Vente au déballage de la grande distribution

Les petits commerçants manifestent le 27 octobre

17 octobre 2008, par Edith Poulbassia

Les petits commerçants vont manifester le 27 octobre, de l’hôtel de ville à la préfecture, pour protester contre la vente au déballage déjà entamé par les magasins Jumbo Score. Le même jour, une réunion est programmée pour la mise en place d’un gasoil professionnel pour les transporteurs.

La Fédaction, organisation syndicale des très petites entreprises (TPE), appelle à la manifestation le 27 octobre devant la préfecture. Une motion y sera déposée. « Nous faisons appel au préfet pour aider les très petites entreprises, et sauver les emplois. 94% des emplois sont assurés par les TPE. Et perdre deux heures pour manifester, c’est préserver 15 à 20% de leur chiffre d’affaires », affirme Ibrahim Patel, président de la Fédaction.
L’heure est au mécontentement. Après les transporteurs, les taxiteurs et les ambulanciers qui protestaient la semaine dernière contre la hausse des prix des carburants, c’est au tour des petits commerçants de rejoindre le mouvement.
La Fédaction s’oppose à la vente au déballage des grandes surfaces. Elle affirme que des demandes d’autorisation ont été envoyées à la Chambre de commerce et d’industrie pour la période du 1er au 23 décembre, demandes qui auraient reçues un avis favorable. Et qui a provoqué hier l’incompréhension des petits commerçants, soutenus par les transporteurs : « quand est-ce que nous aurons une chambre consulaire qui se bat pour l’ensemble des petits commerçants en train de mourir ? », pouvait-on entendre. Même critique envers le patronat, accusé de « ne penser qu’à son business ».

« Jumbo Score s’engouffre dans le texte de loi de modernisation de l’économie. A Saint-Benoît, Sainte-Marie, Saint-Paul, Saint-Pierre, le Port, les grandes surfaces ont reçues l’avis favorable de la CCIR », pour la vente au déballage, affirme Ibrahim Patel. La Fédaction exprimer ainsi sa crainte pour les petits commerçants, notamment pour les marchands de fruits et légumes. « De Saint-Benoît à Sainte-Marie, il y a 500 commerçants de fruits et légumes. Mais pas seulement. Les groupes comme Champion et Ayot sont aussi concurrencés, les marchés forains, les commerçants qui ont des autorisations temporaires pour vendre sur les trottoir. Ces grandes surfaces sont en train de tout faire pour gagner toujours plus », regrette Ibrahim Patel.

Ces grandes surfaces sont en train de tout faire pour gagner toujours plus », regrette Ibrahim Patel.
(photo EP)

14 magasins du groupe Vindémia ont créé de nouvelles surfaces de vente sur ses parkings, profitant ainsi de la loi de modernisation de l’économie. « Je suis allé voir », raconte Freddy Lenders, chargé de communication du Syndicat réunionnais du commerce alimentaire de proximité (SYRCAP), « on n’y vend pas que du matériel de plein air. On y trouve de la bière, du coca, du riz, et même de la lessive. Bientôt l’alimentaire et pourquoi pas le textile ».
Ibrahim Patel a appelé toutes les petites entreprises à faire preuve de solidarité dans ce contexte de récession.

EP


Réaction du Président, Eric Magamootoo suite a la conférence de presse de la Fédaction sur la vente au déballage

Toutes les périodes de crise entrainent la montée des corporatismes et du populisme.
Ces maux représentent un grand danger car ils portent en eux les intolérances, les égoïsmes et le rejet des solidarités.
Ces non valeurs sont contraires à l’idée que je me fais de La Réunion et du monde économique.
Il est normal que face à la crise de surproduction des letchis en fin d’année, nous puissions donner un coup de main à nos amis agriculteurs et producteurs locaux et je propose même, que les acteurs économiques des centres-villes participent à cet effort de solidarité en organisant des animations sur le thème "fruits et terroir réunionnais".
Par ailleurs, je crois à l’efficacité d’un travail de fond pour développer le commerce de proximité.
C’est ainsi, qu’avec le Ministre du Commerce et de l’Artisanat, la CCI Réunion travaille sur un plan de relance du commerce de proximité.
Avec l’ensemble des maires, de Saint-Pierre, de Saint-Denis, du Port, etc... nous avons entamé des actions concrètes afin de régler la problématique du "no parking, no business".
Aujourd’hui, ma principale préoccupation et celle de l’équipe qui travaille à mes côtés à la CCI Réunion, c’est : comment traverser la crise ?
Nous intervenons actuellement :
auprès des organismes sociaux et fiscaux pour la mise en place de moratoires.
auprès des banques pour que le crédit continue à accompagner les besoins des entreprises,
auprès du Gouvernement pour que les décrets de la Loi de Modernisation de l’Economie préservent les équilibres entre les différentes formes de commerce,
Enfin, nous allons agir afin de nous faire entendre sur le dossier de l’ouverture des commerces le dimanche car le projet tel qu’il est présenté apparaît comme contraire à la préservation du tissu commercial de proximité.
En conclusion, nous avons tant de dossiers importants et de fond sur lesquels nous devons nous mobiliser, qu’il me paraît absolument nécessaire de faire preuve de rassemblement et non de division.



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