Sauvons les planteurs — 5 —

Nous sommes tous concernés

31 octobre 2011, par Manuel Marchal

Les précédents de la remise en cause de la situation des planteurs de banane et des pays liés à l’Europe par le Protocole sucre avertissent sur la menace réelle qui pèse sur la filière canne à La Réunion. Il ne reste que peu de temps pour convaincre que le sucre, ce n’est pas seulement une marchandise. C’est le sucre qui fait que la canne existe dans notre île, et cette filière concerne tous les Réunionnais.

Des planteurs, des travailleurs dans les usines, des chauffeurs de camion, des raffineries, des hangars de stockage, un terminal sucrier : la filière canne a des installations qui se répartissent dans toutes les communes. C’est dire la catastrophe qui pourrait se passer si la filière canne devait cesser son activité à La Réunion.
La filière canne, ce sont 15.000 emplois dont 4.000 livreurs, des planteurs devenus chefs d’entreprise et fournisseurs de la matière première des usines. Ces 15.000 emplois concernent toutes les parties du territoire de La Réunion, il n’est pas une commune qui peut dire qu’elle n’abrite pas un citoyen qui travaille dans la filière canne.
Or, lundi dernier lors d’une conférence de presse, Paul Vergès, Élie Hoarau, Maya Césari et Sylvie Mouniata ont tiré la sonnette d’alarme. Élie Hoarau a annoncé en effet que la Commission européenne propose de supprimer le quota sucrier alloué à La Réunion. Or, c’est autour de ce quota de 300.000 tonnes à prix garanti que s’organise aujourd’hui la filière canne.
Cette proposition de la Commission européenne découle d’un contexte, celui de l’ouverture des marchés. Pour les Européens, la mondialisation ultra-libérale est l’occasion d’aller vendre leurs produits sur de nouveaux marchés.

Comment nous faire entendre ?

Les grandes entreprises de l’Union européenne sont capables de vendre des avions, des trains et des lignes à grande vitesse ou des centrales nucléaires n’importe où dans le monde. Mais les acheteurs potentiels de cette technologie qu’ils ne maîtrisent pas encore veulent en contrepartie accéder au marché européen pour écouler leurs produits. C’est en effet en Europe que se situe encore le marché le plus solvable du monde, avec plusieurs centaines de millions de personnes ayant un pouvoir d’achat de pays développé.
Or, les produits exportés par ces pays émergents entrent en concurrence avec les filières traditionnelles des pays comme La Réunion.
Cela signifie qu’entre les intérêts de la filière canne de La Réunion et ceux de son industrie aéronautique, l’Union européenne fera le choix des emplois situés sur son continent. Tout simplement pour que les entreprises européennes puissent espérer rafler des marchés qui se chiffrent en centaines de millions d’euros.

Le rôle essentiel de la canne

Si le sucre réunionnais reste simplement considéré comme une marchandise, la filière canne est prise dans des discussions commerciales à l’échelle du monde où il est bien difficile de faire entendre les intérêts de 4.000 chefs d’entreprise vivant sur une petite île tropicale à quelques centaines de kilomètres de Madagascar.
Mais si les Réunionnais sont capables de dire au monde que la filière canne est quelque chose qui dépasse largement la simple vente de sucre en Europe, le message peut avoir une toute autre portée.
En effet, depuis deux siècles, la culture de la canne a fini par imprégner profondément notre société. Elle fait partie de notre culture, elle est aussi une des conditions de notre cohésion sociale, et elle est la plante qui protège la population de glissements de terrain meurtrier.
Tous les Réunionnais sont donc concernés par le maintien de la culture de la canne à La Réunion, et cette nécessité est conditionnée actuellement par l’existence d’un quota sucrier à prix garanti. Le message sera d’autant mieux reçu que si nous sommes 850.000 unis et rassemblés pour dire aux dirigeants européens que tout un pays luttera jusqu’au bout pour sauver ses planteurs.

M.M.

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