La rubrique économique

Panorama de l’économie de l’île de La Réunion

27 octobre 2005, par Risham Badroudine

L’économie réunionnaise est caractérisée par un taux de croissance relativement élevé. En effet, le taux de croissance annuel moyen a été de 5% sur les trente dernières années. L’économie réunionnaise a connu une transition entre une économie traditionnelle agricole et une économie tertiaire.

Mais ce taux de croissance économique cache cependant le retard de l’économie. Concernant le PIB (Produit intérieur brut), il atteint actuellement environ 12.600 euros/par hab. Il se situe bien en dessous du PIB/hab métropolitain. En effet, celui-ci est 52% supérieur à notre PIB. Avec un PIB par habitant inférieur à la Métropole, un coût de la vie supérieur et un taux d’inflation (calculé à partir de l’indice des prix à la consommation) aussi supérieur à la Métropole (2.7% contre 2.1%), notre pouvoir d’achat reste donc bien inférieur au pouvoir d’achat métropolitain. En 2004, la plus grosse hausse des prix a concerné les produits frais (+13.4%) et plus particulièrement les légumes (+22.6%).

Paradoxe aussi de cette croissance, le département a aussi le taux de chômage le plus élevé du territoire français soit environ 35% de la population active. (En 2004, on dénombrait 102.478 chômeurs).
Ce taux de chômage important s’explique par plusieurs facteurs :

- Faiblesse relative de la création d’emploi par rapport à la croissance rapide de la population en âge de travailler. Chaque année plus de 7.000 personnes arrivent sur le marché du travail alors que l’économie ne crée qu’environ 3.000 emplois selon les années. Donc près de 4.000 personnes restent sans emploi.

- La faiblesse relative du contenu en emploi de la croissance. Elle s’explique par le progrès de la productivité. (Le taux de productivité à La Réunion est de 2.8% par an alors qu’en Métropole il est de 1.8% par an).

La Réunion est passée d’une économie où le secteur primaire prédominait à une économie tertiaire dominée aujourd’hui par les services (3/4 de la richesse produite).

En termes de richesse créée :
Il faut savoir que 84% de la valeur ajoutée ( Valeur Ajoutée marchande + non marchande) créée provient des services contre 75% en Métropole. Le secteur secondaire et primaire représentent respectivement 14% et 2%.

Le taux d’allocataire du RMI a quant à lui progressé de 7,7% en 2004 (il y avait en 2004 : 76.276 allocataires du RMI soit 25% de la population active). 30% des allocataires bénéficiaires de prestations familiales n’ont aucune autres ressources autre que ces prestations ce qui représente prés de 145.000 personnes percevant donc un minimum social. La population concernée de façon directe ou indirecte par les minima sociaux à La Réunion, c’est-à-dire les allocataires et leurs familles, est évaluée à plus de 220.000 personnes ce qui représente prés de un Réunionnais sur trois (de l’ordre de 30% de la population) alors que ce taux s’établit entre 8 à 10% en Métropole.

Le nombre d’allocataires et prestations versés par les ASSEDIC représentait 50.690 personnes en 2004 soit 16.5% de la population active.
D’où le taux d’emploi à La Réunion ne représente que 39.8% (Taux d’emploi = rapport entre le nombre d’actifs occupés et la population en âge de travailler). Ce taux d’emploi est en diminution depuis 2002 puisqu’il représentait 41.8% en 2002, 40.3% en 2003 et 39.8% en 2004.

À propos du taux d’illettrisme, il avoisine les 20% de la population. Parmi les allocataires du RMI (qui représente 76.276 personnes en 2004) prés de 30% sont touchés par l’illettrisme.
L’espérance de vie à la naissance reste aussi moins élevée qu’en Métropole : 79.9 ans pour les femmes et 71.4 ans pour les hommes en 2004 contre respectivement 82.9 ans et 75.9 ans.

Pour ce qui est du commerce extérieur réunionnais, on constate que le déficit de la balance commerciale réunionnaise représente 3 milliard 292 millions d’euros.
La situation du commerce extérieur réunionnais évolue de façon très inquiétante sur le long terme. En effet, si l’on s’attache au déficit de la balance commerciale, on constate qu’il présente une détérioration forte et constante. Ce déficit extérieur correspond bien à un manque à gagner en matière de production locale et par conséquent d’emplois. En effet, plus d’exportations et moins d’importations, à dépense locale identique, conduiraient à une activité productive plus importante et donc à un niveau d’emploi sans doute plus favorable.
Par comparaison avec les autres DOM, le taux de couverture (exportation/importation) sur les cinq dernières années est le plus faible à La Réunion (8%) alors qu’on connaissait la situation la plus favorable en 1970.

Cette analyse peut nous amener à distinguer la notion de taux de croissance économique à celle d’Indice de Développement Humain (IDH) introduit par l’économiste indien Amartya Sen (Prix Nobel d’économie 1998) qui combine plusieurs éléments dont l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le revenu réel par habitant ajusté en parité de pouvoir d’achat. Cet indicateur ne se concentre pas exclusivement sur l’opulence économique (contrairement au taux de croissance du PIB). Dans les limites de ces composantes, l’IDH a permis d’aller au-delà de la mesure monétaire dans l’évaluation des processus de développement.

Risham Badroudine


En bref

o Baisse de la consommation
La consommation des ménages français en produits manufacturés a reculé de 0,6% en septembre après des hausses de 1,2% et de 1,5% en juillet et en août respectivement, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières et des jours ouvrables publiés par l’Insee.
Les économistes interrogés par Reuters s’attendaient en moyenne à une baisse de 1,0% en septembre.
L’Institut national de la statistique (Insee) a confirmé à +1,2% la progression de la consommation en produits manufacturés en juillet mais a revu en baisse à +1,5% celle du mois d’août (contre +1,9% en première estimation).

o Un nouvel indice de révision des loyers prévu pour juillet 2006
Un nouvel indice de révision des loyers sera mis en place au 1er juillet 2006 et sera fondé à 60% sur les prix à la consommation, ce qui permettra de ralentir son évolution d’un point en moyenne par rapport à l’indice actuel, selon le ministre du Logement Jean-Louis Borloo.
Les 40% restants seront constitués à parts égales par l’indice du coût de la construction et par l’indice des prix d’entretien et d’amélioration de l’habitat.
Selon des simulations réalisées par Bercy, le nouvel indice se serait inscrit en hausse de 2,8% au deuxième trimestre 2005, contre 3,63% pour l’actuel.
Hormis un trimestre, l’indice du coût de la construction s’est régulièrement inscrit en hausse d’au moins 2,5% depuis 2002. Il a fait un bond de 4,83% au premier trimestre 2005, après 4,58% et 4,81% aux deux derniers trimestres de 2004.
Alors que les montants des loyers flambent, les allocations d’aide au logement ont stagné depuis deux ans, au grand dam des associations humanitaires et de consommateurs.

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