Les petits artisans tirent la sonnette d’alarme

11 juillet 2008, par Sophie Périabe

Face aux difficultés que rencontrent aujourd’hui bon nombre de petites entreprises du BTP, la CAPEB interpelle les pouvoirs publics. Si rien n’est fait pour les aider, les artisans menacent de passer à la vitesse supérieure et de descendre dans la rue pour faire entendre leurs revendications.

Les artisans du BTP se sont réunis à Saint-Leu pour une conférence de presse de la CAPEB.
(photo SP)

Inquiets étaient les artisans du BTP réunis avant-hier à Saint-Leu pour une conférence de presse de la CAPEB. Le rapport du ministère des Finances sur les niches fiscales d’avril dernier remet-il en cause la défiscalisation ? Va-t-elle être plafonnée ou disparaître ? Les artisans sont dans l’expectative. Il faut savoir que la défiscalisation (réduction d’impôt) a permis à de nombreuses petites entreprises d’investir et donc de renouveler leur matériel, de restructurer leur entreprise, etc... Soit en investissant elles-mêmes, si elles en avaient les moyens, soit en passant par des sociétés type SNC (société en nom collectif) qui leur prêtaient les fonds nécessaires à l’investissement en échange de quoi les artisans leur cédaient leur réduction d’impôt. Mais dans le même temps, les effets pervers de la défiscalisation pèsent sur la bonne marche des petites entreprises. Jocelyn De Lavergne, président d’honneur de la CAPEB, dénonce le sort des petites entreprises qui vivent désormais au dépens des grands groupes du BTP à La Réunion. « Sur les chantiers de la route des Tamarins par exemple, la demande était tellement forte que plusieurs entreprises ont investi dans du matériel de chantier, souvent en lieu et place des principaux titulaires de tel ou tel marché. En effet, les grands groupes du BTP sous-traitent les chantiers aux petites entreprises. Cette situation a engendré une baisse tarifaire du prix de location des engins de chantiers ». Actuellement, la location d’une pelle mécanique se loue aux alentours de 27 euros de l’heure avec le chauffeur, soit l’équivalent du prix moyen de l’heure de main d’œuvre. Et pour investir dans ces engins, de nombreuses entreprises ont emprunté sur 5 ans, et à l’approche de la fin du chantier de la route des Tamarins, les artisans sont inquiets et nombre d’entre eux seront contraints, à très court terme, de se mettre en redressement ou liquidation judiciaire. La CAPEB demande aujourd’hui que la défiscalisation ne soit maintenue que pour les petites entreprises (moins de 50 salariés). « Les grosses entreprises trouveront toujours un moyen de défiscaliser. Aujourd’hui, elles viennent sur tous nos marchés et imposent les prix ; elles s’enrichissent sur le dos des petites entreprises », souligne Jocelyn De Lavergne. Selon la CAPEB, de nombreuses petites entreprises sont en train de mourir, de nombreuses personnes se retrouvent au chômage. Les petits artisans du BTP interpellent donc les pouvoirs publics et notamment Yves Jégo, qui est dans l’île cette semaine, pour que leurs revendications soient prises en considération. « Actuellement, les négociations ne se font qu’avec les grands groupes et donc dans leurs propres intérêts », selon la CAPEB. Il ne faut pas oublier que La Réunion compte plus de 3.000 petites entreprises qui emploient environ 20.000 ouvriers et leur avenir est aujourd’hui en péril.

SP


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