Hécatombe chez les vaches laitières

Les éleveurs ont rendez-vous vendredi avec le préfet

3 mai 2006

Les vaches laitières des éleveurs Hoarau ne cessent de succomber aux maladies. Hier matin, au sein de leur étable de Bras Piton à la Plaine des Palmistes, ils ont accueilli Huguette Bello, députée, Marco Boyer, maire de la Plaine des Palmistes et conseiller général, et Marylène Berne, conseillère municipale de l’opposition. Ces exploitants agricoles, aujourd’hui endettés, risquent de mettre la clé sous la porte. Ils chiffrent leurs pertes à 123.000 euros. Au moment où nous écrivons ces lignes, ils n’ont perçu aucune indemnisation. C’est un cas parmi une dizaine d’autres. Vendredi, ils exposeront leur dramatique situation au préfet.

Au lendemain du défilé de la Fête du travail dans les rues de Saint-Denis, la députée Huguette Bello a visité en milieu de matinée les vaches laitières du couple éleveur Reine-Marie et Denis Hoarau. Enfin, ce qui reste de cet élevage situé à Bras Piton à la Plaine des Palmistes.
Sur le site, une odeur ne laisse pas indifférent. Denis Hoarau nous explique que "vendredi de la semaine dernière, un vétérinaire a euthanasié une vache laitière". Depuis 5 jours, la bête se décompose non loin de son étable. Samedi, une autre bête succombe, de quoi ? Le couple d’éleveurs ne le sait pas. L’animal est recouvert de sacs en plastique. Les mouches pullulent. Le couple a contacté le Groupement de défense sanitaire de bétail de La Réunion pour les enlever. Mais jusqu’à hier midi, les bêtes continuaient à se décomposer au soleil.
Cette hécatombe au sein de l’élevage des Hoarau date, mais les autorités de tutelles semblent ignorer le sort de ces petits éleveurs. Hier matin, Reine-Marie et Denis Hoarau ont alerté Huguette Bello, Marco Boyer mais aussi Marylène Berne. Aujourd’hui, ce couple est ruiné. Ils vivent de dons du Secours catholique. Ils sont sur le point d’entamer les démarches pour bénéficier du Revenu minimum d’insertion. Mais de qui se moque-t-on ? Ils ont tout sacrifié et contacté un crédit en cours de remboursement. Ce prêt leur a permis de valoriser 11 hectares de terre et de construire une étable. Cette dernière les normes de sécurité et d’hygiène. La mairie de la Plaine des Palmistes a même construit une voie d’accès.

Action judiciaire contre la Sica Lait

Aujourd’hui, les Hoarau doivent 123.000 euros. L’année dernière, les vaches procuraient 400 à 450 litres de lait quotidiennement. Aujourd’hui seulement 70 litres. Ce lait de haute qualité, ces éleveurs le revendent à la Sica Lait à 0,48 centime d’euro, mais Reine-Marie et Denis Hoarau ne le consomment pas. La viande de volaille la kour et celle des bovins, ils ne les mangent plus. Ces génisses, ils les ont achetées "à la Sica Lait". "75 jours avant cet investissement, les responsables de cette structure laitière devaient nous transmettre la sérologie des génisses. Ils ne l’ont pas effectué", dénonce Denis Hoarau. Cette modalité, il ne la savait pas. Il a porté l’affaire devant le Tribunal de Grande instance de Saint-Denis pour réclamer "à la Sica Lait le remboursement de son investissement, soit 15.000 euros". Il n’a pas obtenu gain de cause. Aujourd’hui, il poursuit son action judiciaire contre la Sica Lait, mais cette fois-ci pour "faux et usage de faux, et vente de marchandise périmée".

Huguette Bello sollicite la Préfecture

Marco Boyer qui suit le dossier, notamment de ces exploitants, interviendra à nouveau auprès de la présidente du Conseil général. Jusqu’à ce jour, ils n’ont perçu aucune indemnisation malgré la constitution de dossiers. Marylène Berne déplore cette situation. "À ce jour, dans le dossier de la grippe aviaire, des éleveurs de volailles ont été indemnisés", constate-t-elle. De quelles maladies souffrent les bovins de ce couple d’éleveurs ? La question est posée. Au cours de cette visite, un autre couple de producteurs de lait, les Rougemont, nous rejoint. En l’espace de 5 ans, il a perdu 88 vaches pleines, la production laitière a chuté. Le montant de cette catastrophe s’élève à 800.000 euros. Les vaches souffrent de tuberculose. Elles succombent une à une.
Les Hoarau comme les Rougemont vont très certainement mettre la clé sous la porte s’ils ne sont pas indemnisés rapidement. Une dizaine d’éleveurs réunionnais actuellement voient leurs vaches mourir de maladie fréquemment. Hier matin, Huguette Bello a sollicité la Préfecture pour un exposé de cette situation sanitaire. Le rendez-vous est fixé à vendredi à 16h30 en présence des éleveurs.


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