70ème numéro de l’Observatoire du développement de La Réunion

Les épices : un secteur de qualité en quête de structuration

2 août 2004

Dans son édition du mois de juin, l’Observatoire du développement de La Réunion (O.D.R.) dresse un portrait du secteur des épices et de ses perspectives selon une approche essentiellement qualitative, en s’appuyant principalement sur l’analyse d’entretiens menés auprès d’acteurs du secteur. Nous publions la présentation de l’étude faite par l’Observatoire sur un secteur en quête d’une image de marque pour une commercialisation plus large.

Le secteur des épices à La Réunion peut être divisé en deux segments : d’un côté les épices locales, c’est-à-dire produites à La Réunion, et de l’autre les épices importées, ces dernières représentant une grande partie du secteur. Les épices cultivées à La Réunion ne constituent qu’une très faible part de l’agriculture réunionnaise, tant en termes de surfaces cultivées que de quantités produites. Par conséquent, la seule production d’épices locales ne suffit pas à couvrir l’ensemble du marché.
Après avoir présenté les grands groupes d’acteurs qui évoluent sur le marché des épices, ainsi que les relations qui peuvent exister entre eux, l’ODR a identifié les principaux points forts et points faibles du secteur. Selon l’étude, les atouts majeurs mis en avant sont une bonne image des épices locales, le savoir-faire des opérateurs locaux, ainsi que leur dynamisme. Les principales faiblesses sont une absence d’organisation type filière, des coûts trop élevés, un manque de régularité dans la production, des acteurs locaux insuffisamment engagés à l’export et un manque d’innovation et de créativité dans le packaging.
Le secteur doit également composer avec les opportunités et menaces relatives à son environnement. Les principales opportunités qui s’offrent à lui sont un marché local en progression, une évolution des modes de consommation et une ouverture à l’export. Les dangers qui le menacent sont une forte concurrence des épices importées, une production dépendante des conditions climatiques et des importateurs confrontés à l’isolement géographique.
En s’appuyant sur ces éléments de diagnostic, deux pistes de développement ont été identifiées par l’ODR, pour la croissance à venir du secteur : se positionner sur un marché haut de gamme avec des produits de qualité labellisés et trouver de nouveaux débouchés à l’export.

Quel avenir ?

Au regard des entretiens menés auprès de différents acteurs, le secteur des épices apparaît comme complexe, présentant des atouts sur lesquels s’appuyer - comme une bonne image des épices locales ainsi que le savoir-faire et le dynamisme des opérateurs -, mais faisant également état d’un certain nombre de faiblesses, notamment une absence d’organisation ou de structuration du secteur.
Pour autant, s’il saisit les occasions qui s’offrent à lui, ce secteur dispose d’un potentiel de développement relatif, tant sur le marché local qu’à l’export. En effet si, à première vue, les épices locales peuvent sembler menacées, notamment à cause de l’augmentation croissante des importations, le secteur dans son ensemble peut bénéficier de certains facteurs positifs pour se développer.
Sur le marché réunionnais, il existe une demande à satisfaire, selon l’étude. À travers les changements dans les modes de consommation apparaît une clientèle à la recherche de nouveautés et d’épices moins traditionnelles. Ce segment pourra notamment être couvert par les épices importées. D’autre part, il existe une clientèle locale et touristique demandeuse de produits haut de gamme et de qualité, niche qui pourrait davantage être explorée par les artisans réunionnais.
À l’export, se fait également ressentir une certaine demande pour des produits traditionnels de haute qualité, ce qui peut constituer un débouché non négligeable pour les produits locaux, indique encore l’ODR. Pour se positionner sur ces niches, les acteurs doivent adopter une véritable stratégie de différenciation de leurs produits, en construisant une image de marque, notamment avec la mise en place d’un label qualité, et sans négliger la possibilité de commercialisation via l’Internet.


Les épices : métissage de la population

Les épices sont des substances d’origine végétale, aromatique ou piquante, servant à l’assaisonnement des mets, dont la connaissance remonte à plusieurs siècles. Elles sont introduites à La Réunion dès le XVIIIème siècle. À l’époque, La Réunion est une étape nécessaire sur la Route des Indes, et son image est associée aux épices.
Les épices, peu à peu introduites à La Réunion, reflètent à elles seules le métissage de sa population. Le gingembre et le piment sont amenés par les Malgaches. Avec les Indiens ont été apportées toutes les épices et aromates dont regorge le sous-continent : curcuma (safran péi), cannelle, quatre-épices...
Pierre Poivre, intendant des Îles de France et de Bourbon et chasseur d’épices, introduit la culture des girofliers et des muscadiers au milieu du XVIIIème siècle. Avec l’afflux de main-d’œuvre indienne arrivent ensuite des mélanges épicés uniques tels que le curry et le massalé. Enfin, au début du XXème siècle, en s’installant à La Réunion, les Chinois amènent avec eux des épices comme l’anis étoilé (1).

(1) “Épices, aromates, condiments et assaisonnements de l’Île de La Réunion”, collection Trésors d’Outre-mer.


Étude de cinq épices

Aujourd’hui, bien que les variétés d’épices cultivées à La Réunion ne soient plus très nombreuses, les épices restent un élément incontournable de la cuisine créole réunionnaise, dans laquelle on décèle diverses influences du monde entier. De par leur histoire et leurs origines, leurs couleurs et leurs arômes, les épices nous transportent et nous font rêver.
Mais au-delà du rêve, les épices incarnent également une réalité à La Réunion, faisant vivre tout un secteur, bien que ce dernier ne représente qu’une très faible part de l’agriculture réunionnaise. L’objectif de cette étude est de proposer un portrait du secteur des épices à La Réunion et de ses perspectives, en s’appuyant principalement sur l’analyse d’entretiens menés auprès de différents acteurs du secteur.
La diversité des épices est telle que l’Observatoire n’a pu toutes les prendre en compte. Le champ de l’étude recouvre principalement les épices suivantes : curcuma, piment, vanille, gingembre et baie rose.
La première partie de l’étude est consacrée à la présentation du secteur des épices. Après avoir apporté quelques éléments chiffrés sur le secteur, l’Observatoire fait un tour d’horizon des principaux groupes d’acteurs et identifie les principales forces et faiblesses propres au secteur.
Dans la seconde partie, l’ODR s’appuie sur la mise en évidence des opportunités et menaces relatives à l’environnement du secteur, pour proposer quelques pistes de développement organisées autour de deux grands axes : se positionner sur un marché haut de gamme avec des produits de qualité et trouver de nouveaux débouchés à l’export.


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