Emmanuel Lemagnen

’Les métiers d’art ont de l’avenir’

11 octobre 2005

Le conseiller régional Emmanuel Lemagnen, vice-président de la Commission du développement économique, est aussi l’un des co-fondateurs de “arts et tradition” et des “Expo Fait-Main” qui ont fait les riches heures de l’artisanat et de l’artisanat d’art à La Réunion. Avec le transfert de compétence de ce secteur du Département à la Région, il devient un élément pivot de sa structuration et de son essor. Il répond ici à 4 questions de “Témoignages” sur l’avenir de la filière.

Tém. Vous avez réuni la semaine dernière plusieurs pièces des lauréats précédents des concours annuels des métiers d’art. Comment voyez-vous l’avenir de ce concours dans le cadre du transfert de compétence ?

- EL : Les pièces réunies montrent d’une part la grande diversité des métiers - de la forge au travail du bois, de la pierre aux luminaires... Et la qualité des objets, si on les compare aux travaux d’artisanat des années 93-95, révèle un immense fossé. Les progrès faits ces dix dernières années sont époustouflants. Nous avons lancé la semaine dernière le concours 2005 des métiers d’art et, en tant que Délégué régional de la SEMA (Société d’encouragement des métiers d’art) et commissaire départemental du Meilleur Ouvrier de France, je pense que beaucoup des objets fabriqués dans le cadre des concours partiront au Salon du Louvre, pour la Biennale des Métiers d’Art de décembre 2006. Dès cette année, nous demandons aux artisans de chercher à s’adapter aux tendances du moment et de l’époque, en anticipant dès maintenant sur les “tendances 2006”.

Tém : Quels sont vos objectifs pour 2006 précisément ?

- EL : Pour la filière, ce sera celle du bilan et du tracé de nouvelles perspectives. La collectivité va faire un point d’étape de toutes les aides régionales. Nous avons désormais une compétence complète : nous devons donner un nouvel élan à la filière, avec un devoir d’efficacité d’autant plus élevé. Nous avons dégagé trois thèmes principaux qui vont guider notre action : 1/la formation, avec la création, au CFA de l’Ouest, de l’Institut régional des Métiers d’Art (IRMA) ; 2/ la distribution, avec au début 2006 l’inauguration de la gare routière rénovée de Saint-Denis. Nous allons y installer trois types de magasins dédiés aux métiers d’art : un magasin “trempli”, un “professionnel” et un magasin “haut niveau”. Enfin, le troisième axe est celui de la structuration des métiers d’art, dont nous allons poursuivre et décliner les thématisations par micro-régions. Dès 2006, la Chambre de Métiers sera dotée d’une mission “Métiers d’art”, adossée à un club de partenaires, c’est-à-dire un groupement dans lequel ont trouvera aussi bien le CTR et les organismes du tourisme que “Arts et tradition”, etc...
Il nous faut aussi rechercher à harmoniser des dynamiques. Par exemple, en même temps qu’il sera au Carrousel du Louvre en 2006, le lauréat du concours 2005 sera pendant un an dans l’espace de communication ouvert par le prix “Flamboyant d’or” décerné dans le concours du CTR.

Tém. Vous disiez que vous demandez aux artisans d’anticiper sur les tendances de l’époque. Que pouvez-vous dire de ces tendances ?

- EL : On voit deux grands secteurs se développer en ce moment à La Réunion : celui de la décoration intérieure, qui représente un marché en expansion importante ; et celui du souvenir touristique. À ce dernier propos, il faut observer que nous sommes la seule île de l’océan Indien qui n’a pas développé deux types de production distincte : une pour le marché intérieur et une pour le touriste. Ici, les touristes achètent le surplus de la production réunionnaise. Nous avons à la fois le devoir de l’aider à augmenter et de lui permettre d’évoluer, en apprenant à anticiper beaucoup plus.

Tém. Comment se présente le concours 2005 ?

- EL : Il y aura, comme les fois précédentes depuis 2001, deux catégories : un prix pour professionnels (d’une dotation de 6.000 euros) et un prix “Espoir” (doté de 3.000 euros). Nous avons cette année une centaine de candidats. Les premiers prix sont bien dotés, par rapport à ce qui se fait ailleurs et les précédentes années, on a vu des 1er prix “Espoir” s’installer à leur compte par une utilisation intelligente de la dotation. Je peux citer par exemple Jean-Marie Turpin, sculpteur de pierre, installé à Saint-Paul et Marie-Dominique Fleury, peintre sur céramique à Sainte-Marie.
Toujours en ce qui concerne cette catégorie espoir, le message que je voudrais faire passer est qu’il faudrait que cela permette surtout à des jeunes de se lancer. Il n’est pas trop normal de retrouver cinq années de suite une même personne en catégorie “Espoir”, à mon avis. Donc c’est quelque chose à quoi nous allons veiller.
Enfin, toutes les œuvres du concours 2005 seront dans un stand de 100 mètres carrés au prochain Salon “Fait Main” de la Rivière Saint-Louis, les 2-3 et 4 décembre. Le 2 décembre sera le jour du vote du public et le 3, celui du jury de professionnels et des institutions. Les résultats seront annoncés le samedi midi et une réception aura lieu à la Région le même jour dans l’après-midi. Pour les artisans, cette reconnaissance institutionnelle est importante. Les métiers d’art ont de l’avenir.

P. David


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