Bilan 2004 de la CGPER

’Nou lé pa dé vash à lé...’

10 janvier 2005

L’année 2004 a été positive pour la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion. Dans un entretien hier avec la presse, Jean-Yves Minatchy, président de la CGPER, revenait sur les différentes batailles menées pour les agriculteurs réunionnais, qui refusent d’être pris pour des “vash a lé”.

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L’an dernier, la Confédération générale des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER) a été encore au cœur de toutes les batailles en faveur des agriculteurs réunionnais.
Jean-Yves Minatchy rappelle le travail effectué par son syndicat, notamment en faveur de l’irrigation des terres cultivables. Depuis 2000, les planteurs de Dassy et de Mahavel, à La Ravine des Cabris, se battent pour avoir de l’eau pour leur culture. Le dossier d’irrigation devrait trouver une issue favorable à la fin de l’année 2005.
Plus récemment, c’était devant les portes de la SAPHIR que les sympathisants de la CGPER manifestaient, en protestation contre l’augmentation du prix de l’eau sur leur exploitation.
Le syndicat a également soutenu les maraîchers de la Petite Île, qui s’étaient vus recevoir une lettre d’expropriation. La CGPER a dénoncé cette attaque contre l’emploi de Réunionnais, qui veulent travailler dignement, en interpellant les autorités de la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF), ainsi que la sous-préfecture de Saint-Pierre. Suite à cette action, le préfet devait se rendre sur le terrain pour qu’une solution soit trouvée de manière définitive. Pour l’heure, Jean-Yves Minatchy déplore l’absence de réponse concrète.
En fait, il s’avère que le syndicat reste très actif pour défendre les intérêts de la profession agricole, sans cesse assaillie par des attaques contraignantes. Le syndicat était bien évidemment attentif à la visite du ministre Hervé Gaymard, alors ministre de l’Agriculture, même si les principales préoccupations des planteurs restent entières.

Prendre en compte nos spécificités

Les producteurs canniers de La Réunion ont du souci à se faire. Le prix du sucre sera fixé selon les volontés européennes. L’Europe s’aligne sur les normes du marché mondial du sucre, même s’il faut mettre en péril le moyen de subsistance de plusieurs familles réunionnaises.
Jean-Yves Minatchy rappelle que 85% de la production durant l’année 2004 ont été réalisés par les petits et moyens planteurs, soit 1 million 630.000 tonnes de cannes livrées dans les deux usines de l’île. Il souhaite que l’Europe saura prendre des mesures adaptées aux spécificités des régions ultra-marines, et particulièrement La Réunion. Les planteurs réunionnais souffrent de l’éloignement et de la petitesse de leur exploitation. Bruxelles devra s’adapter à cela et mettre tous les moyens en place pour sauver la filière canne. "Ce n’est pas à nous de nous adapter à l’Europe. C’est plutôt à l’Europe de s’adapter aux réalités réunionnaises", expliquera-t-il.
Jean-Yves Minatchy souligne l’importance d’une parfaite attention des agriculteurs réunionnais. L’entrée du sucre des pays ACP et les moins avancés (PMA) sur le marché européen ne devrait pas aider les producteurs ultra-marins. Le président de la CGPER exhorte également à la vigilance quant à l’arrivée de pays supplémentaires sur la carte européenne, notamment vis-à-vis de ceux qui produisent du sucre. 2005 serait ainsi une année de grand changement, mais il reste pour le syndicat à relever des défis sur sa propre terre.

Contre une politique agricole politicienne

Le transfert de compétences en matière agricole, entre la Région et le Département, est un dossier que la CGPER dit suivre de très près. Jean-Yves Minatchy espère que le Département, maintenant chargé de soutenir ses agriculteurs, saura mener une politique agricole adaptée aux attentes des agriculteurs réunionnais. "Il ne faut pas mélanger la politique agricole et la politique politicienne", déclarera-t-il, et de poursuivre : "quand on voit le travail de la Région, qui a soutenu ses agriculteurs du mieux qu’il pouvait, on s’attend à ce que le Département ait une véritable politique agricole, sans mener une politique agricole politicienne".
Reste donc au Département de s’illustrer, en tenant ses promesses par exemple. Jean-Yves Minatchy déplore que, sous la présidence de Jean-Luc Poudroux, le Conseil général avait promis d’irriguer les agriculteurs se trouvant entre La Rivière Saint-Louis et les Avirons et que la chose ne s’est toujours pas faite, au grand dam des principaux concernés. Pourtant, des forages avaient été annoncés.
Le Département devrait également réaliser des forages dans le Nord. Nos agriculteurs nordistes ont besoin de l’eau. Mais c’est à se demander si une réalisation concrète sera effectuée sur le terrain.
Selon Jean-Yves Minatchy, si le Département résout le problème de l’irrigation, le quota exigé par l’Europe pourrait être atteint, ce qui sauverait inexorablement les planteurs. Il estime qu’avec 75% des terres irrigués, les 2 millions 500.000 demandés seraient livrables aux usines. "Il manque une volonté politique", regrette-t-il. "Nous voulons du concret, pour faire face aux défis qui nous attendent jusqu’en 2009".
Par ailleurs, il déplore l’absence d’engagement de l’État et du Département dans le dossier de la retraite complémentaire obligatoire. La Région s’est engagée quant à elle à hauteur de 25%, alors que les deux autres instances brillent par leur silence sur la question.
"Nou lé pa dé vash à lé, nou travay pou nouri nout fami", poursuit le porte-parole de la CGPER. L’État soutient bien plus facilement ses agriculteurs touchés par la canicule, que leurs homologues réunionnais victimes de catastrophes naturelles. Les éleveurs cafriplainois victimes de la neige en 2003 n’ont toujours pas été remboursés. "Il faut que le gouvernement prenne des mesures le plus rapidement possible", indique Jean-Yves Minatchy, qui assure que son syndicat restera aussi actif que dans les années passées.

Bbj


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