500 millions d’euros d’aides de l’État à Maurice pour le tourisme : objectifs 1 million de touristes en 2022, 1,4 million en 2023

Maurice sortira renforcée de la crise COVID-19, et La Réunion ?

10 mai 2022, par Manuel Marchal

Face à la pandémie de coronavirus, Maurice a mis en place une stratégie bien différente de La Réunion avec la fermeture des frontières pendant 18 mois et 500 millions d’euros de fonds publics mauriciens pour payer la moitié des salaires et financer des investissements pendant le plus fort de la crise. Résultat : Maurice sortira renforcée de la crise COVID-19 et pense accueillir dès l’année prochaine le même nombre de touristes qu’avant la pandémie, soit 1,4 million de personnes, l’équivalent de la population de l’île Maurice.

Avant de rencontrer le préfet et la présidente de la Région, la délégation mauricienne conduite par le vice-Premier ministre Steven Obeegadoo a tenu à rencontrer les médias de La Réunion. Cette conférence de presse a permis de rappeler la stratégie mise en œuvre chez nos voisins pour faire face à la pandémie. Bien différente de celle imposée aux Réunionnais, la stratégie mauricienne permet à l’île sœur de sortir renforcée de la crise sanitaire.

Toujours la crise sanitaire à La Réunion

A La Réunion, la crise COVID-19 est encore loin d’être terminée. Notre île dénombre officiellement plus de 10.000 cas par semaine ainsi que plusieurs décès hebdomadaires. Plus de 700 morts sont officiellement à déplorer alors que selon l’INSEE, notre île a connu une augmentation de 42 % du nombre de décès entre janvier et avril 2022 par rapport à la même période en 2019.
Cette situation dramatique est le résultat d’une politique : laisser le coronavirus et ses variants entrer à La Réunion. Cette politique est illustrée par la volonté de laisser entrer les passagers venant d’Europe sans quarantaine ni tests de dépistage à l’arrivée. Les autorités sanitaires refusent d’ailleurs de communiquer le nombre de cas de coronavirus importés par des passagers, et cela depuis 14 semaines. En Afrique australe et particulièrement dans l’océan Indien, La Réunion apparaît donc clairement comme le pays ayant le plus mal géré la crise COVID, en raison de décisions imposées par un pouvoir parisien dont le centre principal d’intérêt n’est pas le développement de La Réunion.

« L’absolue nécessité d’une compagnie aérienne nationale »

A Maurice, les Mauriciens ne peuvent compter avant tout que sur eux-mêmes pour développer leur pays. Ceci explique sans doute pourquoi la stratégie était totalement différente.
Dès que la pandémie de coronavirus a atteint notre région, Maurice a fermé ses frontières. Les personnes admises sur le territoire devaient observer une quarantaine de deux semaines très strictes. La réouverture des frontières s’est faite de manière progressive, en fonction de l’évolution de la pandémie au plan international. Parallèlement, une intense campagne de vaccination a permis à plus de 90 % de la population adulte d’avoir un schéma vaccinal complet, tandis que les deux-tiers de la population éligible a reçu une troisième dose.
Pendant que les frontières étaient fermées, toute l’industrie touristique était à l’arrêt. Le gouvernement mauricien a alors assuré le paiement de 50 % des salaires des travailleurs au chômage technique. Ce fut un effort de 223 millions d’euros. Cette aide a permis de limiter les licenciements. Dans le même temps, Air Mauritius a été restructurée. La flotte et le personnel ont été réduits, et les activités de la compagnie ont été intégrées à l’aéroportuaire. Ceci correspond à un besoin : « l’absolue nécessité d’une compagnie aérienne nationale ».
Par ailleurs, l’État mauricien a financé un plan d’investissement pour le tourisme, à hauteur de 319 millions d’euros. Ceci a donc permis de mettre à profit la fermeture des hôtels pour les moderniser, et pour investir dans la formation. Ces plus de 500 millions d’euros représentent l’équivalent de la moitié du budget de la Région ou du Département de La Réunion. C’est dire l’effort considérable qui a été accompli par nos voisins, car ils ont conscience que le tourisme est un pilier de leur économie, et que de nombreuses familles en dépendent.

Contraste saisissant avec La Réunion

Cela signifie que la période d’arrêt causée par la COVID-19 a été mise à profit par nos voisins pour faire progresser leur industrie touristique. La stratégie « zéro COVID » à Maurice permet de limiter aujourd’hui le nombre de nouvelles contamination à un millier de nouveaux cas par semaine, dix fois moins qu’à La Réunion, avec pour conséquence un impact très faible sur le système de santé. Cela permet à Steven Obeegadoo de souligner que l’île Maurice est considérée comme un des pays qui a le mieux géré la crise COVID en Afrique, le contraste est donc saisissant avec La Réunion.
Sur cette base, Maurice prévoit d’accueillir dès cette année 1 million de touristes. Son ambition est de renouer dès l’année prochaine avec le pic de fréquentation observé avant la pandémie de coronavirus, c’est-à-dire 1,4 million de touristes en 2023.
Conclusion : Maurice sortira renforcée de la crise COVID, selon son vice-Premier ministre. C’est la conséquence d’une stratégie adaptée à la situation du pays, visant à limiter au maximum l’impact d’une crise sanitaire mondiale.

M.M.

A la Une de l’actuCoronavirusLuttes pour l’emploi

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus