Au Tribunal de Commerce

Où est le retour de la croissance ?

24 mars 2011

Une note de l’IEDOM annonce un retour de l’économie réunionnaise sur le chemin de la croissance. Voici ci-après deux informations qui vont totalement à l’encontre de cette thèse. Elles annoncent de nouveaux licenciements qui confirment la tendance à l’aggravation de la situation.

Le développement de l’Internet à très haut débit ne sera pas stoppé à La Réunion

Océinde reprend Zeop

Le Tribunal de Commerce a validé hier le rachat par le groupe Océinde, dirigé par Abdéali Goulamaly, de la société Intercable Réunion, propriétaire du fournisseur d’accès à internet Zeop. Montant de la transaction, 2,2 millions d’euros. Cette cession se fait non sans dommages collatéraux, puisque le nouveau dirigeant a annoncé le licenciement de 24 salariés en Contrat à durée indéterminée et le non-renouvellement de « quelques CDD ». Il gardera donc 56 salariés. « Nous nous engageons à embaucher de nouveau les salariés licenciés dès que l’entreprise ira mieux », indique Abdéali Goulamaly.

Cette vente va aussi s’accompagner d’une réorganisation à la tête de l’entreprise. « Une nouvelle Direction va être nommée », annonce Abdéali Goulamaly. Concernant les conséquences de cette cession sur les 4.000 abonnés de l’entreprise, « il n’y aura pas de changement au niveau du coût de l’abonnement », tient à rassurer le nouveau propriétaire du fournisseur d’accès à l’internet. L’entreprise va par ailleurs changer son fusil d’épaule, ciblant principalement une clientèle de professionnels.
Avec cette vente, le groupe Océinde est donc l’actionnaire majoritaire d’Intercable Réunion avec 80% des parts. La Mauritius Commercial Bank, jusque-là actionnaire majoritaire, ne garde quant à elle que 20% des parts. Ce qui ne l’empêchera pas d’investir « immédiatement » autant que le groupe Océinde. En effet, les deux partenaires vont injecter 10 millions d’euros pour recapitaliser la société. S’ajouteront par la suite 30 millions d’euros d’investissement, soit un total de 75 millions d’euros investis depuis l’installation du FAI sur l’île.
Ces investissements vont permettre de poursuivre l’installation du réseau fibre optique sur l’île. « Une étude de marché sur les opportunités d’investissements va être lancée », indique Marc Lagesse de la Mauritius Commercial Bank. « Le développement de cette technologie reste notre priorité », insiste Abdéali Goulamaly. Saint-Denis devrait être la prochaine zone où le « très haut débit » devrait être installé.

Une histoire mouvementée

Le montant du passif de Zeop était estimé à près de 25 millions d’euros. « Cette cession ne permettra pas de payer tous les passifs, mais va régler les créances prioritaires », indique Jean-Jacques Morel, avocat du groupe Océinde.
Rappelons que l’histoire de Zeop à La Réunion est une succession de difficultés. Lors de sa première année d’activité sur l’île, en 2008, Intercable Réunion enregistre 33.210 dollars de revenus et une perte nette de 2,2 millions de dollars pour les neuf premiers mois de son année financière qui avait pris fin en septembre 2008.
La société doit donc trouver des financements d’urgence pour assurer son exploitation à court terme et respecter ses obligations financières. Elle se tourne alors vers la Mauritius Commercial Bank, actionnaire de la société principale, Intercable ICH, qui se trouve au Canada. L’établissement bancaire accepte de débloquer 4,5 millions d’euros de prêts entre août 2008 et mars 2009 à Intercable ICH qui réinjectera ces sommes dans Intercable Réunion.
Néanmoins, ces financements ne sont pas suffisants si Intercable veut poursuivre l’installation de son réseau de fibres optiques. Elle entame alors des pourparlers avec des investisseurs potentiels et parvient à obtenir des financements « à très court terme ». Elle obtient notamment en avril 2009 une facilité de crédit de 13 millions d’euros des banques Absa Bank et The Mauritius Commercial Bank. Mais la situation de la société spécialisée dans les nouvelles technologies reste critique. Les résultats définitifs de son année financière 2008 font état de 53.387 dollars de revenus et de 9 millions de dollars de perte nette.

Litige avec l’ancien monopole

Les 6 premiers mois de l’année 2009 ne permettront pas à Intercable Réunion de sortir de la zone rouge. L’entreprise comptabilise des revenus de 429.437 dollars et une perte nette de 4,8 millions de dollars alors que la Mauritius Commercial Bank a accordé un prêt-relais de 20,8 millions d’euros. Parallèlement, un litige juridique oppose Zeop à Orange Réunion. Ce qui freinera le développement des infrastructures d’Intercable pour l’année 2009. Conséquence, l’année financière 2009 se termine avec 1,6 million de dollars de revenus et 9,3 millions de dollars de perte nette.
Intercable Africa doit encore chercher des financements pour la filiale réunionnaise. La société obtient 2 millions d’euros en financement intérimaire. Mais elle ne parvient pas à conclure un financement additionnel avec ses créanciers, Absa Bank et The Mauritius Commercial Bank, ni à obtenir un délai supplémentaire pour le remboursement de ses prêts relais en cours. En conséquence, ses facilités de crédit sont devenues remboursables le 31 juillet 2010, ce qui a obligé Intercable ICH à placer l’entreprise locale « dans un processus d’administration judiciaire pouvant arriver à une liquidation ». Depuis, 30 postes ont été supprimés par la Direction. S’ajouteront les 24 salariés qui seront licenciés à l’issue de cette cession, une fois le plan de licenciement validé.

Luttes pour l’emploi

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