Révolte des travailleurs de l’usine Kléber à Toul

Michelin : 35% de hausse des bénéfices et plus de 800 emplois supprimés en France

19 février 2008, par Manuel Marchal

Des bénéfices record et des licenciements : ce n’est pas la première fois que cela se produit à Michelin. L’entreprise augmente ses profits en supprimant plus de 800 emplois en France et en en créant dans des pays où les salaires sont inférieurs en dollars. L’objectif est d’augmenter une rentabilité financière qui s’élève actuellement à plus de 12%. Aux côtés des délocalisations, une hausse de productivité de 30% en 5 ans est au programme.

Le groupe de pneumatiques français Michelin a réalisé 774 millions d’euros de bénéfices contre 572 millions d’euros en 2006. « L’entreprise va bien », a affirmé son président Michel Rollier en précisant que « ces chiffres marquaient une reprise de la croissance après deux années moroses ». Ces bons résultats vont, selon lui, permettre à Michelin « d’aborder l’année 2008 dans une situation saine et solide ».

Mais cette progression de plus de 35% des bénéfices signifie pour plus de 800 travailleurs la perte de leur emploi en France et d’une ligne de production en Espagne, avec 500 suppressions d’emplois à la clé. Déjà en 2006, Michelin avait fermé une usine employant 1.100 travailleurs au Canada.

La fermeture du site de Toul est une décision « inéluctable », selon le président de Michelin : l’usine coûtait trop cher. A l’annonce de la décision, les ouvriers se sont révoltés et ont retenu 3 cadres de l’entreprise qui ont été relâchés quand des négociations se sont ouvertes. Le directeur de Michelin ne craint pas de jeter de l’huile sur le feu en déclarant déplorer que « certains croient que la violence soit une manière de régler les problèmes ». Alors que c’est justement la violence du chômage qui a tout déclenché.

Cette stratégie de licencier dans des pays où les salaires sont relativement plus élevés (en dollars) qu’ailleurs n’est pas une nouveauté chez Michelin, et n’est pas propre à cette entreprise.

Tout le monde a encore en mémoire le coup de tonnerre qu’avait été en 1999 l’annonce d’une hausse des bénéfices de 17% et de la suppression de 7.500 emplois en Europe. Au lendemain de l’annonce des licenciements, l’action de Michelin gagnait plus de 12% à la Bourse !

À l’époque, le Premier ministre socialiste du gouvernement affirmait constater l’impuissance de l’Etat à empêcher de telles décisions.

Pourtant, en supprimant des emplois en France, Michelin oblige de fait l’Etat à indemniser les travailleurs de la perte de leur emploi. Un coût qui n’est pas supporté par Michelin et ses actionnaires, mais par la solidarité nationale.

Ces licenciements ne sont pas liés à une baisse de l’activité. Au contraire, Michelin veut gagner 30% de productivité au cours des 5 prochaines années.
L’implantation en Europe de l’Ouest est maintenue uniquement si elle permet des gains de productivité annuels importants. Force est de constater que ces gains de productivité ne se répercuteront pas dans les mêmes proportions sur les salaires des ouvriers ou en termes de créations d’emplois.

Par ailleurs, depuis bien longtemps, Michelin est un groupe présent sur tous les continents. La mondialisation croissante des échanges accentue cette tendance. Il prévoit par exemple d’embaucher aux Etats-Unis, un pays où Michelin est implanté depuis longtemps.

D’ici 2 ans, l’entreprise va doubler sa capacité de production pour les pneus poids lourds en construisant une nouvelle usine en Chine. Le groupe veut également investir 740 millions de dollars en faisant sortir de terre un nouveau site de production au Mexique. C’est l’illustration d’une nouvelle division du travail à l’échelle du monde au sein de laquelle les travailleurs de l’Occident sont poussés à réaliser des gains records de productivité, pendant que les profits s’envolent.

M. M.


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Messages

  • N’oublions pas que les 130 millions d’euros qui ont été provisionnés fin 2007 pour gérer la fermeture du site de Toul, sont déduit des bénéfices 2007 !

    Alors si TOUL ne fermait pas (ou si le provisionnement était fait sur 2008), ce serait 904 millions d’euros de bénéfices en 2007 !!!

    Pour une augmentation des bénéfices de 58 % !!!

    Voir en ligne : Quelques calculs financiers ...


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