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Crise financière : quelques détours par la théorie - 5ème partie
29 octobre 2008
Le déficit extérieur américain est l’addition d’un déficit commercial et d’un déficit du compte des opérations de capital. Tous deux sont liés à la satisfaction de la valeur actionnariale. Même avec l’essor des nouvelles technologies de la "New Economy", le niveau de profit nécessaire au rendement des actions exigé par les gestionnaires financiers (return on equity ou ROE), ne pouvait pas être atteint au seul plan interne. Une partie de la base manufacturière des États-Unis a donc été transférée vers les pays à bas salaires et les produits réimportés aux États-Unis. Car ce dont des opérations dont l’initiative appartient aux firmes américaines, Wal-Mart en tête, qui forment la colonne dorsale du déficit commercial. Le faible prix des "wage goods" (biens-salaires) a aidé à la limitation des hausses de salaires, devenant l’un des éléments de viabilité du régime d’accumulation dominé par la finance. Le rapatriement des profits a permis à une partie des firmes cotées à Wall Street d’annoncer des profits consolidés élevés, propres à soutenir le cours de leurs titres et le marché dans son ensemble. Le compte extérieur en capital n’en a pas été excédentaire pour autant. Le maintien d’un cours haussier quasi permanent du marché boursier a exigé un flux continu d’argent frais à Wall Street. Il a fallu combler par l’emprunt le trou budgétaire créé par les réductions d’impôt décidées par Bush. Le passif du compte en capital s’est accru avec la guerre en Irak et a dépassé les recettes pourtant importantes. C’est ce double déficit qui a provoqué la baisse du taux de change du dollar d’année en année, d’abord de façon peu sensible et relativement indolore.
Depuis le mois d’août dernier, le dollar a perdu plus de 10% de sa valeur par rapport aux principales devises mondiales prises dans leur ensemble. La cause en est la crise de confiance provoquée d’abord par les créances hypothécaires pourries vendues par les banques d’investissement de Wall Street aux investisseurs étrangers et même à des banques centrales comme celle de Chine, puis par la situation des banques d’investissement elles-mêmes (la chute la plus brutale a eu lieu le 17 mars lors du sauvetage de dernière minute de la banque Bear Stearns). Mais cette chute s’inscrit dans un mouvement de baisse plus longue et durable. À un moment, en 2002, l’euro valait 86 centimes de dollar. Le 17 mars 2008, le taux de change a avoisiné 1,60 dollars et s’est stabilisé au dessus de 1,58 dollars. Le même mouvement vaut pour le yen. Il vaudrait pour le yuan chinois si n’était le contrôle des changes destiné à limiter l’inflation en Chine. Ce mouvement de baisse n’est pas conjoncturel. Il vient de loin. Il a des racines structurelles qui sont aujourd’hui simplement aggravées par la crise de confiance des non-Américains à l’égard du système financier états-unien.
Un État peut imposer sa propre monnaie comme monnaie internationale aussi longtemps qu’il a une balance des paiements excédentaire, soit parce qu’il est le pays dominant sur le plan industriel et technologique, soit par ses relations impériales particulières. La Grande-Bretagne a eu ces deux attributs avant de les perdre entre la fin du XIXème siècle et la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup de commentateurs méconnaissent les causes et sous-estiment la portée du déficit extérieur américain. Il traduit bien plus que des "erreurs de pilotage". Il résulte de deux processus : le transfert par les grands groupes états-uniens et de la grande distribution vers l’Asie et la Chine en particulier d’une partie de la base industrielle des États-Unis ; la concentration des dépenses de recherche-développement dans un très petit nombre de secteurs, avec une perte de prééminence technologique face à l’Allemagne et au Japon. En dehors du secteur militaire, l’avance technologique des États-Unis ne subsiste plus que dans les télécommunications et certains domaines de la chimie et de la biotechnologie. La baisse du dollar atténue aujourd’hui la perte de compétitivité de la plupart des entreprises de façon très limitée. Il n’y a aucun signe que les grands groupes états-uniens aient l’intention de mettre fin à leur stratégie de délocalisation vers l’Asie. Elle concerne même une partie de leurs investissements en recherche-développement.
Depuis 2000, c’est en Chine que Microsoft a ouvert ses nouveaux centres technologiques. À mesure que l’accumulation se consolide en Chine et la rend indépendante des investissements états-uniens, s’accentuera la nécessité de faire une place à cet État et à sa monnaie dans le système mondial. Pas seulement à l’euro et au yen, mais au yuang. Wall Street en comprendra la nécessité, mais en sera-t-il de même pour Main Street et donc pour les politiciens à Washington ?
Dans l’immédiat, le problème que se posent les banques centrales asiatiques, mais aussi le fonds d’État des pays du Golfe (les "Sovereign Funds") et tous les grands investisseurs hors des États-Unis, est de savoir comment procéder au regard d’une monnaie de réserve qui perd sa valeur si vite. "The Economist" remarque ironiquement que la chute du dollar représente la plus grande annulation de dette jamais pratiquée dans l’histoire du capitalisme hors une révolution, "the biggest default in history" (16). Pour l’instant, les fonds souverains et la Banque de Chine, qui ont subi des pertes importantes pour avoir acheté des "produits synthétiques" contenant des créances subprime, ont adopté la stratégie de secourir des grandes banques états-uniennes, et aussi suisses (UBS et Crédit suisse). Ils ne le font plus en leur consentant des prêts, mais en exigeant une entrée dans le capital à une hauteur permettant d’exercer un droit de contrôle. L’échelle de ce mouvement inquiète Washington, mais aussi Londres et Frankfort (17). Ce n’est qu’un premier épisode. Le sauvetage du système capitaliste comme un tout suppose que les États-Unis reconnaissent qu’ils ne peuvent plus continuer à pomper les ressources du monde à coup de déficits gigantesques et doivent faire leur deuil du système du "semi-étalon dollar" (18). Cela n’aura pas lieu sans crise, crise économique et financière, mais aussi crise politique, internationale et domestique. Le "scénario catastrophe" verrait la baisse du dollar en deçà d’un certain seuil obligeant les banques centrales d’Asie de cesser de soutenir la monnaie américaine. Personne ne le connaît. Elles feront tout, de même que les États du Golfe, pour soutenir le dollar aussi longtemps qu’elles le peuvent. Mais on est dans une situation où de nouvelles défaillances financières graves peuvent pousser les investisseurs financiers à changer de monnaie de réserve. S’ouvre ainsi une période de forte aggravation des conditions d’existence des salariés et des dépossédés et opprimés partout sur la planète, que la crise de surproduction à venir accentuera encore, mais aussi de modifications, difficiles à gérer pour les pays directement concernés et avec des effets "collatéraux" pour les autres, dans les rapports économiques et politiques inter-capitalistes mondiaux.
Fin
Par François Chesnais, économiste, professeur émérite à l’université Paris 13 Villetaneuse
(16) "America’s vulnerable economy", The Economist, 17 novembre 2007, p.13.
(17) Voir par exemple, "The invasion of the sovereign investment funds", The Economist, 19 janvier 2008.
(18) Voir Michel Aglietta et Laurent Berrebi, "Désordres dans le capitalisme mondial", Odile Jacob, Paris, 2007, chapitre XI.
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