Économie

Notre avenir vient aussi de la mer

21 septembre 2007

Favoriser l’exploitation durable du milieu marin réunionnais, est-ce vraiment possible ? Oui, répondent communément la Région Réunion, l’Etat français et l’Union Européenne. Réitérée par le Commissaire européen à la Pêche et aux Affaires maritimes, Joe Borg, cette volonté politique devrait favoriser le développement et l’emploi réunionnais.

La venue du Commissaire européen à la Pêche et aux Affaires maritimes Joe Borg marque le pas vers une meilleure organisation du secteur économique maritime local.
(photo BBJ)

Notre île est certes la Région ultrapériphérique (RUP) la plus éloignée de l’Union Européenne, soumise à des contraintes structurelles, dont son insularité. Pour autant, notre avenir doit se baser sur nos atouts, comme notre espace maritime. La Réunion dispose de la zone maritime la plus importante au monde avec quelque 3 millions de kilomètres carrés, dont une zone économique exclusive qui s’étend sur plus de 600.000 kilomètres carrés. Pourtant, la pêche locale semble ne pas profiter des opportunités d’une mer aussi poissonneuse. Comme le rappelait le Conseiller régional Raymond Lauret « en 2000, plus de 80% des prises effectuées dans les eaux de l’Océan Indien l’ont été par des navires non européens, les bateaux estampillés “Union Européenne” représentant 16%, notre île comptant pour 0,25% ». Voilà de quoi nous inquiéter en effet sur le devenir d’une filière que l’on décrit pourtant pleine d’avenir.
La venue du Commissaire Borg marque le pas vers une meilleure organisation du secteur économique maritime local, englobant le transport, la recherche, les énergies, la pêche, l’élevage, la construction navale et la réparation. « Lors de mon séjour, j’espère pouvoir visiter les différentes installations et structures qui concernent le secteur des pêches, et pouvoir entrer en contact et échanger avec les professionnels de la mer pour connaître leurs besoins, afin de mieux travailler ensemble à l’avenir, pour une meilleure prise en compte de leurs intérêts réunionnais », déclarait hier, dès son arrivée, Joe Borg.

Le siècle de la mer

Paul Vergès, Président de la Région Réunion, revenait sur l’importance de cette visite, suivie aujourd’hui par l’arrivée du Ministre français de l’Agriculture et de la Pêche, Michel Barnier. « Voir un commissaire de Bruxelles venir faire une visite dans la Région Ultrapériphérique la plus éloignée d’Europe par rapport à toutes les autres, c’est un privilège considérable. Deuxièmement, j’ai l’impression que quand vous voyez une photo de la planète, et qui s’appelle la Terre, pourquoi la Terre plutôt que la mer puisqu’elle recouvre 70% ? Et le siècle qui commence, avec les changements climatiques, avec les avancées technologiques, ce sera pour une grande part le siècle de la mer. Et sur ce plan, les chances de La Réunion, et l’importance de la visite du commissaire, sont sans comparaison. Les enjeux pour La Réunion, ce sont la pêche, les transports. Vous avez vu, l’Arctique dégèle aujourd’hui. Les conséquences pour nous vont être décisives », déclare-t-il. Et de poursuivre : « Parce que tout le trafic dans l’Océan Indien s’est fait en raison des voies maritimes. Ça passait par la route des Indes, puis quand il y a eu le Canal de Suez pour raccourcir la route, nous sommes devenus un terminus. C’est la même chose pour le Canal de Panama. Mais quand la route de Nord-Ouest, comme on dit, sera libre, cela fera 7.000 à 10.000 kilomètres d’économie d’itinéraire. Alors, que deviendra La Réunion, puisque même les groupes qui vont passer dans l’Océan Indien au Nord vont être détournés directement dans les échanges entre les terres émergées, qui sont majoritairement au Nord ? Le problème pour nous qui est décisif, c’est d’être intégrés dans un ensemble d’échanges entre l’Afrique Australe et le Sud-Est asiatique ». Les Réunionnais auraient tout à attendre des possibilités économiques du grand large. Pas de griefs entre La Réunion et L’Europe, juste de questions à soulever, rassure le Président Vergès.

Et le quota de pêche ?

La Région Réunion organise depuis hier un séminaire RUPMER pour débattre des questions maritimes, des régions périphériques, et plus particulièrement des RUP. Lors de son discours d’ouverture, Paul Vergès déclarait que « la surface maritime liée directement aux RUP représente 3 millions de kilomètres carrés, soit 2 fois plus que la surface maritime de l’Inde (qui est de 1,6 million de km2) et 3 fois plus que celle de la Chine (qui est de 900.000 de km2). Les Zones Economiques Exclusives des RUP équivalent à la superficie de la Méditerranée et de la Baltique réunies. C’est dire toutes les potentialités des RUP dans la politique maritime de l’Union Européenne. La valorisation de nos espaces maritimes doit prendre en compte tous les domaines : la gestion des ressources halieutiques, la pêche, l’énergie, les transports maritimes, la surveillance, la prévention des risques avec les changements climatiques etc... En s’appuyant et développant en particulier les moyens de la Recherche, les Régions Ultrapériphériques peuvent être, de par les caractéristiques de leurs territoires et la richesse de leur biodiversité marine, de véritables laboratoires du développement durable ». La Réunion saura-t-elle trouver sa place, voire même l’imposer ? Pourquoi pas ? En tout cas, toutes les parties, dont l’Etat qui a en charge la surveillance de nos eaux territoriales, s’accordent à dire que cette réunion réunissant des responsables de la zone, et des RUP européennes, est d’une haute importance. A son retour à Bruxelles, Joe Borg compte présenter les idées qui ont découlé de ce séminaire, cela devant le collège des commissaires. Ce sera le 10 octobre. Le Commissaire Borg annonçait qu’il se faisait défenseur des intérêts maritimes des RUP, mesurant tout l’impact des décisions européennes en matière de pêche. Il faudrait commencer par aider à l’augmentation du quota de pêche, ou encore à mettre en synergie les bonnes volontés, politiques, cela s’entend. Cela serait une excellente source d’emplois. Les Réunionnais, et notamment les travailleurs de la mer, n’attendent que cela. Cela ne fera pas de mal à l’emploi.

Bbj

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