Le Parti communiste réunionnais et la visite d’Emmanuel Macron

PCR demande que l’État accompagne un projet réunionnais de responsabilisation

21 octobre 2019, par Manuel Marchal

Aux côtés d’Yvan Dejean, secrétaire général, Maurice Gironcel et Julie Pontalba ont tenu hier une conférence de presse pour donner la position du PCR sur la visite du président de la République cette semaine. Cette visite est l’occasion de défendre l’idée d’un projet réunionnais de développement et de revendiquer l’accompagnement du gouvernement dans la mise en œuvre par les Réunionnais de propositions réunionnaises pour sortir de la crise.

Maurice Gironcel, Julie Pontalba et Yvan Dejean, secrétaire général du PCR.

Maurice Gironcel rappelle tout d’abord le contexte de la visite d’Emmanuel Macron du 23 au 25 octobre prochains à La Réunion. Ce sont les indicateurs sociaux alarmants avec plus de 40 % de la population sous le seuil de pauvreté, un taux de chômage proche de 30 %, un manque de logements sociaux et toujours plus de 110.000 illettrés. Cette urgence sociale est accentuée par des événements conjoncturels. Maurice Gironcel est notamment revenu sur la question du projet de deux trams portés par deux collectivités (Région et CINOR) sur le même territoire (ville de Saint-Denis).

La visite d’Emmanuel Macron n’est pas l’occasion de transmettre une liste au Père Noël, précise le responsable communiste. Le PCR s’inscrit dans une autre démarche, celle de défendre des propositions. Ce point de vue n’est pas isolé, c’est aussi celui de Martine Nourry, une Gilet Jaune. La visite du président de la République, c’est l’occasion de présenter un projet réunionnais.

Maurice Gironcel avait participé en février dernier aux Assises de l’Outre-mer à l’Elysée. Il avait notamment mis en évidence le mot d’ordre de responsabilité, sa traduction dans une assemblée dotée de larges compétences, ainsi que d’autres propositions du PCR. Dans sa réponse, le chef de l’État avait abordé les questions de la vie chère, des collectivités, « tout cela mis bout à bout va dans le sens du groupe de travail que vous évoquez pour un projet réunionnais », avait précisé Emmanuel Macron. Le président avait dit « on y va », alors la balle est dans le camp du président de la République durant sa visite à La Réunion cette semaine.

« Ce système ne profite pas aux Réunionnais »

Yvan Dejean, secrétaire général du PCR rappelle que le chef de l’État ne vient pas distribuer des cadeaux à Mayotte et à La Réunion. « Le saupoudrage ne règlera en rien notre situation », poursuit-il, rappelant l’origine de la crise : « dans quel système vivons nous ? C’est la conséquence d’un colonialisme qui a perduré pendant plus de 300 ans entre le début du peuplement de l’île et 1946 ». Depuis 73 ans, La Réunion est « dans un système, le néocolonialisme. C’est un système économique ». Il se définit notamment par le fait que nous restons une économie de comptoir. Nos échanges se font à 10 000 kilomètres. Les fonds publics transférés sont recyclés en bénéfices privés dans des structures monopolistiques, qui retournent dans les maisons mères en dehors de La Réunion.

Conséquence : « les Réunionnais achètent le travail des autres et subissent le chômage, la précarité et le coût de la vie ». « Ce système ne profite pas aux Réunionnais », souligne le secrétaire général du PCR qui rappelle l’efficacité toute relative des lois qui se sont succédé. « Défiscalisation, LOOM, LOPOM, Egalité réelle, si elles ont amélioré à la marge, n’ont pas réglé les problèmes de fond ». En effet, poursuit-il, « si la loi de 1946 abolissant le statut colonial a permis d’avoir des avancées considérables, ce cadre a atteint ses limites. Face aux nouveaux défis que La Réunion affrontent, il n’est plus adapté ».

Franchir une nouvelle étape

Le PCR considère qu’il faut franchir une nouvelle étape. « Après l’ère de la liberté en 1848, l’ère de l’égalité ouverte en 1946, le moment est venu d’ouvrir l’ère de la responsabilité : que les Réunionnais maîtrisent eux-mêmes leur destin dans la République », précise Yvan Dejean. Le PCR demande aux Réunionnais de se rassembler pour construire un projet, et que le président de la République accompagne ce projet de responsabilisation.
Le PCR rappelle que la politique sociale du gouvernement n’obtient pas l’adhésion de la population : « cela s’est exprimé au travers du mouvement des gilets jaunes, et qui s’exprimera jeudi dans la grève générale appelée par l’Intersyndicale, sur des revendications soutenues par le PCR ».

« Le Premier ministre a annoncé une loi dite 3D : différenciation, déconcentration, décentralisation renforcée. Cela concerne La Réunion. Nous sommes tous face à nos responsabilités, tous au pied du mur », affirme le secrétaire général du PCR.
Le PCR lance un appel pour co-construire un projet partagé avec toutes les bonnes volontés car les solutions ne peuvent venir que de nous-mêmes.
Julie Pontalba rappelle que la campagne des municipales se déroulera au moment de la fin du régime dérogatoire de l’octroi de mer. A nous de nous unir pour trouver des solutions.
En conclusion, Maurice Gironcel rappelle l’importance d’un projet global et cohérent, faute de quoi, c’est la porte ouverte à des mesures inadaptées.

M.M.

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Messages

  • Créer une Région de l’océan indien qui comptera trois départements , deux dans l’île de la Réunion dont l’un incluant les îles kerguelen et les terres australes et un au troisième englobant Mayotte et les îles françaises du détroit de Mozambique et l’île Tromlin est un peu différent de ce qui était proposé dans les années 1980 .

    Comme les collectivités territoriales fonctionnent maintenant un peu comme des entreprises ; la concurrence qui existerait entres les trois départements pourraient être bénéfique à l’ensemble et la répartitions des compétences entre la Région les départements et le communes et leurs établissement intercommunaux permettrait de gérer les affaires publiques avec plus de transparence .

    cette nouvelle configuration permettra de créer de nouveaux emplois et serait peut plus mobilisatrice sur la plan politique et justifierait une évolution institutionnelle plus autonome et plus responsable vis à vis des pays de la zone mais aussi des autres régions du monde sans que l’on puisse craindre une dérive indépendantiste .


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