Une charte des maires et de la société civile pour un renouveau social

’Nous devons être plus fraternels’

14 août 2004

Il y a cinq ans, l’ensemble des élus de toutes les sensibilités politiques et les représentants de la société civile ont lancé un appel à la fraternité face au constat de la décomposition du lien social. Ce S.O.S., lancé comme une pétition pour un engagement citoyen, a obtenu les signatures de toutes les associations des Maires de France. Il a été présenté hier à la presse par des élus et par les représentants de la fédération des Jeunes chambres économiques.

La Charte municipale de la Fraternité n’a qu’une seule ambition : mobiliser et fédérer les acteurs autour de trois objectifs : la convivialité, la solidarité et la citoyenneté. Aujourd’hui ce S.O.S., décrété grande cause nationale 2004, a traversé les océans. Ainsi, les communes signataires s’engagent formellement à mettre en place des actions pour favoriser le renouement du lien social et renforcer la fraternité.
"C’est un pacte du cœur au nom du pacte social", selon Roland Robert qui retraçait hier pour la presse l’historique de cet appel républicain.
La commune de La Possession et la commune de Saint-Paul, seules signataires pour l’instant, ont déjà mis en place des journées d’animations et poursuivront en ce sens. La commune de Sainte-Marie devrait bientôt s’engager pareillement.
"Il y va de notre survie, nous devons reconstruire le vivre ensemble au-delà des différences", déclare Roland Robert au nom de l’Association des Maires de La Réunion, également signataire. Il s’agit donc de renforcer un état d’esprit, une attitude, pour une nouvelle citoyenneté, un renouveau du dialogue social, contre les discriminations et les préférences.
L’objectif est bien de créer des événements pour "initier la renaissance de la solidarité de proximité, renouer les liens entre générations et renforcer le sentiment d’appartenance à une même collectivité, pour apporter un supplément d’âme".

Un grand chantier

Le maire mahorais de Bouéni, Ali Hadhuri, également président de l’Association des communes de l’Outre-mer, est le premier élu de Mayotte à avoir signé cette charte. Il explique que "Mayotte est entrée dans une phase de bouleversement institutionnel qui n’est pas sans conséquences sur l’île et sur les Mahorais. Cette transformation totale du mode de vie apporte du positif, mais nous enlève une grande partie de notre âme. À La Réunion, vous signez pour revenir à la fraternité, nous on est en train d’en sortir". Et c’est cela que le maire veut empêcher.
Préoccupé par la préservation du lien entre les générations, il veut promouvoir ces principes sociaux. Il note un premier aspect économique "on ne peut pas être solidaire si nous sommes tous dépouillés. Il ne peut pas y avoir de convivialité si nous ne sommes pas dans une situation acceptable".
Aussi la commune de Bouéni a lancé un grand chantier pour promouvoir l’activité économique artisanale locale, traditionnelle et utilitaire, afin que les gens de Bouéni conservent leur dignité et pour éviter que le développement qui est en train de leur échapper, ne vienne les détruire. Cette première action, explique Ali Hadhuri, s’inscrit dans le cadre du développement touristique. Son séjour à La Réunion a été l’occasion pour lui de rencontrer les institutions réunionnaises en ce sens.
Ali Hadhuri fait noter que le fonds culturel mahorais, bien avant l’influence de l’islam et de l’occident, puise ses racines dans la culture africaine. De coutume, le lien social a toujours été très fort entre les générations. Avec l’arrivée de la République et le retard de l’arrivée de l’école, les anciens qui ne maîtrisent pas la langue française, ni son écriture, sont exclus d’un système dont ils étaient jadis le centre.

L’ensemble des communes invitées à s’engager

Le maire de Bouéni a donc mis en place un Conseil des Sages, pour aider de manière consultative à la direction de la cité et un Conseil des Jeunes, pour partager leur expérience. "A Mayotte, on vivait la République autrement, il est important d’assurer une bonne transition avec la nouvelle République" explique-t-il. Le nouvel Hôtel de Ville de Bouéni, qui sera inauguré officiellement à la mi-juillet 2005, comprend aussi une salle du peuple, pour que chacun puisse prendre part aux affaires de la cité.
La Fédération de l’océan Indien des Jeunes chambres économiques est partie prenante de ce défi social et humain. Elle invite l’ensemble des maires à signer la Charte et propose son aide pour la mise en place des animations.
"Nous devons être plus fraternels que nous le sommes aujourd’hui", déclare Rémi Labedan de la Jeune chambre économique de La Réunion. "La personne humaine est notre plus grande richesse". La fédération veut développer les rencontres entre les jeunes des différentes îles, pour que la fraternité dépasse toutes les frontières.

Eiffel


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