“L’Économie de La Réunion” publie son bilan pour l’année 2003

Les plus faibles touchés plus fortement...

29 juillet 2004

« Le creux de la vague », titre la revue économique de l’INSEE à La Réunion, qui analyse le bilan économique de l’année 2003 dans notre pays. Une situation qui touche d’abord et plus fortement les ménages les plus défavorisés.

Alors que l’ANPE parle d’une baisse du nombre de demandeurs d’emploi, l’“Économie de La Réunion” révèle, d’après une enquête de l’INSEE, une hausse du taux de chômage au 2ème trimestre 2003.

Dans le numéro du 2ème trimestre 2004 de “L’Économie de La Réunion”, le bulletin de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) dresse le bilan économique de l’année 2003 dans notre île. "La morosité a cédé la place au milieu de l’année à une amorce de reprise, après deux ans d’atonie. Sur l’ensemble de l’année, la croissance reste cependant modérée", écrit la revue.
C’est ainsi que "la dynamique des revenus salariaux s’est essoufflée" et que "les revenus sociaux n’ont pas bénéficié cette année des fortes augmentations liées au rattrapage des barèmes du RMI".
Du coup, "les dépenses en biens de consommation ont été peu dynamiques". Et pourtant, "les ménages (ceux qui en ont les moyens - NDLR) ont fortement investi dans le logement à la faveur de taux d’intérêt historiquement bas".
Conséquence, "le secteur du bâtiment a fait une très bonne année avec une production de logements neufs exceptionnels et d’importants projets de construction à usage d’activité". L’étude fait état de 11.437 logements neufs, soit une augmentation de 17% par rapport à l’année précédente.
Cependant, cette progression des logements neufs doit plus à la demande individuelle libre qu’aux opérations sociales. La demande individuelle libre s’est développée grâce à des "aides en faveur des propriétaires privés [qui] proviennent essentiellement de l’État pour un montant de 15 millions d’euros, et du Département pour une somme de près de 10 millions d’euros". Le logement social jouit d’une situation beaucoup moins nette, même s’il connaît un "regain" dû en partie "à un effet de stock des logements financés lors des exercices précédents".

Augmentation du chômage

Quand la dynamique des revenus salariaux s’essouffle, la croissance aussi est à la peine. "La panne de croissance est sensible", note l’étude, même si ses rédacteurs constatent qu’elle a été plus importante en Europe.
Les conséquences de cette évolution sont immédiates et s’enchaînent. Ainsi, les entreprises ont différé leurs projets d’investissements, ralenti leur production, perdu des parts de marché au profit des produits importés, les créations de postes se sont raréfiés dans le secteur marchand, et le chômage - en dépit de toutes les triturations de chiffres - a augmenté en 2003 pour la première fois depuis 1998. Aux dernières nouvelles, la création d’emplois se redresserait au fil des mois, mais elle ne compensera évidemment pas les arrivées annuelles sur le marché du travail.
"L’industrie, branche la plus exposée à la concurrence internationale, est la plus touchée par le ralentissement conjoncturel", écrivent les auteurs de l’étude. Il n’en va pas de même pour l’artisanat.
L’activité de ce secteur affiche une hausse, dans le bâtiment, nous avons vu pourquoi plus haut, mais aussi dans les services. Son volume d’affaires a augmenté d’environ 6,5% pour atteindre 1,07 milliard d’euros.
L’effectif des salariés, apprentis compris, a connu une hausse parallèle qui s’affiche à 6,4% pour atteindre 21.341 emplois. Les secteurs les plus dynamiques ont été le travail des métaux, le second œuvre du bâtiment, la mécanique automobile et plus largement les services.
On ne peut que constater qu’aujourd’hui, les plus défavorisés sont plus touchés que les autres. Ce sont ceux qui n’ont pas profité ou si peu des baisses d’impôts décrétés par Jacques Chirac et le gouvernement Raffarin ; qui ont souffert du ralentissement des revenus sociaux ; qui constatent que la part des logements sociaux qui devrait leur être affecté diminue par rapport à une hausse des logements privés inaccessibles ; qui seront - eux ou leurs enfants - touchés par l’augmentation du taux de chômage...

Synthèse : L. M.


Premier trimestre 2004

Légère augmentation des demandeurs d’emploi

La reprise économique, qu’il convient toujours de relativiser, annoncée par “L’Économie de La Réunion” pour cette année (voir notre article) semble confirmée par le bulletin trimestriel de conjoncture de mai 2004 édité par l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IÉDOM).
Un certain nombre de clignotants sont au vert dans l’enquête de conjoncture du 1er trimestre : augmentation de la TVA collectée (+ 9,4% par rapport au premier trimestre 2003), des encours des crédits à l’habitat (7,7% en rythme annuel) et à la consommation (+ 5,4% en rythme annuel), des ventes de véhicules utilitaires et industriels (+9,8% par rapport au 1er trimestre 2003)...
Mais des difficultés subsistent et touchent malheureusement à l’emploi : baisse des résultats de la pêche, dont les difficultés s’amplifient, et des fruits et légumes ; contraction de l’activité dans l’industrie manufacturière et les services marchands ; stagnation des secteurs hôteliers et des loueurs de voitures, alors que l’on enregistre une hausse du trafic aérien...
Conséquence : "La hausse sensible des effectifs observée au dernier trimestre 2003 s’est ralentie au premier trimestre de l’année 2004 (...). Ces indicateurs sont corroborés par les chiffres des ASSEDIC relatifs à la population des demandeurs d’emploi en fin de mois pour les catégories 1, 2 et 3, en légère hausse au premier trimestre 2004 (+ 242 demandeurs d’emploi) par rapport au trimestre précédent".
Au final, selon l’IÉDOM, "la conjoncture au premier trimestre 2004 à La Réunion est restée bien orientée (...) La consommation et l’investissement des acteurs réunionnais (ménages et entreprises) restent soutenus quoique moins dynamiques qu’en fin d’année 2003". Cependant, "pour le second trimestre, les chefs d’entreprise anticipent plutôt une dégradation du courant d’affaire dans l’ensemble des secteurs, à l’exception de l’industrie agro-alimentaire, du tourisme et des services marchands".


An plis ke sa

Les comptes économiques 2000
"L’économie réunionnaise a connu une légère inflexion en 200O, après une année 1999 particulièrement florissante. La croissance est restée stimulée par le dynamisme de la consommation des ménages, mais a subi les effets dépressifs d’une forte poussée des importations", affirme, dans “l’Économie de La Réunion”, Alexandre Gautier, responsable des comptes économiques à la direction régionale de l’INSEE.

Créations d’entreprises
La Réunion est une des régions de France et d’Outre-mer où les créations d’entreprises sont les plus nombreuses. Mais également celle où leur survie est la plus courte. Cependant, l’année 2003 a été une bonne année. Environ 4.900 entreprises ont été créées, contre 4.400 en 2002 et 4.450 en 2001. Avec une augmentation de 1% par rapport à l’année précédente pour les structures de production, note Olivier Canillac, volontaire civil à l’aide technique à la direction régionale de l’INSEE.

Bâtiment et travaux publics
La programmation budgétaire en 2004 devrait permettre une amélioration des investissements routiers. La Région-Réunion a prévu une enveloppe de 47 millions d’euros, dont 20 millions pour les travaux à engager sur la route des Tamarins. De plus, à la poursuite du basculement des eaux, il faudra ajouter les projets d’infrastructures portuaires. Des programmes universitaires devraient aussi débuter en 2004 : aménagement d’une cité universitaire au Moufia, résidences universitaires à Saint-Pierre et au Tampon, nouvelle bibliothèque de sciences au Moufia, restructuration de l’IAE (Institut d’administration des entreprises) à Saint-Denis, 3ème et 4ème tranche de l’IUT (Institut universitaire de technologie) de Saint-Pierre et réalisation du parc technologique universitaire à la Bretagne. Et cela, sans compter la réalisation d’équipements administratifs, culturels et de loisirs entreprise par les collectivités.


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