La colonisation se poursuit sous une autre forme

Les pays africains sont les bailleurs de fonds de l’Occident

23 juin 2009, par Manuel Marchal

Les anciennes puissances coloniales viennent acheter à bas prix des matières premières sur le continent africain, les transforment en Europe ou en Amérique du Nord, et revendent ensuite les produits transformés au prix fort aux pays africains. C’est ce qu’a rappelé le président de l’Ouganda. Cela explique pourquoi ce sont les Africains qui sont les bailleurs de fonds des Occidentaux, et pas le contraire.

Lors de la signature de l’accord créant l’union douanière du COMESA le 14 juin, le Président ougandais Museveni a encouragé les Etats membres à transformer sur place les matières premières. "Les Afriques" rapporte cet exemple cité par le chef d’État : son pays ne perçoit qu’un dollar américain par kilo de grains de café exporté vers le Royaume-Uni, contre 20 dollars par kilogramme de café pour le pays bénéficiaire. « Les pays africains sont les vrais bailleurs de fonds parce que nous donnons nos matières premières à l’Occident qui utilise nos ressources pour ensuite transformer nos produits que nous allons nous-mêmes acheter à un prix plus élevé », a-t-il notamment déclaré, selon notre confrère.
Il est en effet une expression qui est très connue et employée sur le continent africain, c’est celle de « bailleurs de fonds ». Derrière ce nom se trouvent des institutions internationales, ou des États souverains situés la plupart du temps dans l’hémisphère Nord, et qui sont la continuité administrative des anciennes puissances coloniales. FMI, Banque mondiale, USAID ou FED sont des émanations des pays du Nord. En tant que bailleurs de fonds, ils financent des projets dans les pays qui ont dû subir la colonisation. Ces fonds sont souvent alloués en échange de conditions. Ce sont par exemple les fameux « plans d’ajustement structurels » qui sont en réalité des moyens de renforcer le contrôle du secteur privé des pays du Nord sur l’activité économique et les matières premières du Sud.
À travers l’exemple des grains de café, le président de l’Ouganda met le doigt sur le maintien d’une domination issue de la colonisation, et qui continue de piller les pays qui ont subi la colonisation.

Les emplois délocalisés dans l’hémisphère Nord

Si un kilo de grain de café ne coûte qu’un dollar, c’est parce que son prix est fixé par un marché géré selon les normes de l’Occident, sur lequel les pays producteurs n’ont aucun contrôle. Ce café est ensuite exporté vers des centres de transformation situés en Europe où sont créés des emplois qualifiés pour réaliser ce travail. Le produit fini est ensuite revendu 20 fois le prix de la matière première dans le pays qui produit cette matière première, mais qui n’a pas la possibilité de la valoriser.
La différence entre le prix de vente du produit fini et le prix d’achat de la matière première permet à l’Occident de faire financer son développement par les pays producteurs de matière première, c’est-à-dire les pays du Sud.
C’est principalement ce pillage commencé voici un demi-millénaire qui permet à 20% des habitants de la planète de vivre dans la société de consommation, pendant que 80% de l’humanité est exploitée pour pérenniser cette inégalité dramatique.

Manuel Marchal


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus