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Lycée agricole de Saint-Paul - Conférence sur l’agriculture biologique
17 juin 2008
Alors que la semaine écoulée s’est finie dimanche avec le premier salon Bio, à Saint-Gilles, elle a commencé au lycée agricole du Grand Pourpier (Saint-Paul), par une conférence-débat animée mardi par trois militants de l’agriculture biologique et deux invités malgaches pratiquant la culture intensive et biologique du riz. Dans le public : deux classes de Première et des agriculteurs réunionnais.
La rencontre a été organisée par un enseignant du lycée agricole, Alain Ralambondrainy, professeur de biologie, agronomie et écologie, à l’occasion de la venue dans notre île de Hamon Randriamahary, fondateur et directeur de la Laulanié Green University d’Antananarivo, et du Frère Michel Hubert, qui a accompagné depuis le début des années 60 l’action du Père Henri de Laulanié de Sainte-Croix, jésuite et agronome - l’auteur des techniques de culture intensive et biologique du riz - et a poursuivi cette action après la mort du Père jésuite en 1995, en particulier avec l’association Tefy Saina (“forger les esprits”) qu’ils avaient fondée ensemble.
Tefy Saina : 40 ans d’avenir
Avec eux, trois ardents défenseurs de l’agriculture biologique à La Réunion : Claire Chauvet, ingénieur en Environnement et consultante pour le traitement de l’eau, Frédéric Guérin, consultant en agrobiologie et Christian Briard, qui se définit lui-même comme “anthroposophe” (littéralement : la sagesse de l’homme), dans la lignée de Rudolf Steiner - fréquentation qui n’est pas obligatoire pour aborder l’agronomie biologique. Ces trois derniers sont les correspondants à La Réunion du “système de riziculture intensive” (SRI) présenté ici par les deux Malgaches, depuis que Claire Chauvet et Frédéric Guérin ont passé un an dans la Grande Ile à étudier et appuyer les travaux de Tefy Saina et de quelques-unes des associations qu’elle regroupe.
Mieux qu’un long discours, le film projeté aux jeunes leur a fait voir les bonds de productivité que ces techniques ont permis aux Malgaches de faire, le champ-école (saha-sekoly) dans lequel un paysan accueille des apprentis pendant la période des vacances scolaires et leur apprend à confectionner du compost. Tout est fait à partir de produits du pays : la dolomite (un carbonate de calcium et de magnésium) et du “guano” de chauve-souris sont les matériaux de base. Une association affiliée à Tefy Saina confectionne du petit matériel agricole - herses et sarcleuses (à lames fixes, à roue ou à griffe) - très maniables sur petites rizières, ce qui est le cas la plupart du temps. En 2006, ce matériel a pu être amélioré. « A Madagascar, les paysans ne font pas moins de 10 tonnes à l’hectare et souvent le double » a précisé Hamon Randriamahary.
Christian Briard, pragmatique, donne aux jeunes des compléments de lecture (voir encadré) pour leur formation de base, en appui à ce qui est présenté dans le film : en particulier, le soin de l’humus, élément essentiel d’une agriculture durable.
La maîtrise de l’eau
Puis viennent les questions des jeunes : quel effort de capitalisation demande le passage à la culture intensive ? L’agriculture bio est-elle rentable ? Faut-il investir beaucoup ?
Michel Hubert, qui a l’expérience de plus de 45 ans d’agronomie dans la Grande Ile, explique aux jeunes qu’en fait de capitalisation, au départ, il faut surtout de l’huile de coude (et de genoux). « Il faut essentiellement des rizières appropriées, c’est-à-dire aménagées pour la maîtrise de l’eau, ce qui peut se faire dans le temps » explique-t-il. « Le riz se contente de peu. L’essentiel est de le connaître, d’aller dans son sens ». Le repiquage demande plus de travail, parce que les plants sont plus espacés. « Au début, c’est une perte de temps, mais, avec un peu d’entraînement, on gagne en productivité » ajoute Christian Briard.
Pourquoi ce système n’est-il pas mieux appuyé par les autorités malgaches ? A cette question, les réponses sont à plusieurs niveaux, d’après les intervenants. Ce sont des techniques très simples, mais plutôt “révolutionnaires”, qui tournent le dos aux pratiques habituelles des paysans, lesquels ne sont, par ailleurs, jamais très rapides dans l’innovation. C’est ce qui explique que, dans un contexte où la formation a aussi du mal à s’instaurer, moins de 4% des paysans malgaches l’ont adoptée à ce jour.
Dérives d’accapareurs
A un autre niveau, le fait qu’après une trentaine d’années de pratiques indépendantes, les promoteurs du SRI aient été sur le point de signer en 1995 un accord avec l’ancien régime, pour le développement de cette technique, aurait suffi à indisposer le régime libéral instauré après 2002. Il existerait une tendance, dans les institutions agricoles malgaches, à remplacer le SRI par SRA (système rizicole “amélioré”), l’"amélioration" consistant pour certains à remplacer les fertilisants naturels par des intrants chimiques, sur lesquels une petite caste espère réaliser des profits rapides, comme cela se fait dans tout le “monde globalisé”.
Les promoteurs du SRI ne sont évidemment pas d’accord du tout avec ces dérives d’accapareurs. « On peut faire de Madagascar le grenier à grains de l’Océan Indien, par l’agriculture biologique, la riziculture SRI étant complètement “bio” », répondent-ils aux questions des jeunes. Ceux-ci ont bien compris que, dans l’esprit des agronomes malgaches, un système intensif qui utiliserait autre chose que des engrais naturels ne serait plus le SRI.
Agriculture “moderne” et agriculture “d’avenir”
Le centre des questions tournait autour de la “rentabilité” du système, dans un monde où seuls sont valorisés les profits rapides, les systèmes exploitables à court terme, etc... Alors les intervenants ont fait un tableau comparatif, en deux colonnes : d’un côté, l’agriculture agrochimique traditionnelle, ses coûts (intrants chimiques, dérivés du pétrole/ tracteur et carburant/ monoculture/transport). Les “aides” des institutions internationales et, parfois, des gouvernements, vont compenser ces charges : elles ne peuvent rien pour l’amélioration du rendement. A Madagascar, il est de 2 tonnes à l’hectare (moyenne) pour l’agriculture “moderne”, selon les invités malgaches. En culture biologique, il est de 10 à 20 tonnes/ha, sans toutes ces charges qui grèvent les revenus paysans. Et les rizières sont souvent doublées de cultures intercalaires (maïs, petits pois...).
Pour Christian Briard, dont les interventions étaient centrées sur les circuits de la mondialisation, « il faut choisir entre l’agriculture “moderne”, dopée aux produits de synthèse, et “l’agriculture d’avenir”, biologique, garantissant un développement durable ».
On verra avec le temps si ces graines de bon sens ont trouvé un terrain favorable. « Nous sommes venus ici pour partager l’idée que la crise alimentaire dans le monde a une solution, qui est l’agriculture biologique » résume pour sa part Hamon Randriamahary. Son compagnon insiste sur le fait qu’à Madagascar du moins, là où ils ont introduit ces techniques auprès de communautés paysannes, « l’agrobiologie n’est pas qu’une façon de faire, c’est une façon d’être, aux multiples facettes », explique-t-il. « A Mada, nous avons essayé de faire des ”écoles de vie” qui introduisaient dans les programmes officiels le jardinage, le SRI, puis l’artisanat, la broderie... Lorsque l’école obéit à un idéal d’épanouissement de la vie sociale, tout y est possible.
Leur méthode a formé à Madagascar des pionniers du développement rural intégré. « Les jeunes ont compris que, par ce moyen, il y avait une multitude de possibilités de valorisation : dans l’habitat, la cuisine, la médecine, le jardinage... », ajoute Michel Hubert.
La matinée s’est terminée dans des échanges avec les agriculteurs réunionnais présents ou des représentants d’associations agricoles, telle Vimi - une société d’interface pour le transfert mutuel de technologie agricole entre Madagascar et La Réunion.
P. David
Pour aller plus loin :
André Birre, “L’humus, richesse et santé de la terre” (1993)
Joseph-Eugène Stiglitz, “La grande désillusion” (poche, 2003)
Ernst Friedrich Schumacher, “Small is beautiful” (poche)
Sir Albert Howard (1873-1947), “Le Testament agricole”, sa dernière œuvre, résume la pensée de cet agronome et botaniste britannique.
Rush H.P, “La fécondité du sol” (1972) est une réflexion sur les transmutations à faibles énergies, en biologie.
Berland Jean-Pierre et al., “La guerre au vivant”, ouvrage collectif coordonné par un directeur de recherche à l’INRA, qui s’insurge contre la manipulation du vivant, son pillage et sa marchandisation.
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Messages
17 juin 2008, 11:49, par equipe OPERATION SRI MADAGASCAR
Ce commentaire pour faire connaitre le site internet de l’operation SRI MADAGASCAR www.srimadagascar.org Nos amis malgaches sont maintenant retournés à Madagascar avec de nombreux contacts pour des futures collaborations. Au vu du succès de l’opération, nous avons décidé que l’OPERATION SRI MADAGASCAR devienne permanente, nous reflechissons deja a une autre date. N’hesitez pas à consulter notre site www.srimadagascar.org nous allons l’enrichir ces prochains jours et y ajouter divers documents sur le SRI.
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