Affaire Sicalait / EARL Ethève

Le TGI a rendu son verdict

24 juillet 2007, par Sophie Périabe

Rappelez-vous de ce conflit qui opposait la Sicalait et l’EARL Ethève, entreprise d’élevage à la Plaine des Cafres. Suite à la présence de la fièvre Q, maladie non réglementée et peu contagieuse d’après les services vétérinaires, dans l’exploitation de Pascal Ethève, la Sicalait avait décidé d’interrompre la collecte de lait chez ce dernier suivant le principe de précaution.

Le Préfet de La Réunion s’était alors saisi de l’affaire et avait décrété un arrêté dont l’article 3 stipulait que « le lait provenant des bovins sans signe clinique peut être livré à la SICALAIT ». L’entreprise Ethève Père et Fils a donc fait valoir cet arrêté ainsi que le règlement intérieur qui l’oblige à livrer la totalité de sa production de lait à la Sicalait et de ce fait, que celle-ci avait obligation de collecter son lait. Le 27 juin dernier, Pascal Ethève fait appel au TGI de St Pierre pour qu’enfin justice lui soit rendue, que la Sicalait recommence à collecter son lait.
L’entreprise Ethève a donc demandé, d’une part, à ce que la Sicalait reprenne la collecte, et ce, sous astreinte de 1.000 euros par jour de retard à compter de la décision du tribunal.
D’autre part, Pascal Ethève a souhaité qu’un expert soit désigné pour examiner tout son cheptel, déterminer les maladies, leur origine ainsi que les responsabilités de chacun.
Dans sa décision rendue le 18 juillet 2007, le juge des référés a décidé qu’il n’y avait pas lieu de condamner la Sicalait sous astreinte à la reprise de la collecte du lait de M. Ethève. Néanmoins, l’éleveur se félicite de la désignation du professeur Gilbert Mouthon de l’école vétérinaire du Val-de-Marne qui sera chargé d’examiner les animaux du cheptel de Pascal Ethève.

La Sicalait devrait reprendre la collecte chez Pascal Ethève

Contactée hier matin, la Sicalait se félicite bien évidemment de la décision de justice rendue le 18 juillet dernier qui lui « donne raison ». Yves Evenet, Directeur de la coopérative, assure qu’il reprendra la collecte du lait de l’entreprise Ethève, dès lors que cette dernière aura « pris ses responsabilités ». « Nous avons adressé un courrier à Monsieur Ethève dans lequel nous précisons la condition sous laquelle nous reprendrons la collecte, c’est-à-dire, la fourniture de documents qui confirme que le lait provient bien d’animaux sains ». La Sicalait demande donc des garanties de la part de l’éleveur et de son vétérinaire.
« Et concernant la désignation de l’expert, nous en sommes très satisfaits, il pourra ainsi établir les conditions générales d’exploitation de l’entreprise Ethève ».
Enfin, Yves Evenet tient à préciser que les décisions à la Sicalait sont prises par son conseil d’administration et non par lui, « il n’y a pas d’abus de pouvoir de ma part », précise-t-il.

Pascal Ethève, contacté également hier matin, nous apprend qu’une réunion avait eu lieu suite à la décision du tribunal et que la Sicalait va reprendre la collecte. « La Sicalait m’a assuré qu’elle allait reprendre mon lait », affirme Pascal Ethève. Nous lui rétorquons que cela sera fait à une condition, « qu’il s’engage à fournir des documents certifiant que le lait provient d’animaux sains ». « Si vous voulez dire ça comme ça, oui », nous répond-il.
Mais c’est surtout la désignation de l’expert qui est une victoire pour l’éleveur. En effet, selon ce dernier, tous les animaux viennent d’un même endroit, la Sicalait ; l’alimentation est gérée par l’Urcoopa, donc « toutes les bêtes sont logées à la même enseigne ».
Selon Pascal Ethève, « 80% des vaches réunionnaises sont contaminées par cette maladie non réglementaire, mais qui reste une maladie quand même. Est-ce que les autres éleveurs déclarent cette maladie ? Toutes les génisses sortent de la Sicalait et ont la même alimentation. Il y a beaucoup d’éleveurs qui ne le disent pas », assure l’éleveur de la Plaine des Cafres.
En tout cas, si jamais la Sicalait se ravisait, Pascal Ethève se dit prêt à passer à la vitesse supérieure, « dans ce cas, il faut arrêter la collecte des autres éleveurs car la fièvre Q est partout », conclut-il.

Selon les vétérinaires, la fièvre Q est une maladie qui ne pose pas de problèmes de santé publique. Normalement, les animaux se soignent très bien, un vaccin existe, et dans la majorité des cas humains, la maladie s’éteint d’elle-même. Alors pourquoi y a-t-il tant de mystères autour de cette maladie ?
Des éleveurs ont déjà manifesté leur inquiétude et alerté les services de l’État, mais apparemment, cette maladie fait encore des siennes.
Il est donc important, aujourd’hui, pour la tranquillité des consommateurs, que les services concernés prennent leur responsabilité et éradiquent « cette maladie qui se soigne très facilement », à moins qu’il y ait autre chose.

Sophie Périabe


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