Risham Badroudine

Le MSC Malaysia a une capacité de 5.000 containers. Le marché réunionnais est actuellement couvert par trois compagnies. Notre île reste totalement dépendante de ces compagnies pour son approvisionnement. Aujourd’hui, la stratégie de ces dernières change du fait de l’évolution des lignes maritimes. Une seule des trois compagnies assure une liaison directe. Se pose aussi la question de notre source d’approvisionnement essentiellement orienté vers l’Europe, et la France en particulier, où les coûts de production sont les plus élevés et représentent un facteur de « vie chère ».

Hier, le port-Est a accueilli le MSC Malaysia, un porte-conteneurs géant, qui mesure près de 300 mètres de long avec une capacité de 5.000 boîtes.
Actuellement, trois grosses compagnies desservent notre île. Sur ces trois compagnies, une seule a gardé une ligne directe. Les deux autres, c’est-à-dire CMA-CGM et MAERKS, font du transbordement respectivement à Djibouti et au Yémen. En effet, étant donné que notre île est éloignée des lignes principales de commerce, on est aujourd’hui tributaire de ces compagnies. Si ces dernières venaient à changer de stratégie commerciale (ce fut le cas de CMA-CGM qui assurait une liaison directe il y a 6 mois), nous n’avons aucun moyen d’agir. D’où l’intérêt d’une compagnie régionale qui serait une réponse à l’évolution des lignes maritimes.

Créer une compagnie régionale

La Réunion est actuellement totalement dépendante de ces compagnies pour son approvisionnement ainsi que pour ses exportations.
Notons également que du fait que les quantités exportées sont faibles, la plupart des porte-conteneurs repartent vides. En effet, notre île importe actuellement pour près de 4 milliards d’euros de marchandises, alors que l’exportation ne représente que 271 millions d’euros. (Voir graphique “Échange extérieur de La Réunion”). Le déficit de notre balance commerciale est actuellement de 3,7 milliards d’euros. Le taux de couverture des échanges extérieurs est à peine de 6%.

Actuellement, l’industrie du transport bénéficie depuis plusieurs années de la forte croissance des échanges internationaux (+8,9 % en 2007), principalement sous l’impulsion des pays du Sud-Est asiatique. Plus de 80% du flux commercial international est assuré par voie maritime. En 2007, le trafic portuaire mondial de conteneurs représentait 336 millions EVP (Conteneurs de Vingt Pieds). Les ports des pays en développement (essentiellement l’Asie) ont de leur côté traité 137 millions EVP, soit 40,7% du volume mondial en 2007.

S’approvisionner là où les coûts de production sont les moins élevés

Or, lorsqu’on analyse nos échanges, on constate que notre île importe essentiellement de l’Europe, et plus particulièrement de France. (Voir graphique “Les principaux fournisseurs de La Réunion”). Cette situation n’a pas changé depuis près de 50 ans. Notre île continue de s’approvisionner vers des pays où les coûts de production sont les plus élevés, alors que l’Asie est devenue une source d’approvisionnement pour la plupart des pays, ce qui explique les nouvelles stratégies des armateurs de porte-conteneurs qui s’orientent vers les pays à forte croissance.
Aujourd’hui, notre source d’approvisionnement est un facteur de vie chère. Il est essentiel de s’approvisionner là où les coûts de production sont moins élevés. La création d’une compagnie régionale serait également une réponse à l’évolution des lignes maritimes mondiales.

Risham Badroudine

Mondialisation

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Messages

  • la CMA CGM tient à apporter des précisions sur son service maritime :
    Soucieuse d’améliorer les conditions de desserte de la zone océan indien en terme de capacité de transport, nous avons mis en place en novembre 2008 un service hebdomadaire entre l’Europe et les iles de l’océan indien , 4 navires de 1700 evp (équivalent 20 pieds) ont été déployés au départ de DJIBOUTI assurant une escale hebdomadaire à Port Victoria, Pointe des Galets, Port Louis, Tamatave et Longoni.
    2 lignes majeures de la CMA CGM relient DJIBOUTI au départ du nord europe et de la méditerranée déployant des navires de plus de 5500 evp de capacité toutes les semaines.
    La plateforme de transbordement interprétée à tort dans votre article comme un désengagement d’une compagnie maritime pour l’océan indien, ouvre aussi aux acteurs économiques de nouvelles perspectives de routes maritimes.
    Que serait le métro parisien sans la station Chatelet les Halles ?

    Par ailleurs, en complément du service dédié océan indien "MASCAREIGNES EXPRESS" que nous avons lancé en 2009, le groupe CMA CGM a ouvert également une nouvelle ligne desservant Mayotte, les Comores et le nord malgache avec la mise en service du navire "ULTIMA " d’une capacité de 450 teus.
    Vous avez parlé de la création d’une compagnie régionale ? la CMA CGM l’a ouverte en ce début 2009.
    valérie SEVENO - directrice de CMA CGM REUNION

    • Vous avez entiérement raison.
      Une compagnie régionale aurait pu voir le jour (voir notre étude pour la CCIR, d’un navire de 215 EVP 14t qui aurait desservi PDG, PLU et TMM) Mais le lancement de MAX (CMA-CGM) a rendu cette étude difficilement envisageable. Sauf a exploiter d’autres dessertes ..oubliées comme Durban.

      Quelques erreurs dans l’article : Maersk transborde a Salalah qui est en Oman (et non au Yemen)

      Claude Lagier
      Docteur en Géographie des transports
      Directeur IOCL


Témoignages - 80e année


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