Malgré le chik, la croissance reste dynamique

6 juillet 2007

L’année 2006 a été marquée par la crise du chikungunya, avec les menaces qu’elle a fait peser sur l’économie de la Réunion. Malgré tout, il semble que ses effets ont été limités. C’est ce qui ressort du bilan économique pour l’année 2006 présenté hier par L’I.E.D.O.M et l’I.N.S.E.E. La croissance reste dynamique, malgré un secteur touristique affaibli. L’I.E.D.O.M l’explique par la hausse des investissements publics et la consommation des ménages.

Photo P.D.

La croissance économique de La Réunion pour l’année 2006 reste élevée, et ce malgré l’épidémie de chikungunya qui a pénalisé le tourisme, le BTP au premier trimestre, et la consommation au premier semestre 2006. Le PIB (Produit Intérieur Brut) a progressé à un rythme de 4%, soit une valeur de 12.720 millions d’euros. Par comparaison avec la métropole, il s’agit d’une progression « presque deux fois plus rapide », souligne Nadine Jourdan, chef de la division comptes économiques à l’INSEE.
Comment expliquer cette croissance ? « L’investissement demeure très élevé et atteint un niveau jamais réalisé par le passé », explique Nadine Jourdan. L’investissement est ainsi estimé à plus de 3 milliards d’euros. Grâce tout d’abord à l’investissement public, avec plus de 30% de hausse. Le chantier de la Route des Tamarins, la poursuite du chantier de l’irrigation du littoral ouest, la mise en chantier d’investissements structurants dans le secteur portuaire, la santé et l’éducation portent à un total de 850 millions d’euros les investissements de l’État et des collectivités locales. Les investissements des entreprises privées restent dynamiques, malgré une légère baisse. Les ménages ont investi 700 millions d’euros dans le logement, ce qui reste important, sans être exceptionnel.

Une accélération des prix qui pèse sur les ménages

Autre facteur d’explication, la consommation des ménages, « traditionnellement le principal moteur de l’économie réunionnaise ». Certes, le chikungunya a freiné la consommation au premier trimestre et elle ne procure que 2,2 points de croissance pour l’année. A noter que 7300 emplois ont été créés en 2006, en majorité par le secteur marchand. « L’amélioration du marché de l’emploi permet une croissance soutenue des revenus, ce qui profite à la consommation des ménages, malgré une hausse des prix qui atténue les gains de pouvoir d’achat », explique le rapport annuel de l’IEDOM. En effet, la hausse du pouvoir d’achat des ménages a perdu 0,6 point par rapport à 2005.
Le PIB pour l’année 2006 perd ainsi 0,9 points à cause des effets du chikungunya sur l’économie, mais aussi de la hausse des prix qui se poursuit. « En 2006, pour la deuxième année consécutive, les prix accélèrent, explique Nadine Jourdan. La hausse des prix à la consommation atteint +2,6% en moyenne après +2,2% en 2005 ; elle concerne surtout les produits pétroliers, les transports, les loyers et les produits frais. » Alors que l’indice des prix national ralentit, à La Réunion il continue d’augmenter. Le pouvoir d’achat des ménages a donc progressé moins rapidement qu’en 2005 à cause de l’augmentation des prix. Cependant, « les achats de biens de consommation pour l’équipement du foyer, la vidéo, l’habillement, la pharmacie demeurent dynamiques en 2006 », précise le bilan économique de l’Insee. Les ventes de véhicules de tourisme ont chuté de 13,8% (absence de salon) et la facture énergétique des ménages s’est alourdie malgré une baisse de l’utilisation de produits pétroliers (les prix ont progressé de 10,7%, les Réunionnais ont baissé leur consommation d’essence de 6,7%).

Le tourisme paie un lourd tribut, le BTP bat des records

La crise sanitaire a de fortes conséquences sur le secteur touristique et les activités qui lui sont liés. Ce sont 130.000 touristes (extérieurs) en moins pour l’année 2006, soit une baisse de 31,8% de la fréquentation. Seulement 278.800 touristes sont venus dans l’île l’année dernière. Par comparaison avec Maurice, 788.300 touristes ont été accueillis, soit une croissance réelle de 3,5%. « Les recettes touristiques extérieures chutent de 27%, les nuitées de 32%. Très exposée, l’hôtellerie a subi la crise de plein fouet. La chute des effectifs salariés de l’hôtellerie est estimée à plus de 20% en moyenne sur l’année, celle de leur masse salariale à plus de 10% », précise Nadine Jourdan. La restauration est moins touchée. Les activités de transport de voyageurs, les industries agroalimentaires sont aussi concernées.
Personnel atteint par l’épidémie, difficulté de circulation sur la Route du littoral, le BTP n’a pas commencé l’année en beauté avec des retards dans les chantiers et les livraisons. Cette année encore, comme en 2005, le BTP crée de l’emploi. « Sur l’année, la Caisse des Congés Payés du BTP recensait 20.442 salariés en moyenne, déclarés par les entreprises du secteur, soit 2.500 salariés de plus et une progression de 14% par rapport à 2005 », souligne Frédéric Lorion, directeur de la CERBTP dans le bilan économique de l’Insee. C’est grâce aux investissements publics et privés pour les grands chantiers, que le BTP recrute massivement. Un dynamisme qui entraîne aussi d’autres secteurs comme les services aux entreprises, le transport des marchandises, l’industrie manufacturière, qui ont dû répondre à la hausse d’activité.

Edith Poulbassia


An plis ke sa

Les prestations sociales
Les prestations sociales sont une composante importante du revenu des ménages. Les revenus sont améliorés par les salaires, avec une hausse de la masse salariale. Le montant des prestations versées par la CAF atteint 1.294 millions d’euros. Une hausse de 4,7%, comparable à 2005. Pour l’Assédic, les prestations versées reculent de 8%. Soit 328 millions d’euros versés en 2006.

Le PIB par habitant
Le PIB par habitant à La Réunion progresse de 5,2% plus vite qu’au rythme moyen observé au cours des dix dernières années. (+4,6% en moyenne par an entre 1995 et 2005). Il s’accroît aussi plus vite qu’au niveau national (+3,7%) et donc poursuit lentement son rattrapage. Notamment, grâce à une hausse de la population moins rapide en 2006 qu’en 2005.


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