Les jeunes de la CGPER étaient hier matin à la Plaine des Cafres avec des éleveurs qu’inquiète une suppression inopinée d’une part importante des aides publiques à l’élevage.
D’après les informations reçues par des éleveurs bovins, ovins et caprins de l’île, suite à la parution d’un arrêté dans le journal officiel du 14 juin 2006, les aides à ces 3 catégories d’élevage pour l’année 2005 sont fortement diminuées dans les Départements d’Outre-mer : 5 primes habituellement versées au 30 juin de l’année suivante sont réduites cette année dans une fourchette 15% à 51%.
Les quelque 500 éleveurs bovins et 70 éleveurs caprins et ovins viennent d’apprendre la nouvelle, qui ne leur avait pas été annoncée.
"Le manque à gagner pour un éleveur de 50 vaches allaitantes sera de l’ordre de 6.000 euros", a relevé hier Éric Soundron, en indiquant que ces primes aux éleveurs "représentent en moyenne 40 à 50% du chiffre d’affaires, soit la moitié du revenu d’un éleveur".
La situation des éleveurs réunionnais étant déjà très tendue, cette nouvelle coupe sombre est dénoncée comme "inquiétante", surtout pour les jeunes éleveurs en phase d’investissement, qui dénoncent "une défaillance des autorités" dans ce dossier. "On nous envoie à l’abattoir", ont-ils protesté hier.
Une réunion avec les responsables de la DAF (Direction de l’Agriculture et de la Forêt) et l’ensemble des partenaires de la filière est annoncée pour jeudi prochain.

 P. D 

Jeunes agriculteurs : "une mesure inadmissible"

Le Président des jeunes agriculteurs, Nicolas Allaguirissamy, a déclaré jeudi matin que "c’est une mesure inadmissible pour notre élevage qui risque de fragiliser les plus jeunes installés qui n’ont pas encore amorti leurs bâtiments, et qui peut remettre en cause toute la logique d’installation des jeunes en élevage". "On ne peut pas d’un côté nous verser des aides qui sont vitales pour faire vivre nos éleveurs et pour soutenir les filières, et 1 an après nous les retirer brutalement", poursuit-il, estimant que l’on prend le risque de "tuer l’élevage réunionnais".

Intervention de Gélita Hoarau auprès du Ministre de l’Agriculture

Redonner confiance aux éleveurs

La sénatrice Gélita Hoarau a adressé hier un courrier à Dominique Bussereau, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche concernant "l’annonce brutale" de la réduction des aides aux éleveurs bovins, caprins et ovins de l’Outre-mer.
Gélita Hoarau rappelle que "cette réduction est très importante. Certains éleveurs voient leurs aides baisser de près de 55%".
Le caractère imprévu de cette diminution provoque des dommages pour la filière. Des éleveurs ont déjà investi "sans tenir compte de cette baisse importante. Ce qui les place en grande difficulté, car c’était en toute confiance qu’ils s’étaient lancés dans le développement de leur élevage". "L’annonce brutale de la forte baisse des aides est un élément de découragement qui peut être fatal à toute la filière", craint la sénatrice qui explique au gouvernement que "près de 1.000 éleveurs" sont concernés par "la baisse de ces aides".
Dans son courrier, Gélita Hoarau demande à Dominique Bussereau de "prendre les mesures nécessaires susceptibles de maintenir les revenus de ces éleveurs". Ceci afin de "les encourager" et de leur "redonner confiance dans la politique de développement impulsée par les pouvoirs publics".

Les raisons de la colère

De sources syndicales, un arrêté ministériel publié le 18 juin dernier dans le "Journal officiel" suscite de vives réactions. Conséquence d’une décision prise au niveau européen, ce texte détermine la réduction des montants à verser à chaque éleveur comme suit :
51% sur les primes à la brebis et à la chèvre,
51% sur les primes supplémentaires à la brebis et à la chèvre,
45,12% sur les paiements supplémentaires dans les secteurs ovin et caprin,
18,62% sur la prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes
40% sur la prime spéciale bovin mâle
15,02% sur le complément extensif
34,65% sur les paiements supplémentaires dans le secteur bovin
40% sur la prime à l’abattage (catégorie veaux et gros bovins).