Sommet international Afrique-Amérique-Asie : unanimité sur un point essentiel

« Le pouvoir économique mondial ne repose plus sur les Etats-Unis, l’Union Européenne et le Japon »

20 mars 2008, par Edith Poulbassia

Les 17 et 18 mars, l’île Maurice a accueilli le sommet international Afrique-Amérique-Asie. Plus de 300 délégations y ont participé pour réfléchir ensemble aux possibilités de coopération Sud-Sud. Rama Sithanen, vice-Premier ministre et ministre des Finances de Maurice, a donné le ton : « le pouvoir économique mondial ne repose plus sur les Etats-Unis, l’Union Européenne et le Japon. La Chine, l’Inde, le Brésil et le Sud-est asiatique sont aujourd’hui à la base de la croissance économique mondiale et du commerce international ».

Environ 300 délégations de pays étrangers étaient présentes lundi et mardi au sommet Afrique-Amérique-Asie qui s’est tenu au Centre international Swami Vivekananda de Pailles, près de Port-Louis. La première édition de ce sommet international avait eu lieu l’année dernière en Afrique du sud, il s’agissait alors du somment CIBA (Chine-Inde-Brésil-Afrique).

Le Conseil en matière d’investissement de l’île Maurice et le Conseil en matière de commerce du Commonwealth (CBC) ont collaboré pour organiser ce sommet mondial, soutenus par la Conférence des nations-unies pour le commerce et le développement (CNUCED). Pendant ces deux jours, les acteurs économiques et les acteurs politiques se sont concertés pour déterminer les moyens de « renforcer la coopération Sud-Sud pour une meilleure croissance économique », thème central de cette rencontre. Au coeur des discussions se trouvaient la question des investissements directs, les échanges commerciaux et l’accès aux finances. « Comment, en effet, accélérer les investissements, le commerce et capacité à s’imposer dans des secteurs ».

Ce sommet était aussi l’occasion pour les acteurs du privé de présenter des projets, et de dénicher des partenaires potentiels. Les pays ont ciblé leurs interventions sur des secteurs : infrastructures, services (le développement d’une économie de services en particulier le tourisme), financements (financement d’opérations commerciales, Capitaux à Haut Risques et Capitaux Propres ; Financement au Développement), les TIC (le développement d’une économie basée sur la connaissance avec l’emphase sur les services liés aux Nouvelles Technologies de l’Information), l’énergie (l’infrastructure : Sources de l’énergie renouvelable, les technologies et les modèles), et l’industrie.

700 millions de dollars investis par la Chine à Maurice

Le Ministre des Finances et du Développement économique de Maurice a annoncé en ouverture du sommet que tous les pays réunis étaient d’accord sur un point : « le pouvoir économique mondial ne repose plus sur les Etats-unis, l’Union Européenne et le Japon. La Chine, l’Inde, le Brésil et le sud-est asiatique sont aujourd’hui à la base de la croissance économique mondiale et du commerce international ».
Dès lors, il revient aux pays en développement et aux pays les moins avancés d’Afrique et de l’Océan Indien de créer les conditions pour attirer les investissements. De efforts ont déjà été consentis, notamment à Madagascar et à Maurice. "L’Express" de Maurice rappelle ainsi que le pays à multiplié les investissements directs depuis 2006, selon les déclarations du premier ministre Navin Ramgoolam.
« Durant la première année de réforme, en 2006, les investissements étrangers directs se sont accrus de 150 %, la seconde année de plus de 50 % et nous espérons un accroissement de 50 % cette année aussi ». D’ailleurs, ce sommet a permis à l’île Maurice d’attirer un investisseur de poids, Dubai Group. 250 millions de dollars iront ainsi au secteur du tourisme et de la banque. Le groupe compte se servir de l’île Maurice pour accéder au marché africain. Idem pour la Chine qui investit en ce moment 700 millions de dollars dans une zone économique de Maurice.
Sur le plan des échanges commerciaux, la coopération est aussi sur la bonne voie même si elle est encore déséquilibrée. Exemple avec l’Asie et l’Afrique. En six ans, de 2000 à 2006, les échanges ont été multipliés par 5. (« de 11 milliards de dollars à 56 milliards de dollars »). Mais au niveau mondial, précise l’Express Maurice, « les exportations de marchandises en provenance de l’Afrique représentent 0,3% du total des exportations. Pour les pays européens, elles représentaient 37%, contre 34% pour l’Asie durant la même année. »

Nourrir la population et satisfaire aux besoins énergétiques

Grâce à aux investissements, les pays en développement et les moins avancés espèrent relever les défis à venir. Réaliser les infrastructures, nourrir la population alors que le coût des aliments flambent, et acquérir une plus grande indépendance énergétique avec la recherche et le développement des énergies renouvelables. Car avant 2030, les besoins mondiaux en énergie auront doublé.
Reste à savoir si ces objectifs seront atteints. Une des grandes interrogations de ce sommet a été de savoir si les investissements ont eu un impact positif sur le niveau de vie des Africains. Force a été de constater que ces flux n’ont pas contribué de façon significative pour le moment à la lutte contre la pauvreté. « Malheureusement, dans plusieurs cas, notamment dans le secteur minier, ces investissements, du moins ceux réalisés ces dernières années ont vu l’introduction de technologies pour lesquelles l’utilisation de ressources humaines est négligeable, sinon inutile. Même si ces dernières sont requises, les travailleurs, pour la plupart, viennent du même pays que les investisseurs ».

Edith Poulbassia

Mondialisation

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