Près de 30.000 demandes en attente

Livret A : Où sont les logements sociaux financés par les épargnants réunionnais ?

21 juillet 2009, par Risham Badroudine

Dans notre édition du 18 juillet 2009, nous avons montré que le taux du Livret A passera de 1,75% à 1,25%. Si en France, les épargnants peuvent se consoler en se disant qu’ils ont échappé à une baisse beaucoup plus forte, ce n’est pas le cas à La Réunion où le taux d’inflation est plus élevé. En plaçant leur économie sur un Livret A, les Réunionnais sont donc victimes d’une perte de pouvoir d’achat.

Rappelons que le taux d’inflation a toujours été supérieur à La Réunion comparé à la France. En plaçant leur économie sur un Livret A, les Réunionnais sont donc victimes d’une perte de pouvoir d’achat de leur épargne.
Le taux du Livret A aurait du être plus élevé à La Réunion car nous avons un taux d’inflation positif (+0,4%) et non négatif comme en France (-0,3% : situation de désinflation, c’est-à-dire de baisse des prix). Si à 1,25%, « c’est encore un gain pour l’épargnant français », comme l’a précisé Mme Lagarde, ce n’est pas le cas pour l’épargnant réunionnais. Celui-ci n’aurait-il pas droit au même gain que l’épargnant français ?
Du fait de la faible différence entre le taux du Livret A et le taux d’inflation à La Réunion, l’épargnant réunionnais est même victime d’une perte de pouvoir d’achat sur ses économies après déduction des frais bancaires liés à la tenue du compte.

Au-delà des chiffres, le Livret A est le seul produit d’épargne que notre société offre au petit revenu. Rappelons que ces petits épargnants ne sont pas des spéculateurs. Actuellement, il y a à La Réunion près de 500.000 comptes sur Livret A ouverts pour un encours (1) moyen de 1.201 euros. Cela représente donc un encours total de près de 600 millions d’euros placé sur ce type de compte. Ce sont les revenus modestes qui sont pour la plupart titulaires d’un compte sur Livret A du fait qu’ils ne sont pas détenteurs d’un compte courant. L’État utilise donc les économies des petits épargnants pour financer des logements sociaux qui leur sont destinés.

Logement sociaux insuffisants

En effet, les encours du Livret A servent principalement au développement et à la rénovation des logements sociaux. Ce sont donc les revenus modestes qui financent ces logements. Mais comme le montrent les chiffres, on construit près de 2.000 logements sociaux à La Réunion, alors que la demande est de près de 6.000 par an et près de 30.000 en attente. (Voir graphique “Logements sociaux neufs livrés”).

Au moment où l’on parle de cohésion sociale, sur quel lien repose-t-elle ? En baissant le taux du Livret A et surtout sans prendre en considération la réalité réunionnaise où le taux d’inflation est plus de 3 fois supèrieur au taux en France, on n’encourage pas l’effort à l’épargne. D’une part, on incite les petits revenus à retirer le peu d’économie constituée au fil des années et d’aller dépenser dans la consommation, et de l’autre, la construction des logements sociaux est en baisse, alors que la demande est forte sur notre île où 1 Réunionnais sur 2 vit avec moins de 790 euros par mois. Ces mêmes petits revenus sont donc privés de logements sociaux.
De plus, pour ses petits revenus, au-delà de la perte financière, cette situation est déstabilisante car le Livret A est le seul endroit où ils pouvaient mettre leurs modestes économies en sécurité.

Risham Badroudine

(1) (finances) Ensemble des effets remis à une banque qui ne sont pas encore arrivés à échéance. (www.le-dictionnaire.com).


Comment fonctionne le Livret A ?

La Caisse des Dépôts et Consignations est chargée de gérer, à prix coûtant, c’est-à-dire sans se rémunérer elle-même, l’argent de la plupart des livrets réglementés. Il s’agit du Livret A, mais aussi du Livret bleu.
La Caisse des Dépôts assure le versement des intérêts à l’épargnant et une commission aux organismes collecteurs (Banques, Poste et Caisse d’Épargne). En échange, elle place l’argent sur les marchés financiers. Ces placements doivent être très sûrs, car elle ne peut pas se permettre de perdre l’argent des petits épargnants. Ils doivent aussi être très liquides : chaque épargnant doit pouvoir retirer l’argent de son Livret A quand bon lui semble. Les sommes collectées sont surtout placées en bons du Trésor, en obligations très sûres et, pour une petite part, en actions. Grâce à la rémunération de ces placements, la Caisse des Dépôts est en mesure d’accorder des prêts à long terme, voire à très long terme, sur 60 ans, destinés au logement social.

R.B.

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