CGTR Ports et Docks

« Nous voulons un port dynamique et compétitif »

24 août 2012, par Céline Tabou

À l’occasion d’une conférence de presse, la CGT Ports et Docks de La Réunion a tenu à réagir aux déclarations de Théophane Narayanin, trésorier de la CCIR. Réunis au Foyer des dockers, tous les acteurs de la communauté portuaire ont également souhaité la mise en application de la réforme des ports d’outre-mer.

Par la voix de Michel Séraphine, secrétaire général de la CGTR Ports et Docks, tous les syndicalistes ont répondu à la « seule voix discordante » dans la gestion du port. En effet, Théophane Narayanin a déclaré à la presse, le 21 août 2012, que le « Port Réunion doit devenir plus compétitif, sous peine de se laisser distancer par Maurice qui traite deux fois plus de volumes ».
Le syndicat déclare donc ceci : « Nous affirmons que la CCIR gagne des bénéfices, les comptes ont toujours étaient excédentaires. D’ailleurs, Théophane Narayanin a lui-même affirmé que le Port représente 81% des bénéfices de la CCIR. Le port est la vache à lait de la CCIR ». D’autant que la chambre consulaire est concessionnaire du Port-Réunion jusqu’en 2018 et que les perspectives avec la réforme des ports d’outre-mer pourront offrir « un réel développement à notre économie ».

Un long chemin vers la réforme

« Au Port, nous avons été de toutes les batailles économique, politique et sociale, nous nous sommes également battus pour un outil portuaire, moteur du développement de l’économie de l’île. Dès les années 1980, nous avions négocié l’autonomie du port, mais suite au changement de politique de 1988, cela n’a pas été fait ». Avant 2004, deux catégories de ports outre-mer figuraient : les ports d’intérêt national (Guyane, Martinique et La Réunion) et les ports autonomes (Guadeloupe). Entre 2008 et 2009, deux missions ont été organisées à La Réunion pour aboutir à une réforme restreinte à la gouvernance et une définition des conditions et du cadre de la mise en place d’établissements publics pour fin 2011.
Le 22 février 2012, la réforme des ports d’outre-mer est adoptée, celle-ci institue le grand port maritime de La Réunion avec une entrée en vigueur le 1er juillet 2012. Mais avec le changement gouvernemental, le nouveau Conseil des ministres doit à nouveau acter le texte de loi. Toutefois, « Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, a adressé, le 12 juillet, un courrier à Ibrahim Patel, président de CCIR, afin de confirmer la création du grand port maritime de La Réunion. Le Premier ministre a d’ailleurs demandé au préfet et au préfigurateur (Stéphane Raison-NDLR) de tout mettre en œuvre pour que les engagements pris soient réalisés », a expliqué Michel Séraphine.
Le dossier actuel n’a plus « aucun obstacle technique ou administratif », d’autant plus que sur le plan social, « les instances représentatives du personnel ont été mises en place depuis septembre 2011, conformément aux dispositions légales ainsi que la convention collective nationale unifiée », qui comprend la pénibilité et la cessation anticipée d’activité.

Une nouvelle gouvernance

La difficulté principale pour développer le port est la « dualité de management entre l’État, autorité de tutelle, mais aussi gestionnaire des quais et des plans d’eau, et la CCIR, concessionnaire de l’outillage public et gestionnaire des superstructures ». En effet, en cas de litige entre les deux parties, les acteurs du port doivent attendre que « Paris prenne les décisions, ce qui retarde très souvent les projets ». Car aujourd’hui, les deux parties ne sont plus à même de répondre aux « exigences de performance et de réactivité dans les prises de positions stratégiques », comme pour construire un quai ou approfondir la darse, « il faut attendre des années ».
Face à la concurrence du port de Port-Louis, La Réunion tente de dynamiser son secteur et de développer ses capacités, mais « il y a un manque de volonté politique », a indiqué le syndicat. En effet, le dynamisme des échanges commerciaux dans la zone océan Indien, avec l’Asie et l’Afrique, fait apparaître une nouvelle route maritime. Port Réunion peut participer à ce développement, mais pour cela, il lui faut une nouvelle gouvernance. Celle-ci permettra une « unicité de commandement pour faire évoluer les missions du port et améliorer sa productivité ».

Pour le développement de La Réunion

En dépit de la forte attente de la part de la communauté portuaire, il persiste certaines incertitudes sur la date de création du grand port maritime de La Réunion. Cela ne permet pas de lancer des projets de développement. Toutefois, l’incertitude pèse sur la compétitivité du port, qui se voit concurrencer directement par Port-Louis, dont la capacité d’accueil est supérieure à celle de La Réunion. Il s’agit surtout d’une crainte vis-à-vis des fonds européens qui ne pourraient pas être alloués pour les grands travaux d’extension du terminal à conteneur et des quais du Port Est.
Michel Séraphine conclut en indiquant que « la réforme des ports outremer doit permettre de mieux répondre aux exigences de performance et de compétitivité qu’imposent l’évolution du commerce maritime international et la concurrence avec les ports étrangers. Elle doit aussi permettre de contribuer au développement de l’économie locale ».

Céline Tabou

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