Patrimoine végétal

Mangues avec un “s” comme succulentes

31 janvier 2005

Tout faire connaître sur la mangue... C’est le défi du livre “Mangues de La Réunion, origines, histoire, caractéristiques, usages culinaires”, écrit par Didier Vincenot et sorti chez Océan Éditions.

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La Chambre d’agriculture développe un partenariat très serré avec le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le Développement (CIRAD).
Depuis plusieurs années, les agents du développement fruitier ont effectué un travail de recensement des variétés de mangues cultivées dans les vergers professionnels de l’île.
C’est à partir de ce travail que l’auteur, Didier Vincenot, a écrit “Mangues de La Réunion, origines, histoire, caractéristiques, usages culinaires”. En publiant ce beau livre, Océan Éditions inaugure une nouvelle collection “Patrimoine Végétal”, dont le second titre pourrait porter sur la vanille.

Une cinquantaine de mangues

"Si deux ou trois mangues seulement se retrouvent sur les étals comme l’Américaine, la José et l’Auguste, il existe une cinquantaine de mangues cultivées", note d’emblée Didier Vincenot, qui souhaite que ce livre soit "un point de départ" pour les remettre en circulation.
Une dizaine d’entre elles seraient selon lui intéressantes économiquement, notamment pour permettre d’agrandir la saison, passant d’un novembre - janvier à un octobre - mai. Pour avoir des mangues toute l’année, Didier Vincenot pense qu’il est possible pour les producteurs, sans modifier les surfaces, d’intercaler de nouvelles variétés qui donneraient des mangues durant les périodes creuses.
Jocelyne Lauret, conseillère régionale et présidente du Comité de tourisme de La Réunion, explique que la Région a soutenu "ce travail de recherche sur l’origine des mangues", car l’ouvrage permet de "se pencher culturellement sur le patrimoine végétal réunionnais". Elle espère elle aussi que ce livre haut en couleurs remette les mangues oubliées au goût du jour.
Le Conseil général a également apporté son soutien à cette publication, ainsi que le CENTHOR, qui vous propose, outre le cocktail Soho Mangue, des recettes sucrées ou salées comme : Chutney mangue à la tomate, salade fraîcheur, salade de crevette à la mangue, mangues sauvages à l’indienne, sauté de porc aux deux mangues, mangue carotte la morue, rougail mangue, le gratin José, mangue panaché à la grenadille, soufflé glacé, recette de tisaneur.
Mais ne soyez pas induits en erreur, il ne s’agit pas d’un livre de cuisine, c’est plutôt une sorte d’encyclopédie de la mangue, comme l’indiquent le titre et son sous-titre. Chaque variété est décrite en détail, en photo, en croquis.

Incomparables

La variété la plus ancienne a été amenée par les humains à La Réunion depuis le bassin asiatique aux environs des années 1770. Les plus vieux arbres sont toujours là, au verger de l’Étang Saint-Paul, le berceau donc.
La Chambre d’agriculture a invité des producteurs à la présentation du livre. Ceux-ci soulèvent les problèmes très importants qu’ils rencontrent pour réussir l’exportation de leurs fruits et s’inquiètent du monopole de la mangue américaine.
Les professionnels savent cependant qu’ils disposent d’une niche de grande qualité. La mangue réunionnaise coûte cher, mais c’est la meilleure au monde, elle possède une qualité gustative incomparable. De plus, elle respecte le cahier des charges du logo européen RUP.
La Chambre d’agriculture, comme l’indiquait Alain Cataye, mise sur la transformation des fruits pour réussir à tous les écouler.
Si l’exportation est difficile, à cause de la concurrence des grands exportateurs, les agriculteurs savent que localement, en plus du marché des producteurs, il est possible de vendre plus de mangues à La Réunion. Ils sont pour l’instant hors du marché de la restauration scolaire et des hôpitaux. Mais pour réussir l’exportation, il faut, selon Alain Cataye, "penser en termes de regroupement, comme pour l’ananas".

Eiffel


Sauvegarder et multiplier les mangues réunionnaises

Ingénieur agronome, Didier Vincenot est chargé par le service d’utilité agricole de développement de la Chambre d’agriculture de La Réunion, de développer auprès des arboriculteurs des méthodes alternatives de production et de promouvoir ces techniques (production intégrée, lutte biologique) par la formation et la publication.
Il est également co-auteur d’un livre édité par le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le Développement (CIRAD) : “Les auxiliaires des cultures fruitières à l’île de La Réunion”.
En dehors de l’intérêt que ce livre peut susciter pour le grand public, pour l’auteur, l’objectif de ce livre est aussi de "sensibiliser les pépiniéristes et les arboriculteurs à l’intérêt de préserver et de multiplier les variétés de mangue encore présentes, dont la plupart risquent de disparaître définitivement en raison de l’absence de programme de multiplication et de promotion".
"Le CIRAD coordonne actuellement un projet de collection des différentes variétés de mangues décrites dans l’ouvrage", ajoute-t-il, "les centres d’expérimentations de l’ARMEFLHOR et du Lycée agricole de Saint-Paul se préparent à la recevoir à des fins d’études comportementales".
Selon lui, "les pépiniéristes auront un rôle très important à jouer, puisqu’ils assureront la multiplication. Ce travail pourra être étendu à d’autres espèces végétales avec pour ambition de créer un conservatoire de biodiversité agricole de l’océan Indien".
Un projet auquel les collectivités devraient apporter leur soutien.


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