La surrémunération contribue beaucoup à la vie chère à La Réunion
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Près de 7 ans après la création de la SCOOP pour sauver des emplois et un procédé unique à La Réunion, MHP est toujours là
13 décembre 2024, par
En mars 2017, Profilages, filiale d’Arcelor Mittal fermait son atelier de huisseries métalliques. Arcelor Mittal affirmait que l’atelier n’était plus rentable. Des travailleurs de l’atelier se sont organisés pour sauver leur emploi et un avoir-faire de 30 ans. Ils créèrent la société coopérative Métallerie Huisseries Péi (MHP). Près de 7 ans plus tard, trois associés-fondateurs sont partis en retraite à taux plein et MHP a une activité suffisante pour faire vivre 8 associés-salariés.
« Des cols blancs avaient dit à des cols bleus : vous n’êtes pas rentable, nous fermons votre atelier. Nous avons repris notre atelier et sept ans plus tard, nous sommes toujours là. C’est une fierté pour nous. MHP est une entreprise d’utilité publique » : c’est ce que déclare Pascal Lambes, co-gérant de la société coopérative Métallerie Huisseries Péi (MHP).
MHP est le résultat de la mobilisation de travailleurs réunionnais pour sauver leur emploi à La Réunion, et garder dans notre île un savoir-faire qu’ils étaient les seuls à détenir grâce à un process sans équivalent. Mais pour les actionnaires d’Arcelor Mittal, la priorité est le profit, pas l’intérêt de La Réunion. Les travailleurs ont alors anticipé l’échéance en choisissant de fonder une SCOOP. Arcelor Mittal ferma l’atelier huisseries métalliques de Profilages le 31 mars 2017. Moins d’une semaine plus tard, MHP commençait son activité à son siège, situé dans la zone industrielle du Port-Est. Les travailleurs étaient désormais maîtres de leur production, ils n’étaient plus sous la coupe d’actionnaires ne pensant qu’au profit. Leur avenir dépendait uniquement de leur stratégie.
La principale production est un système permettant d’adapter une porte aux normes anti-incendie avec serrure trois points sans avoir à démonter le châssis inséré dans le mur. Ce produit est particulièrement destiné aux logements sociaux à rénover. « Il y a 45 000 personnes en attente d’un logement social, et 50 000 logements sociaux à réhabiliter », indique Pascal Lambes. La demande est importante. Sans l’initiative des anciens travailleurs de l’atelier huisseries métalliques d’Arcelor Mittal, ce savoir-faire était perdu pour La Réunion. Cela aurait rendu notre pays totalement indépendant aux importations. Fort heureusement, grâce à ces travailleurs, ce n’est pas le cas. Ainsi, quand le trafic maritime était perturbé à cause de la crise COVID et du début de la guerre en Ukraine, MHP a pu répondre à la demande des sociétés qui se fournissaient par les importations. Sans le savoir-faire préservé par MHP, toutes ces entreprises n’auraient pu travailler avec toutes les conséquences que cela implique.
« Nous sommes huit associés et nous avons décidé de nous payer tous le même salaire, le SMIC. Nous travaillons tous 35 heures par semaine. A la fin de l’année, si nous avons des bénéfices, alors nous partageons à parts égales », explique Pascal Lambes, « un associé à une voix, et nous organisons des assemblées générales où sont prises les grandes décisions ». Cette répartition dépasse les responsabilités respectives. Associés gérants et associés affectés à la production touchent le même salaire et ont droit aux mêmes bénéfices.
Chaque année, MHP est auditée par un cabinet indépendant. Ce dernier épluche les compte-rendus des assemblées générales, ainsi que les comptes de la société. La validation par ce cabinet indépendant permet à MHP de figurer sur la liste des SCOOP établie par le ministère du Travail. Cette reconnaissance souligne la bonne gestion de la société qui paie sans retard ses fournisseurs et ses cotisations sociales.
Depuis la création de MHP, trois associés fondateurs sont partis à la retraite et ont quitté la SCOOP. « Ils sont partis à la retraite à taux plein grâce à la SCOOP », précise Pascal Lambes. En effet, au moment de leur licenciement à quelques années de la retraite par la filiale d’Arcelor-Mittal, sans la SCOOP ils auraient été au chômage avec de faibles perspectives d’emploi. Ce sont en effet les travailleurs les plus âgés qui sont les plus touchés par le chômage à La Réunion, avec les jeunes.
« Nous ne devons rien à personne. Nous sommes indépendants. Les fournisseurs nous font confiance », souligne Pascal Lambes.
Dans la zone d’activité du Port-Est, le bruit des machines rythme la journée. Des travailleurs sont fiers de produire pour La Réunion. Cela est possible grâce à la force de leur conviction pour préserver leur emploi et garder à La Réunion un produit nécessaire à la réhabilitation des logements sociaux. Sans eux, la dépendance de notre pays se serait encore accentuée.
Au bout de près de sept années d’existence, MHP illustre la capacité de Réunionnais à s’organiser pour garder l’activité et l’emploi dans notre pays alors que des actionnaires voulaient tout délocaliser pour augmenter leurs profits.
C’est un exemple dont les Réunionnais peuvent être fiers.
M.M.
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