L’enseigne Leclerc à La Réunion

Pour le pouvoir d’achat des réunionnais, pour l’emploi Saint-Leusien

13 septembre 2008

Michel Edouard Leclerc était attendu hier à Saint-Leu. L’ouverture d’un gigantesque centre commercial Leclerc à la ZAC Portail leur permet d’espérer une vraie stabilité de l’emploi, et un meilleur développement pour leur ville. Les réalisations risquent de dépasser leur espérance. Pari lancé par Thierry Robert.

Après une présentation de son conseil municipal, Thierry Robert, maire et conseiller général de Saint-Leu, en vient vite au fait. Le pouvoir d’achat est calamiteux, contraignant bon nombre de familles réunionnaises. Au vu du taux de chômage qui touche la commune, soit près de 55%, il importe que l’enseigne Leclerc privilégie l’emploi local, prioritairement saint-leusien. Il compte également sur une entreprise soucieuse de la vie associative sur Saint-Leu. Michel Edouard Leclerc assure que son enseigne n’est pas dépersonnalisée, qu’il tient compte des forces vives en présence, et des produits du terroir réunionnais. La venue des magasins Leclerc correspond, selon lui, à une dynamique commerciale au profit des consommateurs.

Rendre la consommation attractive implique une culture de la concurrence. Lorsque les prix sont bas, les gens achètent, et cela profite à tout le monde, Michel Edouard Leclerc notant au passage qu’il y a de la place à La Réunion pour une nouvelle enseigne. Les autres grandes surfaces peuvent s’inquiéter de l’arrivée providentielle des magasins Leclerc. Après Leader Price, prince des petits prix, certains disent déjà que l’ambassadeur de la concurrence, c’est Leclerc. C’est un peu le ton de la rencontre entre le PDG du groupe et le maire et conseiller général de Saint-Leu, à la mairie du quartier Trois Lettres.

Les perspectives d’emploi sont nombreuses. Le futur hypermarché Leclerc de la ZAC Portail embauchera 250 personnes, cela uniquement pour sa partie "grande surface". Le projet de CBO Territoria, qui est concepteur et propriétaire des installations, intègre en effet des locaux à vocations, industrielle, artisanale, ou relevant du tertiaire. C’est en effet un pôle diversifié, qui proposera de l’activité commerciale, accueillera des petites et moyennes entreprises, un pôle logistique, une station-service, un centre de formation, un pôle de la DDE et surtout un potentiel de 5000 mètres carré pour du logement que l’on espère social.

Bref ! 80.000 mètres carré de surfaces hors œuvres net (SHON) à vocation socio-économique. C’est un moteur de création de valeur, et donc une niche d’emploi qui verra le jour sur la ZAC Portail.

Priorité aux commerçants saint-leusiens

Après la première rencontre à la mairie de Saint-Leu, une forte délégation file sur le site où s’implantera l’éco-parc d’activités du Portail. Les bâtiments sont imaginés en phase avec l’environnement, producteurs d’énergie solaire, sur un site arboré d’espèces endémiques, situés aux abords de la Route des Tamarins. Pour l’heure, les gros engins s’activent au terrassement.

Il faudra encore attendre pour que l’hypermarché soit ouvert aux consommateurs. C’est dans le premier semestre 2010 qu’il sera livré, avec près de 4500 mètres carré pour le centre commercial, et 3000 mètres carré de réserve. Le site accueillera aussi une galerie commerciale de 2000 mètres carré. Cette galerie pourrait faire l’affaire des commerçants saint-leusiens.

La précommercialisation des boutiques de la galerie n’est pas faite. « Le projet n’est encore qu’au stade de la conception » prévient Pascal Thiaw-Kine, patron des Leader Price. Et il précise que ce projet a été mené, et se mènera encore, dans le principe de la concertation. Thierry Robert veut que les craintes se dissipent. La priorité est donnée aux commerçants de Saint-Leu. Le centre-ville gardera ses boutiques, mais l’activité économique ne se limite pas à l’axe principal.

« La ZAC du Portail n’est pas un élément négatif pour Saint-Leu, c’est plutôt un moteur économique pour notre ville » déclare-t-il, relevant que c’est un formidable moyen de donner une nouvelle dimension à la ville de Saint-Leu, qui profite du désenclavement offert par la Route des Tamarins. Saint-Leu risque fort de changer de visage avec le Mouvement Leclerc.

Le pouvoir d’achat et l’emploi

Si la population saint-leusienne attend plus de pouvoir d’achat avec l’arrivée de Leclerc sur leur commune, elle espère avec autant d’empressement l’emploi qui va avec. Michel Edouard Leclerc avait vite répondu favorablement aux conditions de Thierry Robert. L’emploi est assuré. Toutes les anciens Leader price et Champions prenant l’enseigne Leclerc garderont leur personnel.

C’est une garantie qui rassure. Pour ce qui concerne Saint-Leu, jusqu’en 2010, tous les partenaires de ce projet d’envergure s’entendent sur l’embauche des saint-leusiens et la formation effective des jeunes réunionnais à la recherche d’un emploi stable. « Ils ne seront pas seulement chargés d’approvisionner les rayons, ils seront formés pour intégrer l’équipe d’encadrement. S’il faut les envoyer en France, nous le ferons » insiste Thierry Robert.

Pascal Thiaw-Kine précise que son entreprise dispose de sa propre école de formation, et qu’il privilégie la mobilité pour contribuer à l’enrichissement personnel de ses salariés.

Dans la rue, les gens sont encore dubitatifs. « Moin mi travay pa. Mèm pa balié devan la porte mésié Leclerc, mi fé. E si fo aprann, à 40 an, mi pé aprann. Soman, eske banna va prann amoin. Mi panss bann jèn nora plis la shanss rantré ke moin » déclare un demandeur d’emploi saint-leusien. Une mère de famille se disait satisfaite de l’arrivée de l’enseigne, mais se demande si les emplois ne seront pas « volés » par les gens des environs. « Parfoi, kan nana in post, sé bann demoun Sinpièr i pran, ou bien Sinjil, ou bien demoun an Franss. Là, mi espèr demoun va antann kosa la di le mèr, sé po bann sinlézien. Isi, le shomaz i tap for kom solèy » explique-t-elle.

Bbj

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