Rencontre à la sous-préfecture de Saint-Paul

Les éleveurs des Hauts ont besoin de terres

26 janvier 2005

Leurs vaches sont accusées de “marronner”. Une délégation de sept éleveurs, accompagnés par la députée Huguette Bello, ont été reçus hier par le sous-préfet. Celui-ci a promis de rencontrer les élus locaux pour chercher comment concilier l’élevage bovin avec l’équilibre de la biodiversité.

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Des “vaches marrons”, comme l’affirmait récemment un quotidien local ? Il n’en est rien. Selon les propriétaires des bêtes, reçus en délégation hier matin par Bernard Guérin, le sous-préfet de Saint-Paul, tous les bovins sont marqués, suivis et sont en règle vis-à-vis des services sanitaires.
Les vaches errent certes, mais ce ne sont pas elles qui sont à l’origine de toutes les destructions des arbres, ont expliqué les sept éleveurs, accompagnés hier par la députée Huguette Bello. En tout cas, selon eux, elles en font moins que les cabris.
Jean-Philippe Bourgogne et ses collègues éleveurs de Trois-Bassins et de Saint-Paul ont pu exposer leurs inquiétudes au sous-préfet de Saint-Paul, Bernard Guérin. N’étant pas propriétaires fonciers, les éleveurs des Hauts voient souvent les agents de l’Office national des forêts leur dresser des procès-verbaux. Cause : la divagation des bêtes en dehors des limites autorisées, qui peut poser un problème de santé publique. Lorsque les agents de l’ONF trouvent des bêtes en dehors du périmètre, ils parquent ces dernières et les envoient à l’abattoir ou bien les vendent aux enchères.

"L’animal ne doit pas prévaloir sur l’individu"

La députée Huguette Bello a rappelé que La Réunion a une biodiversité unique : il faut la protéger, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’homme. "L’animal ne doit pas prévaloir sur l’individu, juste pour suivre la mode", commente t-elle.
La Réunion est durement touchée par le chômage, surtout dans les Hauts. On doit permettre à ces éleveurs de vivre de leur métier, et surtout leur donner un outil de travail : la terre. Elle devient de plus en plus rare à La Réunion.
Cependant, comme l’a annoncé le président de la République avant-hier, lors de la conférence sur la biodiversité, un Parc national verra bientôt le jour et cela dès l’année prochaine. Pour la députée, on doit pouvoir trouver une juste mesure pour ne léser personne. Une bonne distribution des terres est nécessaire pour éviter que des agriculteurs ne se retrouvent sans terre.
Cet entretien, demandé par les éleveurs, tombait bien, selon les propres mots du sous-préfet, afin de mettre les choses au point avec ces derniers. Bernard Guérin a déclaré avoir entendu les inquiétudes des agents de l’ONF à propos des bêtes qui divaguent. Environ 800, de La Possession à l’Étang Saint-Leu. Selon un rapport soumis au sous-préfet, les agents de l’ONF déclarent que "les vaches mangent les jeunes pousses".

Cahier de charges

"Faux", répondent les éleveurs, puisque les jeunes pousses sont à l’intérieure d’une clôture. Les éleveurs ont fait part de leur problème, mais la SAFER (Société d’aménagement foncier et rural) et l’ONF les dirigent vers la Chambre d’agriculture, habilitée à défendre leurs intérêts.
Parmi les éleveurs présents à la réunion, certains possèdent jusqu’à 40 bêtes. L’inquiétude des éleveurs atteint son paroxysme notamment à cause du futur Parc national et du projet concernant la réintroduction du cheval à La Réunion (lire notre encadré).
Un autre problème se pose : celui des abattages clandestins que le représentant de l’État et la députée ont tous deux soulevés. "Ce n’est pas la première fois que le problème revient sur la table", certifie le sous-préfet. En mai 2003, les autorités compétentes ont cherché une solution. Une procédure d’attente mise en place, permettait de rechercher les propriétaires des vaches errantes.
Afin d’aider les éleveurs, le sous-préfet va prochainement rencontrer les élus du TCO (Territoire de la côte Ouest), les représentants de la Chambre consulaire pour faire avancer ce dossier et voir comment concilier le maintien de l’élevage bovin avec l’équilibre de la biodiversité.
Le sous-préfet n’a pas arrêté de calendrier précis, mais il a promis aux éleveurs de faire le nécessaire. Pour Huguette Bello, "l’attribution des terres doit se faire de manière équilibrée, et on doit respecter les petits éleveurs", plaide-t-elle.
Le sous-préfet a promis aux éleveurs qu’à mi-avril, une nouvelle rencontre sera organisée et réunira les éleveurs, la SAFER, les élus du TCO, l’ONF, la gendarmerie... pour mettre au point un cahier de charges, pour permettre à tous de s’y retrouver. Quant aux procès-verbaux, Bernard Guérin a assuré aux éleveurs qu’il en discuterait avec l’Office national des forêts.

Sitianlati Daroussi


Un hippodrome à Cambaie : les éleveurs inquiets

Les élus du TCO ont initié le projet de réintroduction du cheval à La Réunion, dans le but de créer un hippodrome. Cette idée inquiète les éleveurs qui craignent une spéculation sur les terres.
Cette réintroduction est à but économique. Aussi, cette filière est plus que souhaitée, dans la mesure où elle créera des emplois et participera au développement économique de l’île.
Le sous-préfet, Bernard Guérin, pense que cette filière a un bel avenir dans l’île. Il a donc suggéré aux éleveurs de réfléchir à une possible participation dans cette aventure. Devant les réticences des éleveurs (il faut beaucoup de capitaux), le sous-préfet assure que des aides leur seront proposées s’ils venaient à se lancer dans cette prochaine et nouvelle aventure.
Pour la députée, "pour ce projet d’élevage, s’il venait à se réaliser, il faudrait en priorité faire appel aux éleveurs", insiste t-elle.


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