Reconnaissance des compétences réunionnaises

Métiers d’art : les portes sont ouvertes, il faut aller de l’avant

22 février 2005

L’Artisanat de La Réunion se fait connaître ailleurs et veut se mesurer aux autres, laisser l’empreinte réunionnaise. Un niveau excellent a déjà été atteint. Pour le parfaire, le Conseil régional mise sur l’implantation d’un Institut régional des métiers d’arts.

(Page 9)

La Région a désormais compétence en matière d’Artisanat, ce dont se félicite Emmanuel Lemagnen, président de la commission Développement économique, invitant les partenaires de la filière à nouer des relations privilégiées avec la collectivité régionale.
Très appréciée à Paris lors de la Journée nationale des métiers d’art, La Réunion est désormais invitée à venir "expliquer sa politique de développement des métiers d’arts par rapport à l’aménagement du territoire", et Emmanuel Lemagnen est fier de pouvoir ainsi "partager une expérience réussie".

Se confronter à l’échelle mondiale

L’Artisanat réunionnais se distingue aussi au Québec. Pour le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat, Jocelyn de Lavergne : "ce n’est pas facile de vendre, ni de se faire connaître. Comment savoir ce que les nord-américains souhaitent comme produits ? Les artisans ont pu faire connaître leur travail et partir à la conquête d’un nouveau marché".
La Réunion était présente pour la première fois à Montréal, au Salon des métiers d’arts du Québec, pour se faire valoir dans différents domaines : bijouterie, verrerie, vêtements, instruments de musique, confitures, confiserie, lampes et luminaires. Max Lebon de la Chambre de métiers et de l’artisanat estime que La Réunion a su "se confronter à l’excellence nord-américaine" et qu’elle a réussi à "concrétiser un partenariat dans le domaine de la formation". Le voyage se situant dans le cadre d’un échange, les Québécois viendront à leur tour dans notre île bientôt.

Reconnaissance et échanges de techniques

Les six artisans le confirment, les produits exposés là-bas ont été reconnus par leur originalité et leur qualité, certains ont été sollicités pour des défilés. Beaucoup d’entre eux ont trouvé des galeries intéressées au Québec, comme aux États-Unis. Pour eux, cette immersion a été riche humainement et professionnellement, comme en témoigne Mylène Bonneville qui a même été interviewée par TV7, télé canadienne. Elle a trouvé lors de ce salon un agent pour ses bijoux et un tisserand pour son travail du feutre. Elle continue à communiquer avec les artisans québécois qui lui fournissent énormément d’informations techniques.
À 16.000 kilomètres, le Québec ne représente pas un marché intéressant, mais selon Emmanuel Lemagnen, "la distance, qui cause un coût inabordable, est un avantage en termes d’échange de techniques sans risque de concurrence".

Exotisme et excellence

L’Artisanat réunionnais était également présent à la 3ème édition du Carrousel du Louvre en décembre. Dany Martin, présidente d’Arts et Tradition, fait part d’un succès grandissant. Le stand de l’association présentait treize artisans, cinq autres, déjà des habitués, évoluent désormais de manière autonome, dont l’artiste peintre Charly Lesquelin qui y connaît un franc succès. La Chambre de métiers et de l’artisanat d’Ile-de-France voudrait venir à La Réunion en 2005 et invite d’ores et déjà les Réunionnais à être présents à la prochaine édition en 2006. Emmanuel Lemagnen note que "La Réunion a mieux marché que l’ensemble des exposants, notre image cultive exotisme et excellence, nos produits sont à la fois étonnamment ressemblants et étrangers pour le public français".
Si tout va bien à l’extérieur, à l’intérieur à côté du 61ème Fait Main, c’est la prolifération des Villages de Noël et autres expositions. Les artisans sont partout. Si bien qu’Emmanuel Lemagnen déclare : "dans La Réunion, il faut se calmer. Le trop tue le mieux. Nous devons garder les fondamentaux et harmoniser les dates d’expositions, sinon nous risquons de démobiliser les artisans comme le public".

Perspectives 2005

Au cours de cette année, pour renforcer son action, la Région a décidé de rajouter au budget des grosses opérations de promotions extérieures un budget acquisition. Un fond d’exposition d’objets de référence va être créé pour à la fois proposer une tendance du marché et servir de matériel didactique. Le président de la commission développement économique annonce l’ouverture dans six mois d’un haut lieu de l’Artisanat à Saint-Denis. Les deux tiers de l’ancienne gare routière seront consacrés à l’Artisanat d’Art, un projet de la ville de Saint-Denis soutenu par la Région. Un premier magasin d’insertion par l’économie permettra aux artisans de tester leurs produits, une deuxième section sera tenue par l’association Lacaze pour les artisans professionnels et une galerie d’art de haut niveau sera la vitrine de l’excellence réunionnaise.
Emmanuel Lemagnen ajoute qu’il est nécessaire d’amorcer une nouvelle étape dans la professionnalisation, en transformant le CFA des métiers d’art de l’Ouest en Institut régional des métiers d’arts (IRMA). Une première section doit voir le jour en 2006, elle recrutera ses apprentis parmi les jeunes en réussite issus de CFA, ainsi que d’autres sortant de formation plus générale. L’IRMA proposera des Formations complémentaires initiales locales, très pertinentes, axées sur les besoins du terrain. Cet institut sera adossé aux grandes écoles françaises, offrant ainsi aux artisans une équivalence nationale tout en travaillant davantage l’identité des produits réunionnais. Deux marchés sont en plein développement, celui des objets de souvenir et celui de la décoration intérieure.

Eiffel


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus